EDF s’approche d’un accord à prix réduit pour la turbine nucléaire de GE avec des contrats russes


L’opérateur électrique français EDF a renégocié un accord pour racheter un fabricant de turbines nucléaires à General Electric, réduisant le prix de son offre pour une activité considérée comme stratégique pour l’industrie nucléaire française mais exposée au risque de sanctions en raison des commandes du russe Rosatom.

EDF, contrôlée par l’État, qui est sur le point d’être entièrement renationalisée, a été encouragée à faire un pas sur la société de turbines par le gouvernement français dans un accord annoncé par le président Emmanuel Macron en début d’année.

L’acquisition a été présentée comme un moyen de récupérer le contrôle français de la technologie alors qu’EDF se prépare à construire de nouveaux réacteurs, tout en assurant l’avenir d’une grande usine dans l’est de la France à un moment où GE envisageait de vendre des actifs et cherchait à supprimer des emplois.

Mais l’entreprise a depuis été rattrapée par les retombées de l’invasion russe de l’Ukraine, même si ses relations avec la société d’État Rosatom, l’un des plus grands développeurs de centrales nucléaires au monde, n’ont pas encore fait l’objet de sanctions.

EDF va de l’avant avec l’accord sur les turbines mais est proche d’un accord visant à réduire de 10 à 20% la valeur de l’entreprise, initialement fixée à environ 200 millions de dollars, en raison des risques de sanctions, selon deux personnes proches des discussions.

L’usine produit les turbines à vapeur Arabelle de 80 mètres utilisées par EDF et Rosatom, qui a des contrats de construction de la Turquie à l’Egypte et des projets à l’étranger dans lesquels la participation d’entreprises occidentales a été autorisée à se poursuivre.

Un protocole d’accord a été conclu début février, quelques semaines seulement avant l’invasion russe, mais aucun accord n’a été signé. EDF a également été en pourparlers sur l’apport de 800 millions d’euros de liquidités dans l’entreprise, ont déclaré les sources, et un accord final pour cimenter l’acquisition est désormais proche.

EDF s’est refusé à tout commentaire, tandis que GE n’a pas répondu.

La possibilité d’une escalade des sanctions américaines en particulier planait sur l’entreprise, a déclaré l’une des personnes, alors qu’il existait également un risque que l’entreprise soit touchée par toute nouvelle annulation de projets liés à Rosatom.

Un consortium dirigé par la Finlande a résilié en mai son contrat avec Rosatom pour la construction de la troisième centrale nucléaire du pays, avec un effet d’entraînement sur les commandes d’Arabelle.

Rosatom fournit du combustible nucléaire à plusieurs centrales à travers l’Europe, notamment en Bulgarie et en Hongrie, bien que la France, qui possède le plus grand parc de réacteurs de la région, dispose d’approvisionnements alternatifs.

Cette dépendance pourrait aider à protéger le secteur des sanctions européennes, a déclaré l’une des personnes familières avec l’acquisition de la turbine.

« Les Européens devraient vraiment acheter des pulls très épais pour cet hiver s’ils empruntaient cette voie », a déclaré la personne.

L’activité turbine Arabelle, qui emploie environ 1 800 personnes dans une usine de Belfort, a été vendue à GE par le français Alstom dans le cadre d’une cession beaucoup plus importante de 9,7 milliards d’euros de son activité électricité en 2015.

EDF, qui est maintenant aux prises avec des pertes alors que les pannes de réacteur ont frappé sa production d’énergie nucléaire, a été poussé par l’État français à reprendre le fabricant d’Arabelle, ont déclaré deux personnes proches du dossier.



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