‘Il faut être trois pour danser le tango’ : le CD&V conduit-il – encore une fois – le gouvernement flamand vers l’abîme ?


Que prévoit réellement le CD&V dans le dossier azote ? Cette question devient de plus en plus forte au sein de N-VA et Open Vld. Les chrétiens-démocrates dirigés par le président Sammy Mahdi sont-ils prêts à pousser à nouveau le gouvernement flamand au bord du gouffre ? ‘Il en faut trois pour danser le tango‘ prévient le Premier ministre Jan Jambon (N-VA).

Jérôme Van Horenbeek et Stavros Kelepouris

Retour dans le temps, au dimanche 25 septembre 2022. Après des jours de négociation des plans budgétaires, le sommet du gouvernement flamand se réunit à nouveau sur la Martelaarsplein à Bruxelles. L’intention est de continuer jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé. Les plans doivent être présentés au Parlement flamand lundi. Le Premier ministre Jambon (N-VA) devrait prononcer sa déclaration politique.

Le CD&V a déposé une proposition dans laquelle les allocations familiales sont liées à l’indice central. N-VA et Open Vld ne veulent rien avoir à faire avec cela. Ils pensent que les chrétiens-démocrates finiront par plier. Mais cela n’arrive pas. Sous la direction du nouveau président du CD&V, Sammy Mahdi, Jambon doit se rendre au parlement les mains vides. Une honte. Le sort du gouvernement flamand ne tient qu’à un fil pendant toute une semaine. Jusqu’à ce que CD&V recule finalement et abandonne l’exigence d’allocations familiales.

Traîner les pieds

Le souvenir de la crise des allocations familiales est aujourd’hui plus vivace que jamais sur la Martelaarsplein. Les négociations sur l’accord controversé sur l’azote se déroulent dans les coulisses depuis des semaines. N-VA souhaite boucler le dossier au plus vite, de préférence cette semaine. Open Vld semble disposé à le faire, s’il y a un certain nombre d’ajustements (significatifs) à l’accord original sur l’azote de février 2022. Mais CD&V – oui, qu’en est-il du CD&V ?

Les chrétiens-démocrates s’en tiennent pour l’instant à leurs revendications. Ils veulent que l’accord sur l’azote soit profondément modifié. Quelque chose avec lequel les gens ne sont certainement pas d’accord chez N-VA, mais aussi chez Open Vld. Au fur et à mesure que les jours passent et que le début des vacances de printemps approche, les troubles augmentent. « Ils traînent beaucoup des pieds et remettent tout en question », raconte une source N-VA. «Ils font des propositions qui vous font manquer l’objectif pour l’azote. Je ne comprends pas où ils veulent en venir avec ce dossier. »

Si aucun accord n’est prêt d’ici la fin de cette semaine, selon Open Vld, une autre « crise profonde » est imminente. Selon leurs propres mots, les libéraux aimeraient emboîter le pas dans un certain nombre de commentaires du CD&V sur l’accord existant sur l’azote. «Mais nous n’accepterons pas de remettre en question le cadre plus large. Cela a déjà été précisé au parti », répond une source bleue. « Nous avons vraiment peur. Garder à nouveau la jambe raide finira mal pour cd&v. Et s’ils doivent finalement avaler, ce sera une catastrophe totale.

Le ministre flamand de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA) analyse depuis un certain temps que le problème de l’azote en Flandre doit être résolu le plus rapidement possible. Sinon, les juges menaceront bientôt d’imposer un arrêt de permis, comme aux Pays-Bas. Un arrêt qui pourrait affecter, entre autres, l’aéroport de Zaventem, le plus important moteur de croissance du pays après le port d’Anvers. Demir a déjà déclaré que CD&V porte un lourd fardeau historique dans ce dossier en laissant pourrir le problème pendant « quinze ans ».

Ministre flamand de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA).Photo BELGA

Couper un pantalon

Le président du CD&V, Mahdi, reste pour l’instant en retrait. La chance qu’il se lie rapidement semble faible. Mais au sein du parti, l’atmosphère de crise qui s’approche est rejetée comme une « pirouette » politique. N-VA et Open Vld essaient de faire passer CD&V pour la mauvaise tante, semble-t-il. Contrairement à la déclaration de septembre, il n’y a plus de date limite à respecter. S’il faut encore quelques jours de négociation pour rendre l’accord solide, tant pis pour CD&V.

Les chrétiens-démocrates soulignent que leurs interrogations sur l’accord sur l’azote sont plus que fondées. Et puis le doigt est pointé vers Demir du même souffle : elle a gardé pour elle très longtemps les 20 000 objections des agriculteurs. Après quoi les autres parties ne pouvaient consulter rapidement les documents qu’à la onzième heure, avec seulement un crayon et du papier pour prendre des notes. Lire : ce n’est pas CD&V qui a ralenti les choses.

« Ce n’est pas que nous ne voulons pas d’un accord. Ça ne devrait plus tarder », sonne-t-on dans l’entourage du ministre flamand de l’agriculture Jo Brouns (cd&v). Il souligne que des progrès ont effectivement été accomplis. « Dans les discussions mutuelles, N-VA a ouvert la porte à l’application à long terme de normes d’azote similaires pour l’agriculture et l’industrie – une exigence importante pour nous. Si cela est possible, nous pourrons progressivement commencer à atterrir. La N-VA nie qu’il s’agisse d’une concession.

Quoi qu’il en soit, le temps presse. Et la patience de Jambon semble s’épuiser. En tout cas, il a vécu la débâcle autour des allocations familiales en septembre comme une lourde humiliation personnelle. « Je ne vais pas le cacher : il reste encore quelques goulots d’étranglement difficiles. Le temps presse, il est temps de se décider. Je veux le faire dans les prochains jours », a déclaré le Premier ministre au Parlement flamand mercredi après-midi. CD&V a reçu un avertissement clair : « Dans ceci : il en faut trois pour danser le tango.”



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