Et si les gynécologues et les médecins nous apprenaient à sortir de la bulle de la maternité et à prendre davantage conscience de ce qui peut se passer après un accouchement ?


hou lu des choses terribles sur le cas de la mère de Pertini qui s’est endormie et de son bébé qui est mort en l’allaitant.
Je crois que personne ne devrait et ne peut intervenir sur la douleur d’une mère. Personne ne peut comprendre à quel point cette souffrance est profonde et atavique. J’ai lu des commentaires comme « ma femme a donné naissance à trois enfants à Pertini et ils sont tous vivants ». « Accoucher est normal, si elle était si fatiguée, elle n’aurait pas dû avoir de bébé ».

Manque d’empathie

Ce sont des jugements manquant d’empathie envers un femme qui en ce moment a juste besoin de solidarité et de protection. Les prochains jours, les prochains mois seront très lourds pour elle. POURla blâmer aussi pour ce qu’elle a ou n’a pas (et si c’était juste un destin tragique ?) à quoi bon ? Aussi parce que son avenir a été soudainement anéanti et qu’il essaiera désormais de rembobiner la bande de ce qui s’est passé des milliers de fois.

Je sais ce que ça fait. Parce que, comme le savent les gens qui me connaissent, J’ai perdu ma fille Carolina en 2011 vingt heures seulement après avoir accouché. Il ne s’est pas écrasé sous mon corps : a cessé de respirer, un virus est entré dans ses poumons, et après une seule inspiration, il a pris la vie qu’elle venait de gagner.

Maternité refusée. Parle-moi d’elle par Michaela K. Bellisario, Le Caire

Je n’ai blâmé personne. Peut-être que j’aurais pu faire ça (J’étais à l’hôpital pour enfants de Milan et ils n’ont pas fait la césarienne tout de suite ; en effet, je me souviens de l’anesthésiste presque agacé par cette opération quelques minutes avant minuit le 14 juillet). Mais j’ai vite réalisé que Carolina ne reviendrait pas. Je l’ai vue sans vie deux jours plus tard, avec les tubes encore attachés et le chapeau rayé que je lui avais acheté. Merci à un psychologue éclairé qui m’avait convaincu de « fermer la boucle ».

Maternité refusée

Je n’ai plus jamais eu d’enfants. Je n’ai pas rejoint le club des mamans. Pas de nourriture pour bébé, pas de dents, pas de premiers sourires. Ni ce juste balbutié « maman » que tous les parents aspirent. J’ai compris beaucoup de choses au fil des ans, bien sûr. Je suis est devenue ma propre mère, j’ai « accouché » de plusieurs projets. J’ai écrit un mémoire, Parle-moi d’elle (Le Caire), pour réconforter d’autres mamans manquées comme moi. Et beaucoup, beaucoup m’ont écrit en soulignant que mon histoire était aussi la leur. Parce que la maternité refusée, quand on y a goûté, reste sur soi comme une cicatrice. Ça colle à toi, tu deviens un survivant. C’est ce qu’on appelle le deuil périnatal.

Pendant des années, traumatisée comme je l’étais, j’ai fréquenté un groupe d’entraide à Milan soutenu par des psychothérapeutes particulièrement sensibles, Alchimie. Ensemble pour d’autres parents, nous avons créé un verger dans le parc de Baggio comme futur souvenir pour nos enfants (j’ai dédié un cerisier à Carolina qui, dans la culture japonaise, indique le sens de la vie quand il fleurit). Cette douleur reste, elle est toujours là mais elle est aussi transformée. Tout comme les graines d’arbres que nous avons plantées.

Chaque année, en octobre, nous le célébrons avec le BabyLoss.

Après l’affaire du nouveau-né étouffé à Pertini à Rome, des centaines de femmes ont raconté leur histoire

Solidarité avec maman

Embrassons cette femme de 29 ans qui s’est réveillée sans son bébé. Et demandons-nous plutôt comment rendre la maternité un moment de prise de conscience dans le passage d’un monde à un autre.

Oui, prise de conscience.

Et j’explique pourquoi. Je le répéterai toujours. J’ai une bataille avec les gynécologues et les jeunes sages-femmes à qui j’ai souvent raconté mon expérience: On ne dit jamais assez aux nouvelles mères que leur propre bébé pourrait mourir après la naissance. Et qu’en effet, lorsque vous venez au monde, la frontière entre l’univers matériel et l’univers spirituel est une ligne fine. Malheureusement, l’accouchement n’est pas un événement qui se passe toujours bien.

Car chaque jour on peut mourir de complications post-partum : c’est le côté obscur de la grossesse dont on parle trop peu et seulement quand l’actualité, comme en l’occurrence, nous le rappelle. Pourtant, médecins et gynécologues continuent de nous faire vivre dans une bulle où, bien sûr, tout ira bien. Et s’ils nous apprenaient plutôt à prendre conscience de ce qui peut se passer après l’accouchement, ne serait-ce pas mieux ?

Aucune mère ne se voit remettre un livret d’instructions lorsqu’elle entre à l’hôpital et se retrouve quelques heures plus tard avec son bébé dans les bras. Les infirmières et les sages-femmes connaissent le sujet, cependant, elles savent comment aider une mère. Rien n’est pris pour acquis. Et les malheurs, malheureusement, arrivent dans le cycle de la vie.

Mais nous restons humains. Ceux qui critiquent la mère de Pertini ne savent pas vraiment ce qu’elle dit, ils ne sont pas animés par l’amour. Avoir un enfant n’est pas qu’un événement de la nature, humain, normal et tenu pour acquis. C’est plus : c’est un événement chanceux. Une alchimie précieuse.

Disons la vérité sur la maternité.

iO Femme © REPRODUCTION RÉSERVÉE



ttn-fr-13