MISE À JOURLa décision de Charles Michel de prendre sa retraite prématurément de son poste de « président européen » n’est pas appréciée. Au contraire. Les politologues et collègues politiques européens critiquent son « manquement au devoir ». « C’est non seulement égoïste, mais aussi irresponsable. »
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Le mandat de Michel en tant que président du Conseil européen court en principe jusqu’à fin novembre. Mais s’il prête serment en tant que député au Parlement européen après les élections, il lui faudra un successeur à partir de juillet. Il doit démissionner plus tôt, car les deux emplois ne peuvent pas être cumulés. Le successeur menace d’être le Premier ministre hongrois anti-européen Viktor Orbán. C’est ce que suggèrent des médias internationaux tels que Politique et le Temps Financier.
La Hongrie assure actuellement la présidence de l’UE. Mais bien sûr, c’est la dernière chose que l’on souhaite. Il appartient désormais aux chefs d’État et de gouvernement de trouver un successeur dans les prochains mois. « Le signal qu’il donne maintenant est que ses intérêts personnels priment sur les intérêts des institutions européennes », a réagi dimanche le professeur Steven Van Hecke, expert de l’Europe à la KU Leuven, dans l’émission ‘De morgen’ de Radio 1. faites-le clairement avec sa carrière personnelle. En fait, je trouve cela très triste.
Sur les réseaux sociaux, d’autres politologues et collègues politiques sont également mécontents de son « manquement au devoir ». Alberto Alemanno, professeur de droit européen à Paris et Bruges, est cinglant envers Michel. «Sa décision de démissionner prématurément de son poste de président du Conseil de l’UE pour poursuivre sa propre carrière politique en tant que député au Parlement européen est non seulement égoïste, mais aussi irresponsable. Cela ouvre la voie à Viktor Orbán, qui assumera la présidence tournante de l’UE.»
Le secrétaire d’Etat PS Thomas Dermine estime que Charles Michel fait « preuve d’une cohérence magistrale en privilégiant ses intérêts personnels sur l’intérêt collectif ». Le député Ecolo Gilles Vanden Burre qualifie la décision de « en dessous de toutes les normes ». « Je pense que c’est dommage qu’il parte parce qu’il ne pense qu’à lui. Ce n’est pas bon pour l’image de la Belgique à l’étranger.»
L’eurodéputée néerlandaise Sophie in ‘t Veld (Volt) trouve tout cela « cynique et incroyable ». « Démissionner avant la fin de son mandat – en temps de crise – et passer le relais à Orbán est une irresponsabilité exaspérante », déclare X.
Le cauchemar selon lequel le Premier ministre hongrois prendra temporairement le relais n’est pas seulement médiatique, mais suscite également l’inquiétude des dirigeants des groupes du Parlement européen. « Nous craignons que cette décision risque de créer un vide qui placerait le Conseil européen entre les mains de Viktor Orbán, à un moment si important pour l’UE », a déclaré la social-démocrate Iratxe García à l’agence de presse espagnole EFE.
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Michel écarte les critiques
Michel estime que les critiques selon lesquelles il ne se préoccupe que de sa propre carrière ne sont «pas du tout correctes». Il a déclaré cela dimanche au VTM NIEUWS. Il estime également que le Conseil européen dispose de suffisamment de temps pour choisir un successeur (et ainsi éviter qu’Orbán ne lui succède).
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, rejette également le scénario selon lequel Orbán prendrait le pouvoir à partir de juillet. « Cela signifie seulement que le successeur prendra ses fonctions un peu plus tôt », a-t-il déclaré ce matin à ‘LN24’. En outre, selon Bouchez, la règle qui stipule que le Premier ministre du pays assurant la présidence de l’UE prend la relève peut être modifiée à la majorité simple. « Il n’y a donc aucun problème. »
La réponse de la Hongrie
La rumeur a désormais également atteint la Hongrie. « Gardons notre calme stratégique », répond à X le porte-parole du gouvernement Zoltan Kovacs, expression que le gouvernement a également utilisée lors de la campagne pour les élections législatives d’avril 2022, alors que la Russie venait d’envahir l’Ukraine.
Cours en morceaux
Michel a dû digérer de nombreuses critiques au cours de son mandat : son image a pris un premier coup lorsque les mauvaises relations avec la présidente de la commission Ursula von der Leyen ont été révélées – pensez au Sofagate, mais aussi à ses « frais de déplacement excessifs » et sa tendance à être « trop présidentielle » a discrédité à plusieurs reprises « Monsieur Patate », comme on appelle Michel dans les cercles européens. « Une fin négative pour un mandat qui n’a pas été particulièrement abouti », conclut le politologue Dave Sinardet.
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