Graphiques : les élections parlementaires divisées en France


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La montée en puissance de la gauche aux élections anticipées françaises a stupéfié les politiciens et l’opinion publique lorsque l’alliance du Nouveau Front Populaire a décroché la première place au second tour du scrutin de dimanche.

Les sondeurs avaient prévu que le Rassemblement national d’extrême droite de Marine Le Pen remporterait le plus de sièges au Parlement, mais il arrivait troisième derrière l’alliance centriste du président Emmanuel Macron.

Le NFP, constitué à la hâte et composé de représentants de l’extrême gauche, des Verts et du centre-gauche, a déclaré qu’il avait l’intention de former un gouvernement et de mettre en œuvre son programme de fortes taxes et de dépenses.

Mais le bloc n’a pas réussi à obtenir une majorité absolue et, en raison des profonds désaccords entre la gauche et les alliés centristes potentiels, le chemin du NFP vers le pouvoir reste incertain.

Raphaël Glucksmann, un dirigeant politique de centre-gauche de premier plan, a déclaré : « Nous sommes en avance, mais nous sommes dans un Parlement divisé… nous allons donc devoir nous comporter comme des adultes. » Mais peu d’autres membres de son alliance sont prêts à faire des compromis.

Voici cinq points clés du dernier tour du vote parlementaire :

Le Front républicain résiste à l’extrême droite

Le résultat de dimanche montre la Front républicain est vivant et en bonne santé.

La tradition politique française de partis de gauche et du centre s’unissant pour bloquer l’extrême droite – une stratégie qui impliquait de retirer tactiquement des candidats des courses à trois – a dépassé les attentes.

Le NFP et l’Ensemble de Macron ont retiré plus de 200 candidats avant le second tour, demandant à leurs sympathisants de voter contre l’extrême droite. Le RN, arrivé en tête au premier tour en juin, est ainsi relégué à la troisième place.

Malgré les craintes de voir de nombreux électeurs français s’abstenir de voter s’ils étaient contraints de choisir entre l’extrême droite et l’extrême gauche, la participation a atteint un niveau record de près de 67 %. Beaucoup ont voté de manière tactique pour arrêter le parti de Le Pen.

Le NFP est ainsi devenu le plus grand groupe du nouveau parlement avec 180 sièges. Ensemble a perdu plus de 100 sièges lors de la dernière législature mais sera le deuxième plus grand bloc, remportant plus de seconds tours contre l’extrême droite que contre les partis de gauche.

Le centre-gauche gagne du terrain au sein du NFP

Jean-Luc Mélenchon, chef du parti d’extrême gauche La France Insoumise et militant anticapitaliste, s’est empressé de déclarer sa victoire dimanche et d’exiger la formation d’un gouvernement.

Mais derrière les bons résultats du NFP se cache un changement de l’équilibre des forces. Si la LFI de Mélenchon reste le plus grand parti du groupe, le vote a renforcé la position des gauchistes plus modérés.

Cela rendra plus difficile pour Mélenchon et ses partisans d’imposer un candidat au poste de Premier ministre, puisque les dirigeants du large bloc de gauche – qui viennent de toute l’alliance – négocieront désormais entre eux pour se mettre d’accord sur un candidat.

Du côté de la gauche, LFI a remporté 74 sièges, le Parti socialiste 59 et les Verts 28, selon Le Monde. Le Parti communiste a remporté neuf sièges, tandis que d’autres alliés de moindre envergure se sont partagé le reste.

Les électeurs de gauche ont le plus changé d’avis entre les tours

Les électeurs de gauche étaient beaucoup plus susceptibles de voter au second tour pour des candidats qu’ils n’avaient pas soutenus au premier.

Lors du second tour entre les candidats d’Ensemble et d’extrême droite, 72% des électeurs qui avaient initialement choisi un parti de gauche ont choisi les centristes au second tour, selon l’institut de sondage Ipsos. Seuls 3% ont opté pour le parti de Marine Le Pen.

Mais là où les électeurs ont dû choisir entre les deux extrêmes au second tour — entre le parti d’extrême gauche LFI et le RN d’extrême droite —, 43 % de ceux qui ont voté pour Ensemble de Macron au premier tour ont basculé vers l’extrême gauche, tandis que 19 % ont choisi l’extrême droite.

Le chef du Parti socialiste, Olivier Faure, a déclaré dimanche : « Il y a trois semaines, l’extrême droite était à près de 40 %. [of the vote]. Aujourd’hui, elle est vaincue. Notre pays a su réagir.

L’alliance de Macron a dépassé les attentes (assez faibles)

L’alliance centriste Ensemble de Macron a perdu plus d’un tiers de ses sièges lors des élections de 2022, tombant à 159 sièges.

Mais le pacte avec la gauche contre l’extrême droite – ainsi qu’une campagne active menée par le Premier ministre Gabriel Attal – leur ont permis d’éviter la défaite plus écrasante que celle annoncée par certains sondages.

Le camp Macron a également été aidé par la forte participation, qui a permis à ses candidats de se qualifier pour le second tour.

Les ambitions du RN de gouverner ont été anéanties, mais son ascension se poursuit

Le RN d’extrême droite et ses alliés ont gagné du terrain de manière constante au cours de la dernière décennie, passant de seulement deux sièges en 2012 à 143 après le vote de dimanche.

La présence parlementaire du parti a atteint un niveau record à l’approche des élections présidentielles de 2027, ce qui a poussé Le Pen à déclarer : « Notre victoire n’a été que retardée. »

La déception était toujours vive au siège du parti d’extrême droite, qui était loin d’avoir obtenu la majorité absolue qu’il pensait pouvoir atteindre quelques jours plus tôt, anéantissant ainsi les espoirs du parti de gouverner pour la première fois.

Le RN reste fort dans le Pas-de-Calais et le Nord, où Marine Le Pen a remporté son siège dès le premier tour le 30 juin. Il a également progressé dans le sud-est de la France, mais n’a pas réussi à convertir la majorité de ses victoires du premier tour en victoires au second tour.

Visualisation de données supplémentaires par Janina Conboye



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