Jupiter non plus. Dimanche, les électeurs français ont fait s’effondrer Emmanuel Macron à peine deux mois après avoir remporté, de manière décisive, un second mandat de président français.

Non seulement l’alliance Ensemble de Macron est loin d’avoir atteint la majorité absolue au second tour des élections législatives, mais elle peut également avoir du mal à adopter une législation confortablement et de manière prévisible, avec un centre-droit diminué et agité comme réservoir de soutien le plus probable.

Après avoir été réélu, Macron était positionné pour être le dirigeant le plus puissant de l’UE, avec cinq années complètes de mandat devant lui, contrairement à l’Italien Mario Draghi, et avec une majorité absolue probable, quoique mince, contrairement à l’Allemand Olaf Scholz. Maintenant, il n’a ni l’attrait bipartite de Draghi ni la stabilité de l’accord de coalition qui sous-tend Scholz.

Macron est arrivé au pouvoir en 2017 après s’être positionné comme un rempart centriste contre les forces politiques extrémistes. Il a répété l’astuce le mois dernier, lorsque les électeurs ont de nouveau hésité à installer Marine Le Pen, la dirigeante d’extrême droite, à l’Elysée. Mais la montée des extrêmes politiques au cours de son mandat n’est soulignée que par le vote de dimanche.

Les partis extrémistes contrôleront désormais environ la moitié des sièges au parlement. Jean-Luc Mélenchon, cogneur anti-américain, eurosceptique et ami du Kremlin est désormais le leader incontesté de l’opposition.

Mélenchon transforme habilement sa troisième place au premier tour de l’élection présidentielle en triomphe politique. Il a habilement rassemblé une union de l’extrême gauche, des socialistes et des verts sous son commandement d’une poigne de fer. De profondes divergences sur la politique – en particulier sur les attitudes à l’égard de l’UE – ont été balayées. Ensemble, la gauche s’est levée. Remarquablement, compte tenu de la façon dont l’élection présidentielle s’est déroulée sur des thèmes de centre-droit et d’extrême-droite, la compétition parlementaire a basculé vers la gauche, Macron nommant un Premier ministre, Élisabeth Borne, avec des liens socialistes, et faisant écho à l’appel de Mélenchon à davantage de planification de l’État pour lutter contre le changement climatique.

Il serait injuste de qualifier l’ensemble de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) d’extrémiste. Mais il ne fait aucun doute que la gauche dure est aux commandes. Mélenchon voulait être élu Premier ministre dans ce qui aurait été une cohabitation atroce avec le président. Bien en deçà de cet objectif, on peut s’attendre à ce que Mélenchon donne à Macron une opposition à fond et sans compromis.

Mélenchon a célébré le « déroutement » du parti de Macron, affirmant qu’il justifiait sa stratégie. Mais la percée la plus significative pourrait en fait appartenir à Le Pen. Son parti du Rassemblement national était sur la bonne voie pour remporter peut-être 10 fois plus de sièges qu’en 2017 et, surtout, un plus grand nombre que les républicains de centre-droit traditionnels.

Les républicains, semble-t-il, ont obtenu de meilleurs résultats que ne le suggéraient leurs résultats catastrophiques à l’élection présidentielle. Ils sont les partenaires évidents de Macron, qui s’est appuyé sur leur politique et leur personnel. Mais ils sont également profondément divisés sur la stratégie et le positionnement. Être dépassé par l’extrême droite ne fera que les rendre plus difficiles à gérer. La première réaction de Christian Jacob, le président des républicains dimanche soir, a été de dire que le parti resterait dans l’opposition.

La France a un État très centralisé. Macron l’a porté à un nouveau niveau, concentrant le pouvoir, écartant les autres institutions et la société civile alors qu’il dirigeait le pays depuis son palais. Bien que n’étant pas tout à fait un tampon en caoutchouc, le Parlement a largement suivi ses ordres. Les cinq prochaines années semblent maintenant très différentes. La France est une démocratie parlementaire, après tout.

Le résultat est une humiliation. Certains des alliés politiques les plus proches de Macron, dont Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale sortante, et Christophe Castaner, le chef du parti de Macron au parlement, ont perdu leur siège. De nombreux électeurs français verront le résultat comme un rejet d’une manière de gouverner arrogante et trop personnalisée ; d’autres craindront que le pays avec toutes ses tensions sociales ne devienne impossible à diriger, sapant davantage la foi dans la démocratie et alimentant les forces extrémistes.

Macron a son propre mandat. Le président a le pouvoir sur la politique étrangère et la défense et peut dissoudre le parlement en cas de paralysie. Il n’est rien sinon idéologiquement polyvalent. Mais il faudra de nouvelles compétences politiques et une certaine humilité pour sauver son second mandat.



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