Marc Van Ranst est virologue à la KU Leuven. Sa chronique paraît bimensuellement, en alternance avec celle d’Els van Doesburg.
Mercredi soir, le rédacteur en chef m’attendait au local à vélos à 16h15. Le matin. « De quoi parlera votre chronique cette semaine, Van Ranst ? Avez-vous déjà un sujet ? Je pouvais dire à sa veine jugulaire proéminente que ce n’allait pas être une simple conversation.
« Oui, M. le rédacteur en chef, je travaille dur sur une chronique sur la découverte révolutionnaire par le rover lunaire de la mission indienne Chandrayaan-3 de soufre et peut-être de glaces d’eau au pôle sud de la lune. »
« Van Ranst, oublie ça ! Aujourd’hui, toute la rédaction écrit des articles sur le soufre et la glace d’eau sur la Lune. Ce dont j’ai vraiment besoin maintenant, c’est d’un article sur la miction en public, car ce phénomène est actuellement complètement sous-exposé dans notre presse belge. Écrivez une chronique à ce sujet ! » Comme je ne peux pas me permettre financièrement d’ignorer les bons conseils du rédacteur en chef, j’ai immédiatement commencé à lire sur les pipis sauvages.
Le sujet ne m’est pas complètement étranger, car nous avons un pipi sauvage dans notre famille. Le week-end dernier, il l’a fait sans vergogne sur le Zeedijk à Knokke. En plein jour, à la vue de centaines de frigobox et autres touristes. Heureusement, cela n’a pas fait la une des journaux. Nous avons donné une friandise à Polar et lui avons caressé le museau.
En Belgique, c’est en fait simple : uriner en public est interdit sur tout le territoire belge. Donc, en principe, vous n’avez pas le droit de laisser le poulain trotter dans les buissons, vous n’avez pas le droit d’être un gros con là où l’herbe atteint deux pieds de haut, et vous n’avez pas le droit de secouer votre salade le long d’un chemin éloigné en dehors du bâti. zone vers le haut. En pratique, vous courez peu de risques si vous déplacez les chèvres dans des endroits où personne ne sera gêné. Mais en réalité, cela n’est autorisé nulle part et vous pouvez recevoir une amende de 50 euros à Blaas(!)veld jusqu’à 350 euros (à Knokke). Essayez simplement d’expliquer cette interdiction d’uriner en public aux touristes étrangers qui viennent de visiter notre fierté pisseuse à Bruxelles, à l’angle de la Stoofstraat et de l’Eikstraat. Nous sommes peut-être le seul pays au monde à posséder une statue de son urinoir national.
Aux Pays-Bas, il n’existe aucune interdiction légale d’uriner en public. La plupart des municipalités ont annoncé par une ordonnance générale locale qu’il est interdit d’uriner en public dans les agglomérations, et si vous êtes surpris, votre pipi coûtera les mêmes 140 euros partout. Dans les forêts ou les réserves naturelles, à quelques exceptions près, il n’y a pas d’interdiction d’uriner en public. Si vous avez envie d’y faire pipi, personne ne s’en plaindra.
En Belgique, on fait beaucoup de bruit depuis quelques semaines à propos d’hommes politiques ou de camarades politiques qui ont commencé à verser leurs frites dans des endroits où cela n’est pas autorisé. Vincent Van Quickenborne, le ministre de la Justice, est ainsi autorisé à s’adresser à la télévision pour discuter des images des caméras de sécurité qui, selon les syndicats de police, le montrent « penché en arrière et faisant un mouvement d’urination ». Et non, ce n’était absolument pas gentil de la part de ses mauvais amis de faire pipi sur une voiture de police vide. Et le bourgmestre et député Theo Francken uriner dans une jardinière à Bruxelles n’était pas non plus un spectacle joli ni instructif. Lui aussi a dû traverser la poussière.
Ils ont bu un verre, ils ont pissé et rien n’est resté pareil. Les journaux ont été remplis d’articles et de commentaires sur le « pipigate » pendant une semaine entière. Comme si c’était là le plus gros problème auquel notre pays est confronté. Le problème est qu’il n’y a actuellement plus de « faits divers ». Tout devient immédiatement un enjeu majeur, avec des reportages en direct, des avis d’experts et des éditoriaux. Et une colonne, même si elle aurait pu être meilleure sur le soufre et la glace d’eau au pôle sud de la lune.
Je suis un plasseur sauvage. Parfois, lorsque l’eau était très haute, je me livrais autrefois à uriner dans les buissons. Qui plus est : chacun de nous a répondu à l’appel de la nature à un moment ou à un autre dans un moment d’urgence. Il y a des endroits où on ne peut pas faire sensation rapidement dans la porcelaine.
Avant d’ouvrir le robinet d’eau, jetez simplement un coup d’œil autour de vous. Si vous ne voyez personne, aucun bien appartenant à quelqu’un, aucun bâtiment ou monument, aucun lieu de nidification d’oiseaux rares et aucun commissariat de police, il y a de fortes chances que votre terrible faute reste impunie. Et je sais de bonne source que Bart De Wever a mis en garde Theo Francken contre les vents contraires et les caméras de surveillance avec les sages paroles suivantes : « Homo sapiens non urinat in ventum, nec ubi custodiae camerae sunt ».