Fini les abus « du temps du curé Daens » : les livreurs de colis sont payés équitablement et doivent se reposer après neuf heures au volant


Fin 2021, Joppe Nuyts, journaliste d’investigation de Les dernières nouvelles, travaillant sous couverture pendant quelques semaines à la société de colis PostNL. Il a vu l’exploitation, le travail non déclaré et aussi le travail des enfants. À la suite de l’enquête, l’inspection sociale, la police et les douanes ont fait une descente dans les dépôts de PostNL. Dix cas de fraude sociale ont été recensés. La ministre compétente Petra De Sutter a parlé de « choses qui me rappellent le XIXe siècle de Daens ».

Les grands noms du monde de la messagerie travaillent souvent avec de plus petites entreprises qui livrent les colis au domicile du client. Ces sous-traitants sont payés par colis et par fourgon qui entre dans les dépôts. Au cours de ses recherches, Nuyts a constaté que certains sous-traitants ne recevaient qu’1 euro par colis. En raison de ces faibles taux, ils arrivent difficilement à joindre les deux bouts.

Crucial

Aujourd’hui, un nouvel avant-projet de loi est prêt pour lutter contre les abus sociaux dans les entreprises de colis. En premier lieu, les coursiers (indépendants) recevront bientôt une indemnité minimale légale. La loi dite «poste» doit être adaptée pour cela, à l’instar de la réglementation qui existe déjà pour les chauffeurs routiers dans la loi sur les transports.

« Une rémunération minimale pour les livreurs de colis est cruciale », déclare De Sutter. Elle ne peut pas encore donner de montant exact. « Nous allons regarder les salaires des employés de la commission paritaire des transports routiers pour des tiers. Cela garantit que les coursiers peuvent joindre les deux bouts et sont payés équitablement. De plus, les coursiers indépendants n’auront plus à payer eux-mêmes les frais pour être légalement en règle et pouvoir conduire. Cela peut aller de l’assurance aux impôts.

A l’instar des chauffeurs routiers, les coursiers seront autorisés à livrer des colis à la porte pendant un maximum de 9 heures par jour. Au total, cela concerne un maximum de 56 heures par semaine au volant ou 90 heures par quinzaine. De Sutter : « Ainsi, plus de coursiers fatigués dans nos rues. »

Un centre de distribution du magasin en ligne Bol.com aux Pays-Bas.Image BELGAIMAGE

Amende

Le bâton derrière la porte ? Les entreprises de colis peuvent être condamnées à une amende si leurs sous-traitants paient trop peu leurs coursiers ou mettent trop de temps à conduire. Cette amende peut atteindre 5 % de leur chiffre d’affaires. Il y aura aussi plus de transparence. Désormais, les entreprises de colis ne savent parfois pas si les sous-traitants avec lesquels elles travaillent respectent ou non les règles. C’est pourquoi chaque entreprise devra bientôt s’enregistrer auprès du régulateur de l’IBPT. Il établira une liste de sous-traitants de bonne foi.

Le ministre du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS) répond avec satisfaction. « Le travail sous-payé est un problème majeur dans l’industrie de la livraison de colis. Pour la première fois, une rémunération minimale est désormais fixée au sein d’un secteur. Il s’agit d’une avancée majeure, qu’il convient désormais de mettre en pratique rapidement. La rémunération minimale stipulée peut constituer un modèle pour d’autres secteurs où le même problème se pose. Il pense, entre autres, à l’économie de la construction et des plateformes.

Les chiffres de Dermagne montrent qu’en 2022, un total de 415 contrôles ont été effectués auprès des entreprises de colis. Une ou plusieurs infractions ont été constatées lors de 122 inspections. C’est presque 30 pour cent.

L’organisation faîtière commerciale Comeos craint une distorsion de la concurrence. « Si cette nouvelle législation ne s’applique qu’aux entreprises belges, vous risquez de ne pas toucher aux nombreux acteurs étrangers. C’est un problème », répond Klaas Soens, responsable du département social. « Je pense que nous devrions principalement nous concentrer sur davantage de contrôles de la législation existante. » Chez Dermagne, il est indiqué que le nombre de contrôles sera augmenté au fil des années.



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