« Hors de contrôle », « dans des chaussures serrées » ou « tout simplement malade » : que se passe-t-il avec le bourgmestre de Molenbeek ?

Aujourd’hui, les moulins à vent colorés pendent silencieusement le long du canal de Molenbeek dans la brume hivernale blanche et glaciale. Les vendeurs du marché sur la place voisine de la ville sont soulagés de ne pas se retrouver, pour une fois, sous une pluie battante. Dans ce marché animé, la guerre à Gaza et les premiers froids hivernaux sont des sujets de discussion.

Le fait que la tension monte dans l’impressionnante mairie du coin, où se trouve le stand des caleçons, maintenant que la maire Catherine Moureaux (PS) est absente depuis six semaines, affecte clairement moins l’esprit des visiteurs du marché. « Est-ce qu’elle est malade ? », semble-t-elle surprise. « Laissez-la prendre bien soin d’elle. » Malika déclare : « On commence à se rendre compte qu’on ne la voit plus. En savez-vous plus ?

Moureaux est la fille du célèbre bourgmestre de Molenbeek, feu Philippe Moureaux, qui a gouverné la commune pendant 20 ans. Mais maintenant, sa chaise vacille, rapporte le site d’information bruxellois Bruzz, car elle « perd le contrôle plus de cinq ans après sa victoire électorale éclatante ». À la suite d’un conflit au sein du conseil échevinal, Moureaux se tient à l’écart du conseil échevinal le 19 octobre. La veille, une réunion mouvementée du conseil municipal s’était déroulée à huis clos. Depuis, elle est à la maison avec un congé de maladie.

Ambiance de travail intimidante

Aussi la RTBF et La Capitale rapporte l’absence de Moureaux avec des références aux récentes agitations qui l’ont mise « dans des chaussures serrées pendant plusieurs mois ». Par exemple, début octobre, elle a eu une altercation avec l’échevin et confrère du parti Abdellah Achaoui. Un article dans La Capitale, se basant sur des témoignages anonymes, affirme avoir eu recours à des violences « physiques ». Le comité de vigilance du PS bruxellois se penche sur la question. Moureaux avait précédemment répondu à la RTBF que cette allégation était fausse et qu’elle la considérait comme une diffamation.

Il y a aussi la lettre urgente de cinq hauts fonctionnaires municipaux que le maire a reçue avant l’été. Dans cette note, ils se plaignent de la manière dont le conseil échevinal gère l’administration. Les témoignages de membres du personnel dans les médias décrivent une atmosphère de travail intimidante dans laquelle Moureaux « crie nez à nez contre les fonctionnaires ». En septembre, le secrétaire municipal a démissionné en raison « d’ingouvernabilité, de caprices et de règlements politiques ».

Les plaintes concernant le blocage par l’opposition du conseil municipal en raison du manque de communication et de transparence de Moureaux, les dossiers laissés de côté et les services paralysés poussent également Moureaux sur la défensive, rapporte Bruzz. Après la prétendue bagarre avec Achaoui, le conseiller communal Ben Salah (Défi) a demandé sa révocation dans une lettre adressée au gouvernement bruxellois pour « faute grave ».

Le PS bruxellois déclare : « Pas de commentaire, le comité de vigilance fait son travail. » L’échevin Ahmet Gjanaj (PS), qui occupe désormais le poste de maire, n’est pas joignable. Le porte-parole de Moureaux, Rachid Barghouti, répond qu’il n’occupe plus ce poste, qu’il n’y a pas de remplaçant et affirme avec inquiétude que « le maire est tout simplement malade ».

Pour Arno Vervaet, chef du parti de Groen Molenbeek aux élections, « la commune est désespérément divisée » et les habitants en sont les victimes. « Ils méritent mieux que ce chaos. »

Fouetté

Un initié de la politique municipale de Molenbeek voit certainement un lien entre l’absence de Moureaux et les incidents. Et confirme qu’elle peut parfois crier. « Mais elle n’est pas différente de certains autres maires. Elle est davantage blâmée parce qu’elle est une femme. Les violences physiques contre un type costaud comme Achoui sont peu probables et les personnes présentes le nient. Mais cet incident s’inscrit dans le cadre du règlement en cours entre les cliques du PS. Achaoui se pense intouchable.

La collision « avec une personne de l’administration » est également « exagérée », selon cette source. « Et le conseil municipal gère tout simplement », dit-il. « Pourquoi est-ce que je n’ai jamais lu dans la presse flamande le chaos politique d’Anderlecht ou de Schaerbeek, où la majorité a fait défection dans l’opposition ? Le problème de Molenbeek n’est pas le style de Moureaux ou la lutte au sein du PS, mais le manque d’argent. C’est ainsi depuis 150 ans.



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