Franz Beckenbauer : L’empereur, qui a toujours été un peu pop


Il est décédé le 7 janvier à Salzbourg à l’âge de 78 ans. Retour sur sa vie dans la pop.

Dans une anthologie publiée par la chaîne de stations-service allemande « Aral » à l’occasion de la Coupe du monde de football de 1970 au Mexique, Franz Beckenbauer ne se contente pas de donner l’avant-propos : « Pour mes camarades de l’équipe nationale allemande et pour moi, les matchs seront un moment fort dans nos carrières », y dit-il en style sportif.

Beckenbauer est le visage de cette campagne marketing des vendeurs d’essence. Dans le même volume, vous trouverez « My Little Football School » (sponsorisé par Adidas) avec des conseils pour dribbler ou « se cogner la tête ».

Une histoire de famille dans la maison de Solln près de Munich, avec son épouse Brigitte et leurs trois fils, complète ce tableau agréable. Franz Beckenbauer aura 25 ans au moment de la Coupe du monde au Mexique.

Dès 1967, il faisait la publicité de ses produits dans une publicité de soupe légendaire pour « Knorr ». Plus tard (1986), il explique la finesse tactique à l’aide de gobelets en plastique de « Müller Milch ». Aux côtés d’Uwe Seeler, qui s’est tenu devant le miroir de la salle de bain pour l’après-rasage « Pitralon », il a été l’un des premiers footballeurs de la Bundesliga allemande à savoir commercialiser sa « renommée » en dehors des stades. Avec l’aide active du manager du Bayern, Robert Schwan, décédé en 2002. Il enregistre également des singles (à succès), mais ce sont aussi des musiques d’accompagnement plutôt ennuyeuses.

Le football moderne

Le Kaiser comprend très tôt comment fonctionne le football moderne. Mais malgré toute l’élégance et la grandeur sur le terrain, était-il une icône de la pop ? Plutôt pas. Ou, pour le dire autrement : d’abord par des détours. Il faut avoir plus de 30 ans pour découvrir le chic sur la piste de danse.

Contrairement à Günther Netzer, par exemple, qui pose en manteau de fourrure de proxénète devant sa discothèque « Lover’s Lane » à Mönchengladbach sur le Bas-Rhin, l’empereur reste d’abord dans le camp bavarois-bourgeois.

« Nous faisons beaucoup », admet-il dans le livre d’Aral sur la Coupe du monde. « Nous avons une maison à Solln et je conduis une voiture qui coûte très cher. Mais nous ne jetons aucune marque par la fenêtre !

Contrairement au mauvais garçon de Manchester United, George Best, le jeune Beckenbauer, originaire de la banlieue de Munich, se concentre sur le sport. La maison individuelle à la campagne lui sert de régénération.

New York devient l’empire de l’empereur

Cela a soudainement changé lorsqu’il a rejoint le club exotique Cosmos New York le 1er juillet 1977, à l’automne de sa carrière de footballeur. « New York est devenu un empire », affirme une chronique officielle du Musée du Bayern Munich.

« Et Franz Beckenbauer est finalement devenu un homme du monde aux USA, entre les canyons urbains de la Big Apple au travers de rencontres avec Andy Warhol, Cassius Clay et Mick Jagger, sur le terrain de football aux côtés de Pelé, Carlos Alberto, Giorgio Chinaglia – et Werner. Roth, le capitaine germanophone de l’ensemble des stars mondiales Cosmos, censé rendre le football socialement acceptable aux États-Unis. Les États-Unis étaient, comme on le disait à l’époque, le pays des opportunités illimitées. Et New York offrait un terrain de jeu parfait… »

Dans la ligue fantastique américaine, qui n’existait pas depuis longtemps à l’époque, le sport a pu passer au second plan. Et le spectacle, y compris quelques visites à la super discothèque « Studio 54 », devient également plus important pour Beckenbauer.

Après son retour en Europe, il fut anobli à New York. Et la deuxième et longue phase de Franz Beckenbauer en tant que bon vivant, entraîneur et père de la Coupe du monde 2006 en Allemagne peut commencer.

L’empereur, si l’on veut, n’a découvert que tardivement la dolce vita que son génie sur le terrain lui permettait. Dans sa jeunesse, il était un libéro bavarois relativement sage, devenant plus tard ce qu’on appelle « l’homme du monde ».



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