Freddy Horion à propos de son éventuelle sortie de prison : « Alors appliquez la peine de mort, c’est plus humain »


La lutte du deuxième prisonnier le plus ancien du pays dure depuis 20 ans. Pendant si longtemps, Freddy Horion a principalement combattu l’image du méchant ultime, telle qu’il l’a construite au cours de son propre processus. Mais à quel point est-il vraiment dangereux, maintenant que la Cour d’appel d’Anvers a décidé qu’il devait être transféré de la prison vers un centre psychiatrique médico-légal ?

Douglas De Coninck

« Vous savez que 99 pour cent de tous les détenus sont libérés un jour, n’est-ce pas ? », a commenté jeudi soir une source au sein du système pénitentiaire à propos de l’arrêt Horion. « Cela signifie que 1 pour cent ne sera jamais libéré. »

C’est une règle non écrite et inexorable depuis des décennies. Certains détenus ne seront jamais libérés. On ne sait pas clairement qui effectue cette sélection dite négative. Le tueur en série Staf Van Eyken, âgé de 72 ans et emprisonné depuis 51 ans, figure sur la liste. Avec Marc Dutroux (67 ans) et donc aussi Freddy Horion (76 ans).

Faux aveux

Horion a été reconnu coupable par la cour d’assises au début des années 1980 du meurtre de cinq membres de la famille de Roland Steyaert en juin 1979 et du meurtre avec vol de la Russe Helena Lichatchewski quelques mois plus tôt. Il est clair pour beaucoup qu’Horion n’a pas commis ce dernier meurtre. Il a reconnu en 2009 dans des lettres à un ancien interrogateur et à ce journal qu’il avait fait à l’époque de faux aveux pour donner au véritable auteur, un ami d’enfance R., une vie de liberté et que « de toute façon, cela ne m’importait pas ». « .

La Flandre a eu un avant et un après Freddy Horion. Lors de son procès, il a choisi le look du méchant ultime. C’était son propre choix de devenir l’incarnation du mal ultime en guise de pénitence. A la fin de son procès, il a demandé au jury de l’enfermer dans le cachot le plus profond : « Je ne devrais plus vivre avec toi. »

Bien qu’il soit en prison depuis 44 ans, Horion dispose d’un vaste cercle d’amis avec lesquels il correspond intensément. Il a trouvé de jeunes avocats pénalistes tels que Bart Vosters et récemment Jürgen Millen prêts à se donner pour mission de le faire libérer bénévolement.

‘Risque modéré’

Lors d’un dernier examen psychiatrique majeur en 2018, à la demande du tribunal correctionnel de Gand (SURB), Horion a été évalué comme n’étant pas du tout un psychopathe. Il a commis ces meurtres dans ce qui a été considéré comme un accès de ressentiment unique, car un jury populaire l’avait puni très sévèrement quelques années plus tôt pour plusieurs vols commis avec R.. Le conseil a statué il y a cinq ans qu’il n’avait plus sa place en prison, mais qu’il était en détention depuis trop longtemps pour s’habituer à la nouvelle société. Il recommandait la probation en psychiatrie légale, mais le système judiciaire n’y a jamais donné suite.

Le 9 mai de cette année, la Cour européenne des droits de l’homme (CrEDH) a condamné l’État belge pour « traitement inhumain ». Le 13 novembre, la Cour d’appel d’Anvers a confirmé ce jugement en condamnant l’Etat à une amende de 1.000 euros par jour si aucune démarche de réhabilitation n’est entreprise dans un délai de six mois. Ce n’est que mercredi que la nouvelle a été connue du grand public.

Selon le ministre de la Justice Paul Van Tigchelt (Open Vld), il n’est pas acquis qu’Horion soit inoffensif : « J’ai lu des rapports du service psychosocial de la prison et ils disent qu’Horion pourrait encore être dangereux, qu’il y a un risque de manipulation et qu’il prend le contrôle des gens.

Selon son avocat Jürgen Millen, le ministre fait référence au même rapport de 2018. « Ce rapport dit qu’il ne devrait plus être en prison », déclare Millen. « Alors oubliez la dangerosité. Le rapport indique certes qu’il existe un « risque modéré » de récidive, mais cela s’applique à chacun d’entre nous. Le ministre viole le rapport psychiatrique.

Le psychiatre judiciaire Hans Hellebuyk confirme que le « risque modéré » est le meilleur score possible pour quelqu’un comme Horion : « Il existe des systèmes d’évaluation des risques. « Modéré » est ce que le détenu moyen obtient. »

Le cabinet Van Tigchelt a annoncé que les rapports annuels du SURB diffèrent du rapport de 2018. Horion comparaîtra à nouveau devant le SURB en mars.

Gert Verhulst

Freddy Horion y est déjà apparu plus de 30 fois avec une demande d’autorisation ou de libération et décrit dans une lettre à Le matin comment il vit toujours les refus : « Il y a quatre ans, j’ai dit au SURB : si vous ne voulez pas me donner de chance, exécutez la peine de mort, c’est plus humain que la torture psychologique que je dois endurer depuis des années .»

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Dans une lettre plus récente, le 20 mai, il s’est plaint des réactions médiatiques à l’arrêt de la Cour EDH : « Dans une émission télévisée, La table de quatreGert Verhulst a demandé aux personnes autour de la table s’il était possible de me libérer. Bien sûr, ces gens disent non. Ils sont surpris et ne savent pas de quoi il s’agit. Que Verhulst n’a pas le droit de demander une telle chose, sept juges internationaux ont décidé que je devais être réhabilité.»

Dans la même lettre, il parle de Johan Steyaert, le frère de Roland Steyaert. Il a réagi avec émotion à l’annonce de son arrestation jeudi. Il préférerait voir Horion mourir en prison. « C’est dommage qu’ils ne rediffusent pas le talk-show de Marlène de Wouters », écrit Horion. « Il y a plus de vingt ans, ce frère était en studio. Marlène a dit :  » Ne seriez-vous pas plus disposé à accepter qu’il le fasse ? être libéré?’ Il m’a alors répondu que je ne lui avais jamais manifesté aucun remords. « S’il vous envoyait une lettre, demanda Marlène, seriez-vous satisfait ? Il a dit : « Je ne l’ouvrirais même pas. »



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