EDF fait face à une facture plus élevée pour Hinkley Point


Le groupe énergétique français EDF a averti qu’il pourrait finir par assumer une plus grande partie de la facture en flèche de la centrale nucléaire de Hinkley Point C, car son partenaire chinois pourrait ne pas honorer sa part des paiements supplémentaires pour financer la centrale.

EDF a admis vendredi que le coût de construction de la centrale, un projet phare, pourrait dépasser 32 milliards de livres sterling en tenant compte des niveaux d’inflation récents, plus de 20% supérieurs à son estimation de l’année dernière, plus proche de 26 milliards de livres sterling.

La centrale, située dans le sud-ouest de l’Angleterre, est la première nouvelle centrale nucléaire à être construite en Grande-Bretagne depuis près de 30 ans. Sa date d’achèvement a été repoussée à plusieurs reprises en raison de la flambée des coûts.

L’augmentation, causée par des flambées des prix des matériaux de plusieurs milliards au-dessus des estimations les plus récentes, représente près de 80% de plus que le coût de 18 milliards de livres sterling en 2016, lorsque EDF a commencé à travailler sur le projet.

EDF, contrôlée par l’État, a déclaré vendredi aux investisseurs que, compte tenu de l’inflation, un coût plus précis pour le projet était désormais de 32,7 milliards de livres sterling.

Le groupe français et son partenaire étatique chinois CGN seraient sollicités au second semestre 2023 pour procéder à des versements complémentaires « volontaires » dans le cadre d’un mécanisme de compensation des dépassements de coûts, car « le total des besoins de financement du projet dépasse l’engagement contractuel des actionnaires ». », a déclaré EDF.

Mais il a ajouté que « la probabilité que CGN ne finance pas le projet après avoir atteint son plafond de fonds propres engagé est élevée ».

Cela exposerait EDF à devoir supporter une plus grande partie des coûts, selon la durée du contrat.

Dans le cadre de son accord initial de 2016 avec CGN, le développeur chinois a accepté de couvrir 33,5% des 18 milliards de livres sterling estimés pour les coûts de construction de Hinkley Point C à l’époque, EDF payant le reste.

EDF s’est refusé à tout autre commentaire.

L’avertissement sur Hinkley Point C est intervenu alors que le groupe contrôlé par l’État a annoncé une perte record de 18 milliards d’euros après qu’une série d’arrêts de ses réacteurs français a nui à sa production.

L’année dernière, le gouvernement britannique a versé au CGN chinois environ 100 millions de livres sterling pour mettre fin à son implication dans une autre centrale nucléaire britannique, Sizewell C sur la côte est de l’Angleterre, après que les relations avec la Chine se soient détériorées.

EDF et le gouvernement britannique s’associent désormais sur le projet mais espèrent embarquer d’autres investisseurs extérieurs.

Les coûts plus élevés pour Hinkley Point C étaient basés sur des indices d’inflation au 30 juin 2022, a déclaré EDF, de sorte que la valeur actuelle pourrait être encore plus élevée si l’on tient compte des augmentations de coûts au second semestre de l’année dernière.

Le nouveau patron d’EDF, Luc Rémont, a promis vendredi de continuer à augmenter la production cette année après qu’un nombre record d’arrêts de ses réacteurs français en 2022, ainsi qu’un plafond gouvernemental sur les prix de détail de l’électricité, ont frappé les finances du groupe.

Les pannes ont fait chuter la production d’EDF alors que la demande d’électricité augmentait dans toute l’Europe. Le groupe, généralement un gros exportateur, a été contraint d’acheter de l’électricité chère sur des marchés de gros volatils.

Le groupe vise une production nucléaire française comprise entre 300 et 330 térawattheures (TWh) en 2023, contre 279 TWh l’an dernier, son plus bas niveau depuis la fin des années 1980.



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