Essayons d’imaginer ce que c’est que de vivre aujourd’hui à l’ombre du Kremlin, entre les effets des sanctions occidentales et la propagande gouvernementale


C‘est le grand océanique flux de réfugiés ukrainiens, fuyant les bombes. Et voici l’exode des russesdes centaines de citoyens, qui quittent leur pays pour échapper à la Pays tel qu’il est aujourd’hui, flagellé par les sanctions, et comme nous craignons que ce ne soit demain. La vie des Russes se complique d’heure en heure. Alors tant qu’ils le peuvent, ils essaient avant tout d’atteindre la Finlande, le pays européen qui partage le plus long frontière avec la Russie (1 335 kilomètres), à traverser en train ou en voiture, puisque l’espace aérien leur est interdit. Une échappatoire possible mais compliquée, entre visas et certificats de vaccination.

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La vie quotidienne en Russie aujourd’hui

La vie sous le ciel de Moscou est dure et menace de l’être chaque jour : Sanctions occidentales ils ont fait chuter le rouble, qui a perdu 90 % de sa valeur par rapport au dollar américain depuis le début de l’année. Les guichets automatiques se sont vidés, pris d’assaut par la population paniquée. Environ la moitié des réserves de la banque centrale ont été gelées à l’étranger. Et il y a tellement entreprises étrangères qui ont fermé leurs succursales sur le sol russe: de Chanel à Dior, d’Ikea ​​à Nike, de Sephora à Apple, d’IBM à Microsoft.

Pas de grandes marques, pas de cartes de crédit

Il n’est pas difficile d’imaginer ce que cela signifie : non seulement plus aucun Russe ne pourra plus acheter un Billy Ikea ou un iPhone mais, surtout, des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans travail. Et sur les stands des boutiques les produits made in Russia sont de retour : par exemple ? Les cosmétiques. Peu de marques résistent, comme Fast Retailing, la maison mère d’Uniqlo : elle maintiendra les succursales du groupe ouvertes en Russie, car, selon le PDG du groupe, « les citoyens russes ont le même droit de vivre que nous ».

Vivre, pas acheter. Plus maintenant : suite à une demande précise du président ukrainien Volodymyr Zelensky, cartes de crédit PayPal, Mastercard, American Express et Visa ils ont suspendu les services dans le pays. Ils ne travailleront plus à l’étranger. Et il y a ceux, comme le journaliste Andreï Kolesnikov, prévient-il : c’est un geste qui fait le jeu de Poutine, isolant le pays du reste du monde. Celui qui veut partir ne pourra plus.

La loi martiale à l’horizon

Moscou Russie

MOSCOU, RUSSIE – 6 MARS: (RUSSIE OUT) Des policiers russes arrêtent une femme lors d’un rassemblement de protestation non autorisé contre l’invasion militaire en Ukraine le 6 mars 2022 dans le centre de Moscou, en Russie. La police a arrêté environ 3500 personnes lors de manifestations anti-guerre à travers la Russie, dont 1750 à Moscou dimanche, ont indiqué des responsables du ministère de l’Intérieur. (Photo de Konstantin Zavrazhin / Getty Images)

Soi de plus en plus de gens imaginent leur avenir loin de la Russie c’est aussi parce que depuis quelques jours c’est à craindre que Poutine décide d’imposer la loi martiale. Il a démenti (en théorie il faut une attaque contre la Russie pour pouvoir l’imposer) mais pour de nombreux analystes il ne fait que caler. S’il agissait, la conséquence inévitable serait la fermeture des frontières : quitter la Russie deviendrait alors impossible. Comme à l’époque soviétique.

S’informer est impossible

Déjà, la vie quotidienne est loin d’être libre dans l’ombre de Poutine : les gens sont arrêtés dans la rue et « invités » à montrer des smartphones, comme l’a témoigné le journaliste russe Ana Vasilyeva (voir ci-dessous).

La censure est totale depuis le 4 mars, Poutine a signé une loi l’introduisant sanctions pour ceux qui diffusent des informations jugées fausses sur l’armée russe et pour ceux qui parlent de « guerre » et de « morts civiles » en raison de la situation en Ukraine. Ils risquent jusqu’à 15 ans de prison. Selon la présidente du Conseil de la Fédération, Valentina Matvienko, c’est la réponse à la « guerre de l’information sans précédent en termes d’ampleur et d’agression » lancée par l’Occident contre la Russie.

Facebook et Twitter bloqués. Des médias occidentaux comme la BBC, Voice of America, Radio Liberty, Deutsche Welle ou des Russes indépendants comme Meduza, dont la plupart en Russie sont classés comme « agents étrangers », ont été censurés. Mais le Kremlin veutpour bloquer complètement l’accès à Internet, « d’ici le 11 mars, tous les serveurs et domaines seront transférés sur l’intranet russe« .

Manifester est dangereux

Depuis le début de la guerre, il y a eu de nombreuses manifestations : à Moscou et à Saint-Pétersbourg, mais jusqu’à Vladivostok et en Sibérie. Plus de dix mille arrestations : une contestation plus massive que par le passé. Même si une grande partie de la population, surtout dans les campagnes, croit ou veut croire la propagande. Quiconque ne reçoit des informations que de la télévision d’État accepte la version du Kremlin : il y a une conspiration occidentale contre la Russie. Et il célèbre Poutine, qui promet d’indemniser les familles des « héros » morts en Ukraine avec 12 millions de roubles (environ 90 000 euros). « La Russie est plongée dans les ténèbres », estime le politologue Tatiana Stanovaya interviewé par Le monde: «Ce qui émerge est un régime totalement nouveau ».

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