‘Egbert Lachaert voulait montrer : fini monsieur le gentil’ : les gros morceaux de la querelle familiale libérale s’envolent vers la coalition fédérale


Qu’en est-il des relations entre Open Vld et MR ? « La famille libérale ressemble assez à celle des Atrid », a déclaré l’ancienne présidente du Sénat Christine Defraigne (MR). Une référence à la mythologie grecque, où les Atrides ont été déchirés par l’inceste, la tromperie, la guerre de Troie et les enfants, parents et amants qui s’entretuent jusqu’à ce que le dernier de la course soit poursuivi par le misérable.

Juste pour dire : vous ne pouvez pas appeler l’atmosphère particulièrement chaleureuse. « Un peu en dessous de zéro », explique un initié. Bien que les deux camps ne soient toujours pas d’accord sur qui est responsable de cela.

Lundi après-midi, les deux présidents des partis libéraux ont tenté d’arranger les choses avec une déclaration commune. « Dans chaque famille, des désaccords surgissent parfois. Mais ils n’enlèvent rien à notre terrain d’entente », a-t-il déclaré. « Des rencontres seront organisées entre les présidents, les membres du gouvernement et les parlementaires pour mieux coordonner leur fonctionnement.

Comparaison avec l’extrême droite

La tension entre les deux partis frères fait rage depuis un certain temps déjà. La semaine dernière, un dîner prévu avec les deux factions parlementaires a été annulé à la onzième heure. Les libéraux flamands sont à bout de patience face au président volontaire du MR Georges-Louis Bouchez et à quelques parlementaires qui semblent se faire un plaisir d’abandonner l’Open Vld – les anciens ministres Marie-Christine Marghem et Denis Ducarme en tête.

Egbert Lachaert, président d’Open Vld, s’est rendu le week-end dernier dans les studios de la RTBF pour gronder Bouchez. Il fallait juste le faire, a-t-il déclaré. D’un coup, il compare l’attitude du MR avec le travail d’opposition du Vlaams Belang. Un reproche qui frappe particulièrement sous la frontière linguistique, où l’extrême droite est politiquement traitée comme une lépreuse. Lachaert était très conscient de cela, dit un initié. « Egbert voulait juste montrer : plus de monsieur gentil. Il voulait envoyer un signal à l’aile la plus modérée du MR.

« La colère du petit enfant »

Bouchez a rebondi avec un tweet critique dans lequel il a ricané qu’il n’y avait pas d’accord avec Engie, que nous avons le pire budget d’Europe et que les individus dangereux pour l’État peuvent tuer des flics sans entrave. Pour ceux qui comprennent : ces trois fichiers appartiennent tous au gouvernement fédéral à Open Vld.

Chez Open Vld, les accusations ont circulé par la suite. « Dégoutant », « une crise de colère d’un petit enfant », ça sonnait à propos de Bouchez. Le coup porté au Premier ministre a notamment frappé fort, car la stratégie du parti a récemment consisté à soutenir au maximum l’action d’Alexander De Croo. Au MR, les gens soulignent que Bouchez n’aurait peut-être pas tweeté si Lachaert ne les avait pas comparés au Vlaams Belang. Et puis on ajoute vite qu’Open Vld est leur partenaire naturel, mais pas le seul partenaire possible.

MR président Georges-Louis Bouchez.Figurine Franky Verdikt

Avec cela, les morceaux de la querelle familiale libérale s’envolent vers la coalition fédérale. Le président du PS, Paul Magnette, a récemment laissé échapper que Vivaldi était fait pour durer dix ans. Mais il ne semble plus évident aux libéraux de traverser la mer ensemble.

MR, par exemple, présente ouvertement et joyeusement les bonnes relations avec CD&V. Et au sein d’Open Vld la question est posée haut et fort : qui voudra travailler avec Bouchez à l’avenir, si MR n’est pas incontournable ? C’est précisément Egbert Lachaert qui a veillé à ce que le MR ne soit pas largué lors des pourparlers de coalition. Un choix auquel il a peut-être repensé à quelques reprises.

Vivaldi paralysé

La question est de savoir si la querelle met également en péril le travail du gouvernement. Cette suggestion est rejetée par MR. Une source haut placée au sein du gouvernement souligne qu’il existe une bonne coopération avec les ministres du MR.

Mais ailleurs dans la coalition, on craint que cela paralyse Vivaldi pendant au moins un certain temps. En particulier, les négociations salariales, sujet politiquement très sensible, menacent désormais de s’enliser. « Je crains que le MR ne détruise tout compromis que Vld veut faire là-bas maintenant », déclare un président du parti. En raison de la crise économique, il n’y aurait probablement pas de marge pour des augmentations de salaire de toute façon, mais il y avait un enthousiasme croissant au sein du gouvernement pour une prime unique, comme cela s’est produit pendant la crise corona.

La tentative de réconciliation suffira-t-elle à rétablir la paix ? Les chances semblent minces. Un chef de file parmi les libéraux flamands parie que la tempête s’apaisera pendant quelques semaines, mais qu’elle reprendra ensuite. Parce que : « Bouchez botte sauvagement, mais ça porte ses fruits. » Cette analyse se fait aussi au sein du MR : Bouchez se fait tout le temps des ennemis, mais son parti est loin de faire mal dans les sondages.

Le départ d’Alexia Bertrand vers Open Vld – qui n’a pas non plus profité à l’entente mutuelle – pourrait également faire le jeu du président du MR. Les relations entre les deux étaient loin d’être bonnes. Et sa place de chef de groupe au Parlement bruxellois revient désormais à David Leisterh, un très bon ami de Bouchez. Après Hadja Lahbib et Sophie Wilmès, une autre confidente du président occupe un poste politique clé.



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