Il manque encore de tout à Trooz sauf les beurriers

« Il y avait aussi une pénurie d’experts », dit Pierre. « Au bout d’un moment, les compagnies d’assurance ont accepté à peu près n’importe qui comme expert, y compris les experts en accidents. Des gens qui ne connaissent que les dommages causés aux voitures.

« C’était mieux d’avoir un accidentologue désigné », dit Jacques, son voisin. «Ils ont juste écrit ce que vous leur avez demandé d’écrire. Ils n’ont pas fait d’histoires pour une rampe ou un parquet. Ils n’allaient pas demander la facture d’achat emportée de votre téléviseur. »

Dans la maison de Jacques et Nadine construite dans la roche ardennaise sur la N61, à deux pas de la rive du Vesder, l’eau était haute de deux mètres, d’après des champignons mesurés ensuite. « Nous étions en vacances ce jour-là », raconte Jacques. « Nous avons pensé : nous allons attendre un peu. Laissez d’abord sécher un peu. Nous avons commencé à louer quelque chose ici quelques kilomètres plus loin.

René et sa femme ont passé trois jours dans leur grenier, appelant frénétiquement les secours pour attirer leur attention sur des situations encore plus précaires autour d’eux. « Ensuite, l’expert vient et demande : pourquoi n’avez-vous pas conservé votre réfrigérateur ? Je dis : j’essayais de sauver des gens.

Maintenant que le soleil du printemps est là, tous les bricoleurs ont des démangeaisons et c’est la guerre en Ukraine. Sur les marchés de la construction, les prix des plaques Gyproc et OSB ont triplé. « La compagnie d’assurance n’en tient pas compte », dit Jacques. « Le gouvernement a créé un fonds de secours. Il s’agissait de déposer un dossier rapidement. Je connais quelqu’un dans le village qui a subi 20 000 euros de dégâts et qui a reçu 80 000 euros. Maintenant que ce devrait être notre tour, ils ont épuisé leur fonds d’urgence.

Nadine : « Les gens devaient envoyer des photos. Ils ont photographié les iPad les plus chers des voisins et sont ensuite venus se vanter. Que cela avait fonctionné.

pincer les fenêtres

Jacques et Nadine sont depuis longtemps à court des 80 000 euros qui leur étaient alloués, mais leur maison ressemble à une toile de fond pour Au secours, mon mari est bricoleur, la suite. Les canalisations d’électricité et de gaz se balancent partout vers des boîtes à fusibles ou des radiateurs imaginaires. Au milieu de ce qui était autrefois le sol de la cuisine, le plombier a creusé une énorme fente. Les quinquagénaires sont heureux ici depuis dix-sept ans, ils se sont fait poser de nouvelles fenêtres à l’époque, contre le bruit de la N61. “L’expert a pensé qu’il n’y avait rien de mal avec les fenêtres”, explique Jacques, démontrant comment le bois a été rongé par l’humidité. “Ils pincent, et chaque fois que vous essayez de les ouvrir, ils pincent encore plus.”

Question du quiz : qui a été gardien de but des Red Devils et qui a gardé sa cage inviolée pour toujours ? Éric Deflandre, bien sûr. A Trooz, l’ancien latéral droit national jouit d’un statut aussi inoubliable pour des raisons bien différentes.

“Il est venu, a à peine dit un mot et a aidé à sortir la crasse pendant des jours, tout l’été”, dit Jacques. « Il y avait aussi un groupe de jeunes Anversois. Je suis éternellement reconnaissant envers ces garçons et ces filles. Il y avait une distribution de nourriture sur la place du marché, organisée par le conseil municipal. J’ai demandé des sandwichs pour ces Flamands. Non, ils ont dit, “Seulement pour les affligés.” Et tu sais quoi? Le lendemain, ces jeunes étaient de retour là-bas.

En attendant, les contenants offerts par la municipalité ont disparu. « Cela n’avait pas de sens non plus », dit Pierre. “Mettez un conteneur ici et il sera plein dans une demi-heure.”

Fromage plat

Nadine se promène dans le jardin. Vesder a cassé les carreaux de sol et a apporté des milliers de beurriers en retour. Neuf mois plus tard, Nadine continue de trouver des beurriers. D’abord ils sont venus avec l’eau, maintenant avec le vent. “Ils viennent de la laiterie Corman dans le Limbourg”, précise-t-elle. « Tiens, Balade si légère. Là, du fromage cottage.

Jacques est carreleur. Il n’y a certainement pas eu de pénurie de travail ces derniers mois, et il en sera ainsi pour les années à venir », soupire-t-il. « Je dois travailler très dur parce que l’assurance ne veut pas intervenir, mais j’arrive à peine chez moi. J’espère que nous pourrons revivre ici d’ici la fin de l’année.

Surtout, il semble s’encourager.



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