Il est intéressant de noter que les livres les plus lus de l’été 2023 sont l’œuvre d’écrivaines féminines. Quiconque travaille dans ce domaine sait que les livres sont achetés par des femmes.


Aldo Cazzullo (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

ETJ’entre dans une librairie au hasard et vois l’étagère avec les livres les plus vendus. En première place Ada D’Adamo, Comme l’air. Selon Francesca Giannone, Le facteur. À la troisième Aurora Thames, Le nom de famille des femmes. Je pense que c’est le classement réservé aux écrivaines.

Mais à la quatrième place se trouve Antonio Manzini avec Elp. Le cinquième, une autre femme, Cristina Cassar Scalia, avec La bande de Carusi (on exagère peut-être un peu avec les sagas siciliennes, mais vous savez, si Camilleri était né à Domodossola ou à Thiene, personne ne le lirait).

Le sixième Un bon endroit pour s’arrêter de Matteo Bussola, qui est un homme mais qui rappelle dans sa notice biographique qu’il tient une (intéressante) chronique dans l’hebdomadaire féminin F par titre Un écrivain, une femme.

Et puis il y a Michela Murgia, avec son splendide Trois bols. Donc L’ère du mal par Deepti Kapoor, qui est une femme. Comme l’anglaise Tillie Cole, auteur de Donne-moi mille baiserset l’Argentin Mercedes Ron, dixième avec C’est de ma faute?

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Je connais l’objection. Il n’existe pas de littérature pour les femmes et les hommes ; il y a de la littérature. Histoire c’est un chef-d’œuvre en soi, non pas parce qu’Elsa Morante l’a écrit ; et on peut en dire autant de Les indifférents par Alberto Moravie.

Il reste pourtant significatif que les livres les plus lus de l’été 2023 soient l’œuvre d’écrivains. Quiconque travaille dans ce domaine sait que les livres sont achetés par les femmes. Les signatures sont impressionnantes : neuf personnes sur dix sont des femmes, et l’homme précise très souvent : “Ce n’est pas pour moi, c’est pour ma femme”, ou ma mère, ou ma fille. Ça a toujours été comme ça.

Mais si aujourd’hui des lectrices rencontrent des femmes écrivains, c’est un signe intéressant., c’est un dialogue ouvert, c’est un carrefour de sensibilité, c’est une prise de conscience. Cela n’empêchera évidemment pas les femmes de lire également des livres pour hommes. Il serait intéressant que l’inverse se produise également plus souvent.

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