Hofe parle de la Nouvelle Vague : Truffaut, Godard, Rohmer, Varda…


L’année dernière, la mixtape ‘AMODIOA’ a définitivement mis HOFE x 4:40 sur la carte. « MzMz » contenait l’un des refrains les plus accrocheurs de HOFE, tandis que la production de 4:40 a évité de se classer dans un genre spécifique pour explorer la musique électronique de différentes manières.

Parfois on fait l’erreur de penser que les artistes liés à la scène urbaine ne regardent pas vers le passé, et pour nous contredire on a HOFE, qui a choisi de parler de Nouvelle Vague dans la rubrique « Meister of the Week » curatée par jägermusic. Comme vous pouvez le voir à la fin de l’article, c’est beaucoup plus lié à sa carrière qu’il n’y paraît. HOFE X 4:40 vient également de sortir un nouveau single avec BRAVA. Il s’appelle ‘À chaque fois je pense à toi‘.

Pourquoi avez-vous choisi de parler de la Nouvelle Vague dans cette rubrique ?
La Nouvelle Vague est un mouvement créé en France pour rompre avec la manière conventionnelle de faire des films et avec l’intention de transmettre plus de réalités humaines au spectateur. Quelque part, je pense que c’est quelque chose qui arrive souvent dans la musique et surtout dans notre musique, puisque nous nous réinventons tout le temps. Nous aimons le faire et la plupart des sujets dont nous parlons sont des choses qui arrivent à tout le monde. Nous sommes romantiques et passionnés, que pouvons-nous faire ? Et je ne sais pas, j’espère qu’on finira dans la soupe comme Jean-Pierre Léaud et Anna Karina à ce stade, hahaha.

En quoi pensez-vous qu’il a particulièrement enrichi les musiciens ?
Je pense que le fait qu’il s’agisse d’un mouvement créé pour se critiquer et se révéler en dit déjà long. Pour moi, ça a enrichi les musiciens dans le sens où vous avez conscience qu’il y a une très belle porte qui s’ouvre dans la manière dont tout est transmis. Des paroles, de la musique, de la façon de le faire. La musique est vraiment tout, même ce qui l’entoure. Je suis devenu métaphysique, du coup…

Quel est le film qui vous a fait découvrir ce genre ?
‘Les 400 coups’ de Truffaut je crois que c’était le premier. Je l’ai vu dans le salon de la maison de txiki avec mon petit papa, quand j’avais environ 12 ans, et ça m’a fait flipper.

‘Jules et Jim’ a été un film de référence dans le monde de la pop. Est-ce un de vos préférés de Truffaut ou du genre en général ou préférez-vous d’autres du même réalisateur comme ‘Les 400 coups’ ou n’importe quel autre ?
Wow, cette question est foutue à cause de celles que j’ai vues (je ne vais pas me la donner car je les ai toutes vues, hahaha) je les aime presque toutes. En parlant de Truffaut, je suis époustouflé par la façon dont « La Noche Americana » est faite et enregistrée, par exemple. Le fait que ce soit un tournage dans un tournage me semble idiot, ce truc de méta-cinéma qu’ils appellent ça. L’une des choses qui me fait le plus peur dans le cinéma de Truffaut, c’est l’évolution du personnage d’Antoine Doinel et sa relation avec Christine dans divers films, qui commence par « Les 400 coups » et se termine je pense par « L’amour en fuite ». Le fait de développer leur relation dans différents films.

Il y a des groupes qui s’appellent Pauline on the Beach, Band a Part, des chansons qui s’appellent ‘GODARD’… Un artiste préféré ou une chanson préférée intitulée avec quelque chose de la Nouvelle Vague que vous aimez ?
En fait il y a un groupe qui s’appelle littéralement Nouvelle Vague ! Je n’ai pas beaucoup écouté mais à l’époque l’algorithme spoti m’a amené à une version de ‘Love Will Tear Us Apart’ de Joy Division de ce groupe que j’aimais bien et que je recommande vivement.

Il y a même des moments où la référence a été ressentie un peu galvaudée dans le monde moderne, un peu à l’image d’Elvis ou d’Audrey Hepburn. Ou cela ne vous a-t-il pas donné ce sentiment et vous pensez que la Nouvelle Vague ne sera jamais suffisamment justifiée ?
Totalement, en fait, je pense que le sujet est très populaire dans le monde du modernisme en général, pas seulement dans la musique. Moi parce que ça me fait flipper et parce que comme je le dis dans toutes les interviews je suis un putain de geek, mais sans aucun doute je pense qu’il y a un gang qui parle du sujet pour devenir l’alternative et pour jeter la ratatouille, c’est ce que le rouleau français a… Même ainsi, de Quoi qu’il en soit, je pense que c’est cool d’en parler.

