Emile Roemer réagit encore à l’approche des excès de migration de travail : « Parce que j’ai peur que ça tourne mal »


Il avait décidé de ne rien dire de plus. Les recommandations de son rapport parlent d’elles-mêmes, pense-t-il, et seront toutes mises en œuvre. Il ne devrait pas gêner le Cabinet avec cela.

Mais maintenant, Emile Roemer, l’architecte de la lutte contre l’exploitation des travailleurs migrants, doit dire quelque chose. « Parce que j’ai peur que les choses tournent mal. »

L’ancien leader du SP, actuellement commissaire du roi dans le Limbourg, a mené en 2020 des recherches sur les travailleurs migrants pour le précédent cabinet. Dans son rapport, il propose cinquante mesures concrètes pour lutter contre l’exploitation, comme par exemple un certificat pour les agences pour l’emploi et des exigences en matière de logement pour les migrants. Son rapport a été accueilli favorablement par tous ceux qui en ont discuté – cabinet, Chambre des représentants, employeurs, syndicats. Toutes les recommandations seraient mises en œuvre individuellement. Plusieurs nouveaux projets de loi ont déjà été déposés ou sont encore en préparation. Le cabinet actuel souhaite poursuivre « l’approche Roemer », comme indiqué dans l’accord-cadre.

Mais Emile Roemer lui-même s’inquiète de la mise en œuvre de la démarche. « C’est parce que l’une des recommandations les plus cruciales de mes recherches risque d’être abandonnée », dit-il.

Illégal sur le marché du travail

Cela concerne l’enregistrement des travailleurs migrants aux Pays-Bas. Cela se fait via le Registre des Non-Résidents (RNI), un guichet où les travailleurs migrants peuvent obtenir un numéro de service citoyen. Jeudi, le NRC a fait état de la faiblesse de ce registre : il est largement utilisé par les travailleurs migrants illégaux. Quatre enquêtes sont en cours par l’inspection du travail et la justice contre des intermédiaires qui ont aidé des milliers de migrants à obtenir un numéro de service citoyen néerlandais via ce registre, afin qu’ils puissent ensuite entrer illégalement sur le marché du travail.

Selon Roemer, le registre ne protège pas non plus les travailleurs migrants légaux. Ils ne sont pas tenus de fournir une adresse résidentielle lors de leur inscription. « En conséquence, le gouvernement ne sait pas où ils vivent ou travaillent. Si vous demandez au ministère combien il y a de travailleurs migrants aux Pays-Bas, il répond : je n’en ai aucune idée. C’est le groupe qui est mal hébergé et mal exploité. Si vous souhaitez les joindre, vous devrez le faire à votre domicile en Europe de l’Est.»

Roemer avait proposé différentes solutions pour y parvenir. Par exemple, les travailleurs migrants seraient tenus de fournir leur adresse lors de la demande de numéro de service citoyen. Le gouvernement a jusqu’à présent refusé de rendre cela obligatoire, au grand mécontentement de Roemer. « Tant que cela n’arrive pas, vous pouvez ignorer le reste de la surveillance, car alors rien ne se passera. »

En outre, Roemer a recommandé que les employeurs se voient imposer une obligation de diligence, les obligeant à enregistrer correctement les travailleurs migrants. « Pour que vous puissiez leur parler si quelque chose ne va pas. » Mais ce projet n’apparaît plus dans un projet de loi visant à réglementer l’admission des travailleurs migrants. Interrogé à ce sujet, le ministre Eddy van Hijum (Affaires sociales, NSC) a déclaré la semaine dernière au Parlement qu’il avait des « réserves juridiques » quant à une telle obligation de diligence. Selon Van Hijum, il deviendrait un « tigre de papier ». «En tant qu’employeur, vous pouvez très facilement dire que vous avez déjà rempli votre devoir de diligence, alors qu’il n’existe toujours pas de normes strictes auxquelles vous pouvez imposer des travailleurs intérimaires.»

Nous ne supprimons pas tous les feux tricolores parce que nous ne pouvons pas vérifier si tout le monde passe au rouge, n’est-ce pas ?

Émile Rœmer
mené des recherches sur l’exploitation des migrations de travail

C’est absurde, dit Roemer. « Tout dépend de la manière dont vous enregistrez et contrôlez une telle obligation de diligence. Nous ne supprimons pas tous les feux tricolores parce que nous ne pouvons pas vérifier si tout le monde passe au rouge, n’est-ce pas ? Il n’est pas nécessaire que le système soit complètement étanche, mais il faut disposer d’un outil que l’on puisse utiliser pour s’adresser aux employeurs.

Sélection parmi les recommandations

Roemer a l’impression « que les gens y travaillent cueillette des cerises est hors de mes recommandations. Par exemple : nous élargissons considérablement l’Inspection du travail, tout en laissant ces mesures difficiles en place. Mais ensuite, toute cette approche s’effondre comme un château de cartes. Toutes les recommandations sont interdépendantes. Vous pouvez prolonger l’inspection jusqu’à ce que vous pesiez une once, mais il doit y avoir un cadre juridique dans lequel vous pouvez contrôler les employeurs. Sinon, vous ne pouvez rien faire.

Roemer est soutenu par les communes qui font pression depuis un certain temps auprès du ministère de l’Intérieur pour qu’il ajuste l’enregistrement. Cela permettrait également d’éviter une utilisation abusive du registre par des travailleurs migrants illégaux, explique Roemer. « Parce que si vous enregistrez correctement tout le monde, vous obtenez également un aperçu du groupe qui en abuse. »

Il existe également des forces opposées, note Roemer. «Une partie du secteur du travail temporaire n’attend pas avec impatience que cela soit organisé correctement. Logiquement : c’est leur source de revenus.

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