Emmanuel Macron, le garçon le plus intelligent de la classe, fait face à sa plus grande épreuve


Il y a cinq ans, Emmanuel Macron, 39 ans, le plus jeune dirigeant français depuis Napoléon, est monté seul sur une scène du Louvre pour lancer sa présidence. C’est le moment français le plus prometteur que j’ai vécu en près de 20 ans à Paris. Ce mois-ci, il sera probablement réélu. Alors, quel est son bulletin de mi-session ?

Contrairement à d’autres présidents récents, Macron a entrepris de transformer la France. Jusqu’à présent, il n’a fait que l’améliorer. Il a assoupli le marché du travail, facilitant l’embauche et le licenciement, et a ainsi contribué à réduire le chômage de 10 % à 7,4 %, le niveau le plus bas depuis 2008et près du Objectif de 7 % qui semblait invraisemblable lorsqu’il l’a fixé en 2017. Il a réduit de moitié la taille de nombreuses classes dans les écoles primaires des régions les plus pauvres. Et parce que, psychologiquement, il voyage seul, sans copains ni même amis, il était libre d’affronter la classe politique. Sa loi sur la « moralisation de la politique » a véritablement réduit la corruption. Entre autres choses, il a arrêté les politiciens embauchent des parents ou dépensent de l’argent comme ils l’entendent.

Cependant, presque personne ne parle de ses réformes de la France. Du gilets jaunes Du soulèvement de 2018 au choc du coût de la vie d’aujourd’hui, Macron a été un gestionnaire de crise. La gestion du Covid-19 paraissait impossible en France, le le plus sceptique vis-à-vis des vaccins parmi 140 pays dans l’enquête Gallup-Wellcome de 2018. Mais Macron a fait le pari en introduisant un « laissez-passer sanitaire », qui a rendu la vaccination obligatoire pour toute personne voulant entrer dans un restaurant, un train ou de nombreux espaces publics. Ça a marché: Le taux de vaccination de la France de 78% dépasse celui de l’Allemagne et de la Grande-Bretagneet son taux de surmortalité de +6 % pendant la pandémie bat tous ses voisins sauf l’Allemagne.

Macron entend toujours transformer la France, et l’Europe aussi. Plus que d’autres dirigeants démocrates, un président français a la possibilité de penser à long terme. Depuis Charles de Gaulle écrit la description de poste dans la constitution pour lui-même en 1958, le président fait face à peu de freins et contrepoids autres que les grèves syndicales. C’est particulièrement vrai de Macron : il contrôle le Parlement à travers le parti qu’il a créé comme son véhicule personnel. Étant donné qu’il a besoin de peu de sommeil, qu’il n’a pas d’enfants et qu’il peut laisser les affaires quotidiennes à son Premier ministre, il est exceptionnellement libre d’avoir de grandes pensées.

Qu’on le veuille ou non, c’est un leader sérieux. Ses prédécesseurs ont perdu du temps à prendre des poses creuses : le président Nicolas Sarkozy a attaqué burqa, portée par 0,04 % des musulmans françaiset François Hollande a promis une taxe de 75% (rapidement déclaré inconstitutionnel) sur les très rares Français gagnant plus d’un million d’euros. A côté, Boris Johnson joue avec les symboles : passeports bleus et « guerres » de statues et de poissons.

Macron échoue souvent, mais généralement en chassant du très gros gibier. Il croit que sa superpuissance est de charmer les hommes plus âgés, et il l’a déclenchée sans succès sur Trump et maintenant Poutine. Sa vision de l’Europe a longtemps semblé un fantasme : plus de dépenses partagées dans l’UEet efforts européens plus autonomes en matière de défense. Mais maintenant pandémie et la guerre créent une Europe macronienne. Pour son second mandat, il vise toujours haut : il prévoit de relever l’âge de la retraite en France de 62 à 65 ans, car ses concitoyens maintenant vivre jusqu’à 82et La France dépense trop pour les retraites.

Le petit ex-banquier survolté, le garçon le plus malin de la classe, qui a conquis le système français dès l’adolescence, provoque forcément la haine. Les électeurs soupçonnent, probablement à juste titre, qu’il les méprise. Marine Le Pen peut encore le battre, même si elle des tracts de campagne (rapidement déchiquetés) la montraient serrant fièrement la main de Poutine.

Le tiers des électeurs qui soutiendront l’extrême droite lors du premier tour de dimanche rejettent le républicanisme daltonien. Ils détestent la vraie France multiculturelle existante, tourner des fantasmes sur la guerre civile religieuse et veulent expulser les immigrés, en particulier les musulmans. Des années d’attaques terroristes ont laissé un trouble de stress post-traumatique national. Malheureusement, Macron s’est rarement exprimé en faveur d’une France mixte. Dans la gauche française, le discours révolutionnaire prospère. L’actuel porte-drapeau, Jean-Luc Mélenchon, ssoutient Cuba, le Venezuela et, jusqu’en février, la Russie — mais pas l’OTAN.

Pourtant, la fonte des poses anti-vaccination françaises m’a appris quelque chose : la plupart des Français parlent plus radicalement qu’ils ne le pensent. L’empire perdu de la France, son passé révolutionnaire et la liberté, égalité, fraternité devise sur chaque édifice public, tous encouragent une rhétorique utopique et grandiose. La réalité quotidienne déçoit inévitablement.

Mais surtout, la rhétorique n’est pas nécessairement ce que les gens croient. De nombreux électeurs extrémistes français prennent une pose esthétique plutôt qu’ils n’expriment une position politique. Beaucoup d’entre eux veulent tranquillement qu’un élitiste suréduqué et intelligent devienne président. Ils savent que cela s’est toujours produit depuis 1945. Cela se reproduira probablement ce mois-ci. Mais avec un électorat éternellement misérable et la faible participation, des accidents peuvent survenir.

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