Au bout d’un mois, ils ont à nouveau disparu : 74 jeunes esturgeons relâchés l’année dernière dans le Biesbosch. On estime que seuls 7 d’entre eux sont encore en vie. Cependant, les poissons migrateurs sont à nouveau relâchés, cette fois à 250 morceaux. Ce n’est certainement pas bon marché. Le bas rapporte-t-il maintenant quelque chose ?

« Nous devons remplir d’énormes formalités administratives pour pouvoir relâcher les esturgeons », explique le chercheur Niels Brevé de Sportvisserij Nederland. Après avoir rédigé un plan pilote, une organisation animale, le gouvernement français, le ministère de l’Agriculture, de la Pêche, de la Sécurité alimentaire et de la Nature et le Rijkswaterstaat doivent alors avoir leur mot à dire. «Tant qu’ils estiment que le Rhin est prometteur pour l’esturgeon, nous aurons la permission.»

« Nous constatons le retour d’un certain nombre d’espèces de poissons migrateurs. »

En 1952, la situation dans les eaux néerlandaises était moins prometteuse pour l’esturgeon. Les espèces de poissons ont ensuite disparu à cause de la pollution, de la surpêche et de la construction de canaux, d’écluses et de barrages. « Nous constatons le retour d’un certain nombre d’espèces de poissons migrateurs, comme les houtings. Alors peut-être que le moment est également venu pour l’esturgeon », estime Brevé. Il assure que l’esturgeon adulte a désormais d’excellentes chances de survie dans les eaux brabançonnes.

Le chercheur Niels Brevé du Sportvisserij Nederland avec un esturgeon empaillé, lors d'un lâcher (photo : Frank van der Burg)
Le chercheur Niels Brevé du Sportvisserij Nederland avec un esturgeon empaillé, lors d’un lâcher (photo : Frank van der Burg)

Pour permettre aux poissons de nager ici, 40 000 euros sont versés chaque année à une nurserie française située sur la Gironde : le seul endroit en Europe où l’on trouve encore des esturgeons sauvages. Le nombre de poissons finalement transférés aux Pays-Bas dépend du nombre d’œufs pondus. « Il n’y a pas eu de succès de reproduction entre 2015 et 2022 », explique Brevé, « mais les choses s’améliorent l’année prochaine. »

Une fois aux Pays-Bas, les chercheurs donnent un émetteur aux esturgeons. Ils coûtent 300 euros chacun. Une fois les animaux relâchés, des antennes de la taille d’une bouteille de coca, suspendues aux bouées du Rijkswaterstaat, captent les signaux de la puce. « Dans quatre mois les piles seront vides et nous les lirons. De cette façon, nous pouvons savoir rétroactivement où se trouvaient les esturgeons », explique Brevé. Il souhaite utiliser les données pour savoir quel itinéraire ils empruntent vers la mer après avoir frayé dans la rivière et s’ils survivent à leur voyage.

« Les esturgeons n’utilisent pratiquement pas les écluses de Haringvliet. »

On peut désormais conclure des intrigues précédentes que la route vers la mer ne passe pas par le Haringvliet. Un point négatif pour la municipalité de Rotterdam. « Elle a investi 70 millions d’euros pour ouvrir les écluses de Haringvliet à la migration des poissons, mais elles ne sont guère utilisées par les esturgeons. » Le port de Rotterdam apparaît comme une route plus importante pour le poisson. Les chercheurs espèrent en outre conclure que le Rhin est propice aux poissons anciens.

« Tout comme avec la cigogne, le castor et le loup, j’espère que cela fonctionnera aussi avec l’esturgeon. »

Il s’avère que l’esturgeon vit déjà en mer du Nord. Un pêcheur d’Urk y a repéré un esturgeon de deux mètres de long il y a deux semaines. Dans le Brabant, les jeunes esturgeons sont souvent repérés après l’empoissonnement sur le Hollandsch Diep, l’Oude Maas et le Nieuwe Waterweg. Il est important que les pêcheurs signalent cela, traitent et relâchent correctement les esturgeons, souligne Brevé. « Sinon, nous ne le récupérerons jamais. Tout comme avec la cigogne, le castor et le loup, j’espère que cela fonctionnera aussi avec l’esturgeon.



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