Fière paysanne

Il y a quatre ans, nous avions Thierry Baudet, maintenant nous avons Caroline van der Plas. Elle aura beaucoup de succès lors des élections du Conseil provincial de la semaine prochaine, comme Baudet a triomphé lors des élections précédentes. Les talk-shows s’enfuient avec elle, le populisme peut avoir un nouveau visage.

« Vous avez aidé Baudet à se mettre en selle », a récemment déclaré Jeroen Pauw, animateur du talk-show de Sjuul Paradijs. C’est ce que dit l’ancien rédacteur en chef de Le télégraphe, un journal qui n’a rien essayé d’autre que d’aider les populistes les uns après les autres, également indirectement par le biais de campagnes de haine contre des politiciens décents tels que Femke Halsema et Sigrid Kaag. Pauw pourrait facilement réfuter l’accusation dans cette affaire car Paradijs s’est avéré ne pas avoir les faits dans l’ordre chronologique.

Le fait est que les talk-shows en général sont beaucoup trop désireux d’ouvrir leurs portes aux politiciens populistes. La récalcitrance est tout simplement bénéfique pour les téléspectateurs. Surtout Fortuyn et Baudet et maintenant encore Eerdmans et Van der Plas en ont fait un usage reconnaissant.

Combien de renommée télévisée est recherchée, est montré cette semaine dans une interview dans fidélité avec Henk Otten, le co-fondateur de Forum for Democracy qui a finalement été expulsé en tant que membre après un affrontement avec Baudet. « Vous vouliez utiliser Baudet ? demande l’intervieweur. Otten : « Oui, j’ai pensé : il passe très bien devant la caméra, a l’air frais, une figure de proue moderne. » Il considérait Baudet comme « une bonne version de ce qui n’allait pas après Fortuyn ».

Ce qui s’est produit? Ce qu’on appelait encore fierté chez Fortuyn, est devenu délirant chez Baudet. Baudet s’est avéré fou. Après son triomphe aux élections du Conseil provincial, il a prononcé un discours aussi risible qu’incompréhensible sur la chouette de Minerve et l’Europe boréale. « J’ai eu les larmes aux yeux », dit maintenant Otten. « C’était une connerie quasi intellectuelle. Il a détruit le parti.

Heureusement, vous pourriez penser, mais Otten – les populistes ne le désapprennent jamais – pense que c’est une occasion manquée. Au fond, il est plus déçu de la personne Baudet que de l’homme politique Baudet. « Et je n’ai pas assez réalisé à quel point Baudet est méchant. […] Très sournois. Je suis allé pour le succès et il est allé pour lui-même. Il mentionne que Baudet a des liens douteux avec la Russie (« Poutine est un gars formidable »), mais plus comme un fait mineur.

Caroline van der Plas sera-t-elle la nouvelle Baudet ? En termes de succès électoral, probablement oui, mais après cela la comparaison ne sera bientôt plus valable. Elle me semble beaucoup plus terre-à-terre et moins vaniteuse que Baudet, elle ne repoussera pas ses partisans par des commérages hautains. Elle reste donc la coqueluche des talk-shows en fermière fière, qui hausse les épaules face à ces politiciens idiots au discours compliqué. On peut compter sur une répétition sans fin de son répertoire habituel : objections à l’azote hoho, agriculteurs oui. Si cela ne tient qu’à Van der Plas, je pourrai bientôt avoir une « maison kangourou », une maison de jardin près de mes enfants, pour qu’ils puissent s’occuper de moi. Que veulent de plus les anciens ?

Van der Plas deviendra plutôt une nouvelle version de Fortuyn que de Baudet. En ce sens, elle peut être une adversaire plus difficile pour la politique établie que Baudet ne l’a jamais été. Wilders a aussi un concurrent.



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