La joie nationale suscitée par le succès relatif de l’équipe de football polonaise lors de la Coupe du monde au Qatar s’est transformée en une querelle politique en quelques jours. L’équipe, dirigée par Robert Lewandowski, a survécu à la phase de groupes pour la première fois depuis 1986 et – en Pologne au moins aussi importante – a surclassé l’Allemagne voisine. Après une défaite (3-1) contre la France championne du monde en titre en huitièmes de finale, l’équipe est rentrée la tête haute. Et, semblait-il, avec des poches bien remplies.
Lors d’une réunion d’adieu avant le tournoi, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait promis aux joueurs une « récompense décente » d’au moins 30 millions de zlotys (6,4 millions d’euros) s’ils atteignaient le second tour. Pas une somme énorme à répartir entre 26 joueurs de football professionnels bien payés, mais apparemment assez pour discuter en interne. Selon les médias polonais, Lewandowski, le plus riche de tous, ne voulait pas que l’entraîneur national Czeslaw Michniewicz partage substantiellement le butin.
Mais le vrai perdant s’est avéré être le Premier ministre Morawiecki, qui, après que sa promesse a été divulguée par l’opposition, a été dénoncé sur les réseaux sociaux et au sein de son propre parti PiS pour le généreux don du Trésor public. La Pologne est aux prises avec une inflation record de près de 18 % et de nombreux citoyens sont aux prises avec des coûts énergétiques élevés et d’autres nécessités de base. Avec les élections nationales qui se profilent l’année prochaine, toute gaffe politique est dangereuse.
Mardi matin, Morawiecki a déclaré que la prime était due aux joueurs. Plus tard dans la journée, il a suggéré qu’il était important d’investir dans le sport de haut niveau. Et à la fin de la journée, il a retiré la totalité du cadeau : « En fin de compte, aucun argent du gouvernement n’ira aux bonus des joueurs de football », a-t-il déclaré via Facebook.
Pour Morawiecki, on espère que sa générosité malavisée de l’argent des contribuables sera oubliée aussi rapidement en Pologne que les exploits sportifs de l’équipe de football à l’extérieur.