Iachini : "Dommage que Dybala et Vlahovic se séparent, ils étaient si bien ensemble…"

L’entraîneur, cette année à Parme en Serie B, les a entraînés tous les deux : « Paulo devra aller dans un top club qui lui permettra de gagner. Dusan doit être calme : l’an prochain, il sera décisif à la Juve »

Francesco Calvi

20 mai
-Milan

Le stade vide, Dybala et Vlahovic toujours là. Assis sur la pelouse, profitant du silence, pensant peut-être à ce qu’ils étaient… et à ce qu’ils auraient pu être. En peu de temps, une grande entente est née entre les garçons et l’exultation de Dusan avec le masque Dybala vaut mille mots. Les images de l’après-match face à la Lazio sont restées gravées dans le cœur de la Juventus. Et, de la même manière, dans celui de Beppe Iachini : « C’est dommage car, ces derniers mois, ils ont montré qu’ils étaient heureux ». L’entraîneur des Marches vient de rentrer de son aventure sur le banc de Parme : en Serie B, il n’a pas réussi à obtenir une promotion, mais il a donné confiance à de nombreux jeunes – Turk, Del Prato et Bernabè surtout – tout comme il l’avait fait dans le passé (également) avec les attaquants de la Juventus. Il a rencontré Dybala en 2013 à Palerme, le plaçant au centre du projet rosanero, pour ensuite se répéter l’année dernière avec Vlahovic à Florence. « J’y ai travaillé quand ils étaient enfants, aujourd’hui ils sont tous les deux titulaires avec Allegri. J’aurais aimé les revoir là-bas, mais c’est comme ça le football : parfois, il faut faire un pas en avant ». Paulo le fera, en choisissant une nouvelle équipe. Les bianconeri tenteront, mettant Dusan au centre de leur projet.

Êtes-vous toujours en contact avec vos « pupilles » ? Vous arrive-t-il de les entendre de temps en temps ?

« Oui, cela n’arrive pas seulement avec moi mais aussi avec les membres de mon personnel. Nous avons rencontré Dybala sur le terrain, mais parfois nous avons aussi parlé par SMS. Tout au long de ma carrière, j’ai construit une bonne relation avec les garçons. C’est agréable de les voir grandir et s’améliorer avec le temps ».

Quels conseils avez-vous toujours donnés à Dusan et Paulo à l’entraînement ?

« Ce que je donne à tous mes attaquants, surtout les plus jeunes : ne pas se contenter de lancer le ballon, mais bouger dans le but de tirer au but. Chaque rôle a sa propre tactique individuelle : si l’avant-centre apprend à faire certaines choses, à la fin toute l’équipe en profite. La manière dont vous décochez ou arrêtez une balle peut faire la différence, si elle est fonctionnelle à l’étape suivante ».

Vous attendiez-vous à la rupture entre Dybala et la Juventus ?

« Ces choses arrivent dans le football, la Juve le sait bien. Il y a des années, les bianconeri ont construit une équipe gagnante en achetant des champions sur un transfert gratuit. Il n’y a rien de différent de ce qui s’est passé avec Paulo, qui va maintenant trouver un nouveau logement. Ce qui compte, c’est qu’à Turin il a réussi à laisser un excellent souvenir, faisant apprécier à tous ses talents : l’accueil que lui a réservé le Stade en est la preuve ».

Les performances intermittentes de Joya auraient-elles pu affecter ses adieux ?

« Je crois que Paulo a toujours apporté sa contribution, sauf pendant les périodes où il n’a pas pris le terrain en raison de blessures. Quand on joue dans un club comme la Juventus, les concurrents pour un maillot de titulaire sont nombreux et forts. En plus, l’équipe joue cinquante matchs par an : c’est difficile de faire la différence toutes les semaines… ».

Paulo pourrait se déplacer à Milan, pour se relancer avec le maillot de l’Inter. Serait-ce le bon choix ?

« Je ne sais pas où il ira, mais le plus important est qu’il se lie à une équipe qui lui permet de gagner et de s’exprimer au sommet. A son âge, l’aspect économique ne doit pas être une priorité : Dybala mérite d’atteindre de grands objectifs et, pour cela, il doit épouser un club avec un projet convaincant d’un point de vue technique ».

Vlahovic aurait-il pu faire quelque chose de plus lors des six premiers mois à Turin ?

« Il a marqué quelques buts, mais il ne faut pas oublier que c’est un très jeune garçon, sa première expérience dans une grande ligue. Je conseille à Dusan de rester calme, car je sais à quel point il est ambitieux et à quel point il essaie de s’améliorer jour après jour. Ces six mois lui ont servi à s’installer, à faire connaissance avec le club, ses coéquipiers et le nouvel entraîneur. Déjà l’année prochaine, Vlahovic sera décisif pour la Juventus ».

Le Serbe pourrait-il devenir le meilleur dans son rôle à l’avenir ?

« Il peut devenir un joueur de haut niveau et gagner beaucoup, mais nous ne le saurons pas aujourd’hui. Déjà à 18 ans, il se distinguait des autres par sa soif d’objectifs et sa personnalité. Travaillez dur chaque jour, pour toujours faire un pas en avant vers l’objectif final. Pour tous les sportifs, trouver le bon réglage mental est primordial : Vlahovic part avec un avantage, car il a très vite compris comment se comporter ».

Parmi les nombreux jeunes joueurs qu’elle a lancés, le nom d’Icardi se démarque, fraîchement sorti d’une saison avec seulement 5 buts au PSG. Aimeriez-vous le revoir en Serie A ?

« Oui, car Mauro a un talent fou et parvient à marquer avec une grande simplicité. Je l’ai remarqué lors de la Sampdoria, en 2012, en amical contre Primavera. Quelques jours plus tard, je lui ai proposé de rejoindre l’équipe première et en peu de temps c’est devenu indispensable. Il a fait un parcours important et évolue désormais dans l’un des meilleurs clubs européens, qui possède pourtant une attaque avec de nombreux champions. C’est naturel qu’il trouve peu d’espace, ce serait bien de le voir plus souvent sur le terrain ».



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