Deux ans immergé dans le web : c’est ainsi qu’un journaliste de renom a recherché les traces de la mutation anthropologique de notre peuple. Toujours lié par une forte ironie


Serena Dandini (photo de Gianmarco Chieregato).

Lle matin après m’être brossé les dents et appliqué la crème hydratante sur mon visage, je regarde les actualités en ligne et jette un œil sur les réseaux sociaux, comme je le pense tous …

Mais principalement J’suis resté une fille analogique et j’préfère papoter avec le marchand de journaux sous la maison qui m’isolait dans la solitude avec mon smartphone.

Je ne condamne ni ne criminalise ceux qui passent plus de temps, parfois trop, à faire défiler des images, des proclamations, des dida et des mèmes, à s’immerger longtemps Là-dedans qui est aussi le titre du dernier ouvrage de Filippo Ceccarelli, sous-titre Italiens dans les réseaux sociaux (Feltrinelli).

Ceccarelli est un journaliste que j’ai toujours admiré pour son intelligence, sa compétence et son esprit et surtout pour sa capacité à glisser de haut en bas, entre les étoiles et les écuries du comportement italien, prenant à chaque fois un instantané véridique de notre époque sans snobisme intellectuel . .

Dans cette dernière aventure, un essai corsé de trois cents pages, il a osé une entreprise à la limite de l’automutilation et, pour nous parler du rapport de nos compatriotes au monde socialil s’est plongé « là-dedans » en personne plusieurs heures par jour, pendant plus de deux ans, surfant sans filet ni protection, cherchant sinon un sens, du moins des traces et des indices pouvant nous aider à concevoir le changement anthropologique des nouveaux êtres humains numériques made in Italy.

« Là-dedans. Les Italiens dans les médias sociaux » par Filippo Ceccarelli (Feltrinelli).

L’auteur, après s’être occupé pendant des années du théâtre politique et avec une patience laborieuse dans toutes les nuances des chroniques palatiales, avec le même air d’archiviste consommé, (on se souvient qu’il a fait don de ses archives encyclopédiques de coupures de presse à la Bibliothèque du Chambre des députés), il a fait de cette descente aux enfers, « une attaque médiatique » comme il le définit sans rabais.

Des prophéties de Pasolini aux proclamations délirantes de Fratellì, rien n’est oublié et l’image qui en résulte ressemble à une vision infernale de Jeronymous Bosch mais au parfum de carbonara.

A travers un récit détaillé et autodérision il nous restitue son expérience personnelle de « stupide » analogiquejamais opiniâtre en effet s’il est possible enchanté et touché par la créativité de notre peuple qui même dans l’abîme de la poubelle – parfois innommable – parvient toujours à avoir une étincelle de créativité qui conquiert.

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Finalement on trouve que pour le meilleur ou pour le pire, le sarcasme et l’ironie sont le vrai ciment de notre pays: un rire nous enterrera ou peut-être nous sauvera.
Tous les articles de Serena Dandini.

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