Garrincha, le moineau tué par l’alcool. De la gloire à la solitude totale

Il y a quarante ans, le 20 janvier, mourait Manuel Dos Santos, le fils de la pauvreté qui avait fait de la boiterie causée par la poliomyélite son arme invincible. Il a disputé trois Coupes du Monde et en a remporté deux, avant l’aventure dans le Sacrofano, en Première Catégorie…

Hôpital Boa Vista à Rio de Janeiro, pavillon Santa Teresa, celui réservé aux alcooliques. C’est la nuit du jeudi 20 janvier 1983. À l’âge de 49 ans, détruit par l’alcool, après une vie distraite et désespérée, meurt Manuel Dos Santos, connu dans le monde sous le nom de Garrincha, un surnom dérivé d’un moineau. « Voyez-vous ce petit oiseau ? » C’est sa sœur Rosa qui les leur montre alors qu’ils sont encore enfants. « Lequel ? », demande Mané. « Le petit tordu à la queue rousse ». Manè essaie de le localiser parmi les branches denses des arbres. « Tu lui ressembles, Manè », dit sa sœur. Et puis il se met à rire bruyamment, tandis que Manè reste hébété, fixant ce moineau tordu et apeuré qui ne peut se détacher de la branche sur laquelle il s’appuie. Ça le rend tendre, car – vraiment – ce petit oiseau lui ressemble. Le lendemain à l’aube, Garrincha a été retrouvée sans vie par les médecins, assise dans un fauteuil roulant. Il s’en va seul, abandonné et oublié de tous, après avoir tenté de se suicider à plusieurs reprises. Il a passé ces derniers jours à boire de la cachaça dans les tavernes du quartier Bangu de Rio.



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