“TToute ma vie j’ai travaillé pour comprendre », racontait-elle, déjà âgée. Rebelle, anticonformiste, unique. Une existence qui a duré 98 ans, achevée en février, toujours “sous le signe du dernier” et pour “donner la parole à ceux qui ne l’ont pas“.
Adieu à Lisetta Carmi
Lisetta Carmi il n’y a plus depuis hier et le monde de la photographie, mais pas que, l’un de ses représentants les plus sensibles pleure. Son corps quitte cette Terre, mais d’elle il restera toujours une archive de moides images surprenantes, humaines, dures, courageuses, lumineuses.
Toutes les vies possibles
Persécuté par le fascisme quand elle était étudiante et exilée en Suisse. puis la carrière de concertistedonc, avec 1960 le premier tournant, quand vous découvrez, autodidacte, la photographie et en a fait un métier, abandon brutal du pianose jeter avec une fougue impétueuse dans l’histoire de la vie des plus petits.
Du trans de la via del Campo à Gênes au travail des ouvriers
Avec une Leika donnée par son père, Carmi commence à documenter la travail des ouvriers, la vie humiliée de la communauté transgenre qui habitait l’ancien Ghetto juif dans son Gêneslà où il y a le chemin de Domaine de Fabrice de André. Des images qui deviennent le sujet d’un volume d’images introuvables aujourd’hui.
Et puis là La Sardaigne pendant la Candelarìa, la grande fête célébrée le jour de l’An à Orgosolo, à l’intérieur de la Région. Le tournage se concentre sur les femmes en prière, architecture typique, les bergers dans leurs bergeries sur le Supramonte et beaucoup plus. C’est toujours l’horreur de la pauvreté la plus extrême au Venezueladocumentant le désespoir des nombreuses personnes occupées à collecter quelque chose à vendre dans les décharges.
Voyages et découvertes
Ce sont des années de découvertes, de batailles, de voyages: en Israël, Palestine, Amérique du Sud, Afghanistan. Sans oublier les nombreux portraits d’artistes et d’intellectuels, certains restés légendaires, comme celui de poète Ezra Pound déjà vieux, qui vaudra le prestigieux prix Nièpce.
Lisetta Carmi et le silence de la méditation
Un travail énorme et très concentré. Elle-même, il y a peu de temps, disait : “En 18 ans j’ai fait ce que tu fais en 50», heureuse de la redécouverte récente de ses clichés, avec de nombreuses expositions qui lui ont rendu hommage. Mais avec tout ce ferment, il y avait aussi le silence et la méditation, cette énième vie qu’il avait choisi à la fin des années 70 après la rencontre fulgurante, en Inde, avec le maître yogi Babaji Herakhan Baba.
Encore un autre tournant, auquel Carmi se consacre mettre en place un lieu de spiritualité dans les Pouilles, à Cisternino, où il avait acheté un trullo et où il vivra près de cinquante ans de sa très longue vie. Jusqu’à hier. “Je veux être incinérée puis dispersée en mer, pas de tombe pour moi”, a-t-elle déclaré. Et son dernier message, c’est elle qui l’a souligné : “Rappelez-vous toujours de penser aux autres“.
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