Guitarricadelafuente / La Cantera


Guitarricadelafuente est l’une des grandes révélations nationales de ces dernières années. Les chiffres de certains de ses singles, comme « Guantanamera », « ABC », « Agua y mezcal » ou « Nana triste » avec Natalia Lacunza, se comptent par dizaines de millions et les billets pour ses concerts s’envolent. Malgré un énorme succès, le Valencien Álvaro Lafuente n’a pas précipité la sortie de son premier album, qui est arrivé ces jours-ci avec l’intention de découvrir son auteur dans toute sa splendeur.

‘La cantera’ est un autre album qui s’inspire de la tradition pour l’amener au présent. Raül Refree est impliqué en tant que coproducteur dans un autre projet de ces caractéristiques, après avoir coproduit, par exemple, les débuts de Rodrigo Cuevas. Avec Raül, Álvaro enrichit son discours avec des textes et des références sonores qui l’ont inspiré et qui vont au-delà de ce que vous attendez.

Parmi les références plus ou moins prévisibles, qui n’en sont pas moins intéressantes ou enrichissantes pour cela, figure ‘Le chemin‘ de Miguel Delibes. Son protagoniste, El Mochuelo, quitte la ville où il vit pour prospérer dans la ville, et son histoire est similaire à celle d’Álvaro, qui a vécu de nombreux étés de son enfance dans une ville de Teruel et vit maintenant à Barcelone. En revanche, il est surprenant que la fin de ‘Qui a allumé la lumière’ incorpore un fragment de ‘Danse hongroise n°5 de Johannes Brahms, rien de moins.

Au sein de ce réseau d’influences, qui comprend également une mélodie de Boccherini dans ‘Flor de caramel’, l’un des Joaquin Carbonell dans ‘Vidalita del mar’, ou des sons qui font référence à certains des artistes préférés d’Álvaro, tels que Bon Iver, Devendra Banhart ou Chavela Vargas, un début intéressant émerge qui fonctionne mieux lorsqu’il n’essaie pas d’utiliser trop d’idées en même temps temps.

Dans ‘La cantera’ on perçoit une certaine intention de surcharger l’atmosphère. Le ‘Amil y una noche’ inaugural est clairement surproduit : l’arrangement des vents est délicat et logique, mais quand les percussions arrivent, l’effet n’excite pas mais laisse plutôt indifférent. Dans la belle ‘Amanita’, qui interpole une lettre de Labordeta, les différents types de traitement vocal n’ajoutent pas d’intérêt au morceau, pas plus que l’overdose d’autotune dans ‘Rebozo’. Et ‘Avant de vouloir oublier’ est si orné que, quand Álvaro commence à chanter la mélodie de ‘Vallée du Jarama‘, ce qui aurait pu être l’un des pics émotionnels de l’album se dégonfle en une sorte d’improvisation qui aurait pu ou non se produire.

Sur d’autres titres, Guitarricadelafuente trouve cet équilibre recherché entre tradition et « modernité » que ‘La cantera’ explore avec plus ou moins de succès. L’Aragonese Jack de ‘La Filipina’ en est le parfait exemple. Ses références à une « Impératrice des Philippines », à la « Virgen del Pilar » et à une vieille monnaie espagnole sont sympathiques, mais surtout son mariage du folklore et du son contemporain est de mise. Lafuente et Refree ne surchargent pas leur discours de sons et d’effets qui ne sont pas pertinents. Las tradicionalistas ‘Ya mi mama me decía’ y ‘Vidalita del mar’ también demuestran que ‘La cantera’ funciona mejor con menos, y la dulce rumbita de ‘Flor de caramelo’ lleva esta apreciación a su lado extremo, siendo la composición más sencilla de toutes.

A la fin de ‘La cantera’, Guitarrica a encore le temps de surprendre de diverses manières : le joyeux son de taverne de ‘Quién encendio la luz’ lui va très bien, les Tanxugueiras enchaînent les refrains dans ‘La algarabía’ et les L’album se termine par une composition dramatique appelée « A carta cabal » qui utilise à la fois les cordes et les effets de vocodeur d’une manière très élégante.

« La cantera » se veut une « récit de jeunesse », l’histoire d’un garçon d’un petit village parti vivre en ville et tombé amoureux, et son titre fait allusion à une génération future, puisque la « carrière » est le nom avec lequel les anciens de la ville s’adressent aux jeunes lorsqu’ils les rencontrent dans la rue. Cependant, l’album échoue parfois à transmettre la fraîcheur de la jeunesse. Trop souvent, la production colore les chansons bien au-delà des lignes, et des mélodies comme celle de ‘Arabian Nights’ sonnent sommairement. Cependant, des pièces telles que ‘La Filipina’ montrent que ‘La cantera’ aurait pu être un (més)mélange plus équilibré.



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