Eric Rohmer représente un aspect très passionnel, ses films sont râpés sur les relations sentimentales. Que pensez-vous de cet aspect ? Personnellement c’est mon préféré. Ça me fascine de voir tous ces Français penser à l’amour, à la jalousie, au sens de la vie. Mais peut-être pas le plus intéressant ?
Je suis d’accord avec toi car je suis aussi passionné par ces sujets (je suis passionné, je sais). Même si je pense aimer toutes les variations expérimentales comme celle de Jean-Luc Godard par exemple. Parler de réalités humaines, parler de vrais sentiments, de choses qui arrivent à tout le monde, évidemment d’un point de vue artistique mais en même temps réel, en plus d’être l’une des caractéristiques de ce mouvement, est quelque chose de nécessaire. . Tout ne va pas toujours être joli et comme on dit en ces termes, comme un film. Les gens dans la vraie vie ressentent, souffrent et les choses tournent aussi mal, en fait elles tournent presque toujours mal, hahaha.

Un de vos favoris ?
Je suis effrayé par Cuento de Otoño, Cuento De Primavera et Cuento de Verano.

Godard est un côté plus expérimental et risqué. Est-ce que quelque chose comme ça vous représente, alors, plus cérébral et esthétique ? Un de vos favoris ?
Godard me fait flipper, en fait je pense qu’il est l’un des réalisateurs de la Nouvelle que j’ai le plus consommé. Je pense que même si notre musique est assez banale, elle a aussi cette pointe cérébrale et esthétique, elle a aussi cette pointe de critique, tout comme le cinéma de Gordard, donc on peut dire qu’on s’identifie en partie à lui. ‘Masculino y Femenino’ me fait flipper, je crois que je l’ai vu environ quatre fois maintenant, et ‘Au bout de l’escapade’, avec un Jean Seberg et un Jean-Paul Belmondo de 10 ans et le beau Paris en noir et blanc.

Agnès Varda est décédée récemment, l’avez-vous suivie ? Qu’as-tu pensé?
Agnès Varda me semble une icône de la Nouvelle Vague non seulement pour être l’une des plus grandes représentantes féminines du mouvement mais aussi pour être l’une des représentantes du cinéma fait par des femmes. Je dois voir plus de films mais j’ai adoré ‘Sin Techo Ni Ley’. Je l’ai vu il y a longtemps mais cette question m’a été utile pour me rappeler que je dois le revoir.

Un autre réalisateur à réclamer ?
Jean-Pierre Melville est un nom qui m’est venu à l’esprit presque tout au long de l’interview. Il me semble l’un des précurseurs de La Nouvelle et le père du cinéma français polaire, il fallait donc que je le mentionne quoi qu’il arrive. Je suis émerveillé par le fait qu’il était passionné de cinéma, qu’il est entré dans le monde du cinéma par passion (aussi parce qu’il savait le faire et parce qu’il avait beaucoup d’argent), et qu’il a créé sa propre société de production, juste comme ça, tout ça par amour.

Et Claude Chabrol ? Je me souviens de la première de ‘The Bridesmaid’ en 2004 comme d’un événement et ce film m’a un peu traumatisé…
Je le regarde depuis longtemps, mais si je le vois à un moment donné, nous en reparlerons dans la prochaine interview, sans aucun doute.

Ressent-on quelque part l’influence de la Nouvelle Vague dans votre musique ? Quelle chanson, diriez-vous, en particulier ?
Il y a beaucoup de clins d’œil à la Nouvelle Vague dans notre musique, des références directes avant tout. Notre musique, après tout, est référentielle. Si je devais choisir une chanson, ce serait « Kurosawa ». Dans celui-ci je fais référence à Eric Rohmer, Truffaut, le mythique illustrateur érotique français Milo Manara même… De plus, la vidéo est un hommage au Cinéma Noir des années 50 et à des films comme ‘Le Troisième Homme’, ‘Le Night of the Hunter’, ‘Alphaville’… Le mouvement Nouvelle Vague avait comme référence le Film Noir, il me semble donc que la partie visuelle est également essentielle et complète beaucoup plus le sens et le contenu de la chanson.



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