Flat Tax à 85 mille euros, c’est comme ça que ça va marcher


Le régime forfaitaire désormais rebaptisé par l’opinion publique Flat Tax s’apprête à changer de visage. Avec l’arrivée de la loi de finances attendue lundi 21 novembre en Conseil des ministres, outre le relèvement du seuil de 65 mille à 85 mille du seuil de revenu ou de compensation pour bénéficier du régime subventionné, une clause anti-évasion ou plutôt anti-sournoise de l’impôt forfaitaire de 15 % est également en route. A ces deux changements s’ajoute la flat tax dite incrémentale.

Le seuil de 65 mille à 85 mille euros

L’augmentation de la Flat Tax et en particulier du seuil de revenus et de compensations qui permet d’appliquer uneimpôt forfaitaire de 15% tenant lieu d’impôt sur le revenu des personnes physiques, Irap et TVA, a toujours été une bataille du centre droit et notamment de la Ligue. Désormais, le gouvernement vise à le porter de 65 000 à 85 000, également grâce aux nouvelles règles de TVA qui prévoient expressément un régime préférentiel pour les contribuables minimaux et qui en 2025 pourraient atteindre jusqu’à 100 000 euros de revenus ou de compensation. Avec la loi de finances, l’objectif est donc d’entamer ce processus et dans un premier temps, comme mentionné, le seuil sera relevé de 65 000 à 85 000 euros après avoir déjà nécessairement soumis une demande formelle à Bruxelles. Dans l’ensemble, sur la base des données du Mef, les numéros de TVA intéressés à entrer dans le nouveau régime seront un peu plus de 100 mille.

Le piège anti-évasion au dessus de 100 mille euros

Le relèvement du seuil à 85 000 s’accompagnera d’un piège anti-évasion, un mécanisme d’expulsion immédiate du régime forfaitaire pour ceux qui tentent de jouer avec le chiffre d’affaires et les revenus. Le mécanisme actuel permet en effet à un numéro de TVA de dépasser le seuil de 65 mille euros sans subir de répercussion fiscale immédiate. En substance, en supposant qu’un professionnel en 2022 sous régime forfaitaire ait enregistré des honoraires supérieurs à 300 milliers d’euros l’année suivante, soit 2024, il ne paiera que 15 % d’impôts précisément parce qu’il est sous régime forfaitaire. En 2024, donc, le même professionnel pourrait plutôt se limiter aux factures et tout faire pour revenir sous le seuil. Une sorte d’ascenseur du fisc auprès duquel les impôts sont toujours payés dans une moindre mesure.

Mettre fin à cette sorte de porte tournante pour entrer et sortir de la Flat Tax la prochaine loi de finances introduit un durcissement: ceux qui, à partir de 2023, auront une rémunération ou des revenus supérieurs à 100 000 euros quitteront immédiatement le régime forfaitaire et à partir du moment où ils enregistreront le dépassement des 100 000, ils reviendront également à l’émission de factures de TVA. Ceux qui, en revanche, dépasseront le nouveau seuil de 85.000 tout en restant en dessous de 100.000 euros de recettes ou de redevances sortiront du régime forfaitaire à partir de l’année suivante et donc à partir de 2024.

Le risque de sous-facturation

Cependant, le risque de sous-facturation demeure dans la tentative de maintien du régime subventionné, comme le souligne le MEF lui-même dans le rapport sur l’évasion fiscale joint à la Nadef. Selon la commission présidée par Alessandro Santoro, «L’introduction d’un impôt forfaitaire jusqu’à un certain seuil peut générer des comportements anormaux en correspondance avec le même seuil».



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