« Espérons que ce résultat nous réveillera »: Flamand à propos du virage suédois vers la droite


Luuk a déménagé en Suède par amour. Il vit avec son petit ami à Stockholm. Luuk qualifie le résultat de mauvaise nouvelle pour les personnes de la communauté LGBTQ+, mais aussi pour les réfugiés qui sont venus en Suède. « En fait, ce résultat est une mauvaise nouvelle pour toutes les minorités de la société, et pour l’environnement. »

Lors des élections, les partis d’opposition de droite ont obtenu la majorité au parlement suédois. Les démocrates suédois de droite radicale sont arrivés en deuxième position, après les sociaux-démocrates, et acquièrent pour la première fois une influence directe sur la politique gouvernementale. La Première ministre social-démocrate Magdalena Andersson a annoncé son départ.

L’informaticien Luuk s’inquiète de la montée de l’extrême droite. « Si vous regardez la campagne que ces partis ont menée, c’est très problématique. Par exemple, ils veulent que les enfants immigrés aillent tous dans la même école et soient ainsi séparés des enfants dits suédois.

Pour Audrey Vandeleene, politologue à l’ULB, la Suède est en train de changer sérieusement. Elle a précédemment travaillé comme chercheuse postdoctorale à l’Université de Lund et a vécu en Suède. Vandeleene apprend de ses collègues et amis en Suède qu’ils ne s’attendent pas à ce que le parti d’extrême droite des Démocrates suédois (SD) joue un rôle dans le nouveau cabinet, mais seulement dans une construction de tolérance.

« Pourtant, c’est un choc pour la Suède que le deuxième parti soit désormais un parti d’extrême droite. Ils deviennent de plus en plus forts, élection après élection. Le pays se polarise fortement. Selon elle, le résultat s’explique par le fait que la Suède a sous-estimé la difficulté d’intégration des migrants.

« Les partis suédois, y compris de droite, ont été très ouverts aux migrants en 2015. Le système suédois est basé sur la confiance : tout le monde s’intègre, et tout le monde respecte scrupuleusement les règles. Vandeleene indique qu’elle a aussi parfois eu des difficultés avec cela pendant son séjour dans le pays. « Il existe de nombreuses règles informelles qui n’étaient pas claires, même pour moi en tant qu’Européen, et encore moins pour quelqu’un de l’extérieur de l’Europe. »

Vélo verrouillé

L’intégration des réfugiés en Suède ces dernières années ne s’est donc pas déroulée aussi facilement que la Suède l’avait prévu. Les Suédois pensent donc que leur pays est en train de changer, et qu’ils perdent le contrôle sur les nouveaux arrivants. « Ceci est principalement basé sur de petits exemples : des gens qui disent qu’ils n’avaient pas besoin de mettre un cadenas sur leur vélo dans le passé et maintenant ils le font. » L’idée suédoise selon laquelle les migrants doivent s’intégrer pleinement ne correspond pas à la réalité : en pratique, ce n’est pas si facile.

Jimmie Akesson, leader des démocrates suédois d’extrême droite, veut faire de la Suède le pays d’immigration le plus strict de l’UE. Il souhaite également une législation permettant de refuser les demandeurs d’asile pour des motifs religieux ou LGBTQ. Luuk dit qu’il a toujours pensé que la Suède était un pays exemplaire en matière d’accueil des minorités. « Mais c’est le peuple qui décide, et c’est apparemment ce que nous voulons. »

Il pose également le ballon dans ses propres cercles. « Nous sommes laxistes. Le week-end, je discute avec des amis de la gravité de la situation, de ces déclarations de droite sur les minorités, mais au final, personne ne fait vraiment rien. À mon avis, cela donne carte blanche aux partis de droite dans la société. « Espérons que ce résultat électoral nous réveillera. »

Magdalena Andersson a annoncé qu’elle quittait ses fonctions de Premier ministre.ImageAFP

‘lavage suédois’

Un autre thème électoral important était l’adhésion de la Suède à l’OTAN. Andersson, le Premier ministre social-démocrate suédois qui a démissionné après les résultats des élections, a conduit le pays vers l’adhésion à l’OTAN. L’extrême droite est contre cette adhésion. « Si je compare avec la Belgique, les Suédois sont beaucoup plus fiers de leur pays et de son fonctionnement », explique la politologue Audrey Vandeleene.

Elle dit que les Suédois sont bons à’Lavage suédois‘, un jeu de mots sur le terme blanchir: Accroître l’impact et la pertinence des personnes blanches et minimiser les autres. « Les Suédois sont critiques vis-à-vis du monde extérieur. La question pour de nombreux Suédois est : allons-nous connecter notre pays à d’autres pays ou allons-nous rester indépendants ?

Ronnie Leten, président de la société de télécommunications suédoise Ericsson et ancien PDG d’Atlas Copco, n’est pas surpris par les résultats des élections. Le fait que le pays se soit déplacé vers la droite ne décourage pas Leten. « La Suède a déjà raison. La gauche en Suède est le centre droit en Belgique. Le résultat des élections est favorable aux entrepreneurs belges en Suède. Les thèmes importants pour les entrepreneurs sont l’énergie verte, la lutte contre la pénurie sur le marché du travail avec des employés suffisamment formés et l’ouverture du marché. « Ces questions sont à l’ordre du jour du nouveau gouvernement, plus qu’avec le gouvernement précédent. »

Leten vit à nouveau en Belgique, mais voyage régulièrement en Suède. « Je suis plus à la campagne maintenant que lorsque nous vivions là-bas, lorsque je voyageais beaucoup », s’amuse-t-il. La Suède est un pays agréable pour les entrepreneurs belges. Leten reconnaît le tableau peint par Vandeleene. « La Suède est plus cohérente en termes d’intégration que la Belgique. Ils vous poussent à apprendre le suédois. Si vous ne parlez pas la langue, vous n’avez aucune chance sur le marché du travail. »



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