Falcone et le terrible 1992, l’année où l’Italie a tremblé – Le premier épisode du podcast

Le 23 mai 1992, en Italie, on discute politique et vélo. Les élections présidentielles, pour donner au pays le successeur de Cossiga, traînent en longueur depuis une dizaine de jours. La fracture parlementaire donne naissance au chaos et au peu de synthèse. Le nom de Giulio Adreotti est évoqué, mais les récents récits de la Cosa Nostra – avec le meurtre de son ami Salvo Lima – créent une certaine gêne autour du nom du leader chrétien-démocrate.

Dans les rues du Giro d’Italia, en revanche, on retrouve Claudio Chiappucci d’Uboldo (Va), qui tente de concourir pour le maillot rose face à un redoutable cycliste : l’Espagnol Miguel Indurain.

Plus que quelques minutes moins 17 heures lorsqu’un jet Sisde (un avion des services secrets) atterrit à l’aéroport de Punta Raisi, à quelques kilomètres de Palerme, transportant le magistrat Giovanni Falcone.

Il vient de Rome, comme tous les week-ends. Falcone tient à passer le week-end à Palerme. Trois Fiat Croma blindées l’attendent : une blanche, une marron et une bleue. Le magistrat conduit la voiture blanche. A ses côtés sa femme Francesca Morvillo. Le chauffeur, Giuseppe Costanza, occupe la banquette arrière.

La Croma brune est plutôt conduite par le policier, Vito Schifani. A ses côtés son collègue Antonio Montinaro, et derrière lui Rocco Dicillo. Enfin, la Fiat Croma bleue accueille Paolo Capuzza, Gaspare Cervello et Angelo Corbo.

En quittant l’aéroport de Punta Raisi, les voitures s’alignent : la voiture avec Giovanni Falcone à bord est au milieu, précédée de celle conduite par Vito Schifani. Ils prennent l’autoroute A29 en direction de Palerme.

Au même moment, un mafieux d’Altofonte nommé, Gioacchino La Barbera, suit les trois Fiat Croma et reste en contact téléphonique avec Giovanni Brusca et Antonino Gioè, deux principaux représentants de la Cosa Nostra, qui observent l’autoroute depuis une colline.

Il est 17h58 lorsque la communication téléphonique entre La Barbera et Brusca est interrompue. Quelques secondes passent et un tronçon de l’autoroute A29 est désintégré par l’explosion de 1000 kg de TNT placés à l’intérieur de fûts, dans un tunnel de drainage sous l’autoroute. Pour faire fonctionner la télécommande est Giovanni Brusca.

L’explosion frappe la Fiat Croma marron avec Vito Schifani, Antonio Montinaro et Rocco Dicillo à son bord, la jetant à une dizaine de mètres, sur un jardin d’oliviers qui longe l’autoroute. Les trois meurent instantanément.

La voiture avec Falcone à bord est éraflée, mais se retrouve contre le tas de débris soulevé par l’explosion. La troisième Fiat Croma, la bleue, est la moins touchée, ce qui sauvera la vie des trois occupants.

Les sauvetages sont déclenchés en quelques minutes. Giovanni Falcone est toujours en vie et est transporté à l’hôpital civique de Palerme. Mais ses conditions sont désespérées. L’ami juge, Paolo Borsellino, arrive aussitôt à son chevet. Falcone ne reprend jamais conscience et son cœur s’arrête de battre à 19h05, après de nombreuses tentatives de réanimation. Il meurt dans les bras de Borsellino.

Trois heures plus tard, à 22 heures, Francesca Morvillo meurt également, alors que les médecins la soumettent à une opération désespérée pour l’arracher à la mort. Giuseppe Costanza, quant à lui, reste miraculeusement en vie.

Pour toute l’Italie, cette journée commencée par les espoirs de Claudio Chiappucci au Giro, se termine de manière fatale par les images du massacre de Capaci qui font le tour du monde.



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