Erdogan a démantelé diverses pierres angulaires de la Turquie laïque construite par Atatürk. Pourtant les femmes restent incomparablement plus libres que les Iraniennes


Aldo Cazzullo (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

MJ’étais ancré par la Turquie depuis une dizaine d’années : dix années au cours desquelles le processus d’islamisation du pays – selon l’actualité internationale – s’est poursuivi.

Et il est vrai qu’Erdogan a démantelé diverses pierres angulaires de la Turquie laïque construite par Atatürkqui avait banni le voile dans la rue pour les femmes et le fez pour les hommes comme signe du choix occidental, dont l’héritage le plus évident est le fait que le turc s’écrit en caractères latins et non en arabe (non pas que les Turcs soient des Arabes, par charité ; en effet cette confusion les met très en colère ; mais à la cour impériale on utilisait l’ottoman, écrit en écriture arabe. Atatürk – « père des Turcs » ; il s’appelait Mustafà Kemal – a aussi donné une langue à son peuple).

Et il est également vrai que la femme d’Erdogan apparaît toujours voilée en public. Néanmoins Les femmes turques restent incomparablement plus libres que les femmes iraniennes. Celui qui veut mettre le voile; qui ne veut pas, non.

Bien sûr, nous les voyageurs rencontrons plus facilement des femmes libres, émancipées, bourgeoises ou roturières mais toujours citoyennes.

Nous savons peu ou rien de la situation dans les villages de l’intérieur de l’Anatolie, qui représentent politiquement le noyau dur d’Erdogan et le parti sectaire au pouvoir. Mais ce n’est pas que les femmes de la ville n’ont pas d’importance.

Je dois dire que j’ai été frappée, plus encore que par les femmes de la cosmopolite Istanbul, une ville si centrale dans l’histoire du monde que son isolement des dames d’Izmir, pour nous Smyrne, était inconcevable.

Izmir est sur la côte égéenne, avait une grande population grecque forcée de fuir en 1921, Ephèse avec la maison de la Madone est à un jet de pierre.

En bref, c’est une ville avec une forte empreinte européenne, bien qu’elle soit géographiquement en Asie. Et c’est une ville où le parti d’Erdogan n’a jamais gagné. En fin de compte, la liberté est irréductible. Et la liberté est un mot féminin.

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