« Il n’est pas question de groupe terroriste ou de complot d’attentat » : le procès contre les Preppers s’ouvre sans Yannick Verdyck, décédé lors d’une perquisition à domicile

Un an après la descente de police à Merksem, qui a coûté la vie à Yannick Verdyck, trois préparateurs – qui se préparent à d’éventuelles catastrophes – sont jugés dans le cadre d’un procès pour terrorisme à Anvers. Ils sont poursuivis, entre autres, pour préparation d’attentat terroriste.

Bruno Struys et Éline Bergmans

L’année dernière, le mercredi 28 septembre, la police a perquisitionné une adresse à Merksem. Peu après 5 heures du matin, des voisins ont entendu des policiers crier « ta gueule ». Puis des coups de feu ont retenti. Yannick Verdyck (36 ans) est décédé sur le coup.

Ce matin-là, des perquisitions ont également eu lieu à Anvers, Zandvliet, Deurne, Kasterlee, Gand et Peer. La police a découvert de grandes quantités d’armes et de munitions. Selon Gazette d’Anvers ils ont trouvé une mitrailleuse sur un trépied dans le hangar du domicile parental de Verdyck, assemblé par Verdyck et Igor G., un Belge de 35 ans d’origine biélorusse.

A Kasterlee, ils ont trouvé des caisses de munitions dans le chalet de Marc D. (49 ans), totalisant 8.800 balles pour une Kalachnikov AK47. Le chalet était leur « lieu de fuite », l’endroit où un préparateur devait pouvoir se retirer en cas d’urgence, à tout moment. SHTF autrement dit la merde frappe le ventilateur. Il y avait aussi une énorme quantité de nourriture, une ration de survie.

Armes

Les enquêteurs ont également découvert de grandes quantités d’armes et de munitions ailleurs, notamment au domicile de Paul O, Anversois de 74 ans. Les trois hommes sont actuellement jugés à Anvers pour participation à un groupe terroriste, préparation d’un attentat terroriste et violation de la loi sur les armes dans un contexte terroriste. Leurs avocats contesteront cela devant les tribunaux.

« Il n’est pas question de groupe terroriste ou de planification d’un attentat », déclare Stéphanie Verbiest, qui agit pour le compte d’Igor G. « Cela doit être vu dans l’état d’esprit des préparateurs. » Les Preppers se préparent à une catastrophe, telle qu’une catastrophe naturelle, l’effondrement du système économique, une guerre civile ou une combinaison des deux.

« Une fois cette machine logistique à l’arrêt, tout s’effondre comme un château de cartes », écrit Yannick Verdyck dans un manifeste. « Alors nous sommes littéralement dans un seul Mort ambulantscénario, où les affamés errent à travers les champs comme des zombies hébétés et stupides.

Pour le ministère public, il est évident qu’il s’agit d’une affaire terroriste. L’enquête avait débuté plusieurs mois avant les perquisitions suite à des informations de la Sûreté de l’Etat. Yannick Verdyck et Igor G. figuraient déjà sur la liste OCAD, la base de données commune de l’organisme d’analyse des menaces.

Groupe néo-nazi

Igor G. en particulier, libéré de détention provisoire en décembre mais toujours sous surveillance électronique, était connu pour ses sympathies d’extrême droite. Il a un jour fait le tour d’Alternative Solidariste Nationale, le groupe néo-nazi autour d’Eddy Hermy.

Igor G. sera le seul à répondre devant la justice pour incitation à la discrimination et pour avoir approuvé la Shoah. Cela pourrait concerner certains messages dans les groupes de discussion, mais par ailleurs, plusieurs témoins ont raconté lors de leurs interrogatoires comment Igor G. et Yannick Verdyck ont ​​fait un salut nazi en entrant dans le club de tir.

Le procès doit montrer à quel point les projets terroristes étaient concrets et aigus. Selon les informations de Le matin la perquisition a dû avoir lieu en septembre de l’année dernière car Igor G. était sur le point de déménager dans l’immeuble où vivait Yannick Verdyck. Les écoutes téléphoniques cesseraient alors, tout comme la vue d’ensemble de leurs activités. Outre les trois préparateurs, deux membres du club de tir sont également jugés à Anvers pour des violations mineures de la loi sur les armes.

Tournage

Un an après la mort de Yannick Verdyck, une commémoration fin septembre dans l’église Smarten de Merksem a montré de lui une image qui ne correspond pas à celle d’un terroriste d’extrême droite.

« Les gens qui vous connaissaient vraiment savaient que ce n’était pas bien », a déclaré sa sœur. « Vous aimiez votre métier de marchand d’or. Vous étiez amoureux et vous vouliez fonder une famille. Tu étais la toute dernière personne à vouloir risquer tout ça.

Sa famille et ses amis le décrivent comme un esprit critique, très sensé, mais aussi sociable et soucieux du monde et de sa famille. « Même si ce n’est pas du tout punissable, la préparation nous a surpris et l’intérêt pour les armes n’était pas exactement une tradition familiale », a expliqué son cousin, avec qui il entretenait un lien particulier. « Mais comme vous, j’ai toujours aimé que notre famille soit un lieu où les idées – aussi différentes soient-elles – pouvaient se rencontrer et être remises en question. »

Défense juridique

Selon le parquet d’Anvers, l’enquête sur les actions de la police à Merksem au cours desquelles Yannick Verdyck est décédé est close et attend une décision définitive. La question cruciale est de savoir qui a tiré en premier. Selon les officiers, ils ont essuyé des tirs et ont riposté en guise de défense légale.

Le mois dernier, la famille a eu accès à ce dossier pour la première fois. Selon John Maes, qui est le proche survivant de Yannick Verdyck assiste, l’enquête a été menée de manière très approfondie et est complètement distincte de l’enquête sur le terrorisme qui fait l’objet du procès de mercredi. « La raison pour laquelle l’enquête sur la mort de Yannick dure si longtemps est due au fait que des expertises très approfondies ont eu lieu », explique l’avocat.



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