Grande distribution, maxi fraude fiscale : TVA éludée pour 260 millions et 15 entreprises impliquées


Une filleou fausses factures pour 1,8 milliard avec fraude à la TVA pour plus de 260 millions. Telles sont les dimensions de la maxi escroquerie qui a eu lieu sur les exercices fiscaux 2015-2019, impliquant 15 sociétés de grande distribution ainsi qu’un réseau d’intermédiaires et de cash & carry. Il y a 39 personnes physiques mises en examen, dont Gérard Lavinay et Stéphane Coum, respectivement ancien PDG et ancien directeur général délégué de Carrefour Italia, et Franco Castagna, ancien directeur financier d’Auchan. L’enquête concerne également 7 personnes morales, tandis que des mesures conservatoires ont été prononcées pour 13 personnes, dont 9 assignées à résidence. Les accusations vont de l’association de malfaiteurs à la fraude fiscale.

L’enquête du parquet de Milan a reconstitué un « système » de fraude carrousel à grande échelle, mené par les principales entreprises de grande distribution : Gs (contrôlée par Carrefour), Auchan, qui appartient désormais à Margherita Distribuzione-BDC, Miti et Apulia Distribution. Cette dernière était depuis 2004 master franchisée d’Auchan avec un réseau de magasins dans le Sud et en 2019 elle est devenue master franchisée Carrefour.

Les deux associations

L’enquête découle de vérifications sur Auchan, après que le fisc eut reçu une communication deL’administration fiscale suédoise. Deux associations criminelles distinctes ont émergé qui s’occupaient l’une des opérations internationales, l’autre des opérations entièrement italiennes.

Selon les procureurs, la première serait une « fraude carrousel transnationale complexe » afin de se soustraire à la TVA et à l’IRES. La Guardia di Finanza a reconstitué un tourbillon frénétique de ventes « papier » de marchandises, qui, à partir d’entreprises « filtres » dispersées dans toute l’Italie, approvisionnaient en nourriture les supermarchés des chaînes GS, Auchan, Miti et Apulia Distribuzione, puis passaient au « conduit  » – des sociétés relais utilisées pour canaliser les flux de revenus des États à forte fiscalité vers les États à faible fiscalité – basées en Suède, en Pologne, en Slovénie et en Bulgarie. Un « système » qui, dans une troisième phase, a signalé, toujours de manière exclusivement documentaire, les marchandises à l’Italie.

Avec la deuxième association, l’italienne, des sociétés de grande distribution (comme Gs) auraient vendu des biens non assujettis à la TVA à des « papeteries » sans condition d’exportateur habituel, en utilisant de fausses lettres d’intention. Les deux systèmes auraient eu pour objectif d’échapper à la TVA et à l’IRES « sans risques commerciaux », selon les documents.



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