Deutsche Wohnen laisse les seniors sans eau pendant des jours


Pour pouvoir utiliser les toilettes, il fallait apporter des seaux au snack-bar au coin de la Charlottenburger Schloßallee.

Après l’éclatement d’une conduite d’eau, six maisons ont été coupées de l’approvisionnement en eau pendant six jours. Désespéré, le fils d’un habitant de 80 ans s’est tourné vers la BZ

Jeudi, pluie battante : les reporters du BZ se tiennent sur la Charlottenburger Schloßstrasse devant un immeuble qui a l’air aussi maussade que le temps. Les journalistes se dirigent vers Süleyman Arik (55 ans) et sa mère Hatice (80 ans) au quatrième étage. Un avis sur l’ascenseur : Deutsche Wohnen fait état d’un « défaut d’alimentation en eau » auquel il serait remédié « dans les plus brefs délais ».

Les appartements concernés de la Charlottenburger Schloßstrasse font partie des plus de 100 000 propriétés gérées par Deutsche Wohnen à Berlin (Photo : Ufuk Ucta)

« Ils disent qu’ils s’en soucient. Mais cela n’arrive pas », déclare Süleyman Arik. Pour que sa mère, atteinte de démence, puisse au moins utiliser ses toilettes, son fils a transporté l’eau dans des seaux du snack du coin jusqu’à son appartement. Laver, prendre une douche, nettoyer et cuisiner – rien n’a fonctionné.

Pour que sa mère puisse utiliser sa salle de bain accessible, le fils Arik a couru au restaurant du coin avec des seaux (Photo : Ufuk Ucta)
Pour que sa mère puisse utiliser sa salle de bain accessible, le fils Arik a couru au restaurant du coin avec des seaux (Photo : Ufuk Ucta)

« L’hygiène était un gros problème. Cela a rendu notre situation déjà difficile encore plus difficile », explique Arik, qui s’occupe de sa mère depuis longtemps. Mais depuis qu’il a pris sa retraite anticipée en raison d’une grave maladie des yeux, il doit se débrouiller chaque jour avec seulement 1 % de sa vision.

Il a été agacé à plusieurs reprises à propos de Deutsche Wohnen. Lui aussi a dû se passer d’eau chaude pendant trois mois. « La tenue de route était comparable. On m’a alors proposé une indemnité de loyer de 5 % », explique Arik. Les journalistes du BZ vont d’étage en étage, parlant aux personnes concernées. Deux d’entre eux souhaitent rester anonymes. « Ce n’est pas atypique », disent-ils, et que dans leurs nombreux appels jusqu’à présent, « un rendez-vous n’a jamais été évoqué ».


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Puis les journalistes sonnent chez Gisela Fabianke. Des images colorées tentent de masquer le gris terne des murs. Le octogénaire ouvre la porte. Et s’excuse immédiatement pour sa fatigue, le désordre, les plats inachevés. « Je n’ai pas vraiment dormi depuis des jours », rapporte la vieille dame. La raison : le stress et la peur de devoir aller aux toilettes la nuit.

Elle n’a pas de famille qui pourrait l’aider, seulement sa fille handicapée – et elle a besoin d’aide elle-même. « Mais heureusement, mon voisin m’a beaucoup soutenu », se réjouit la vieille dame.

Süleyman Arik (55 ans) prend soin de sa mère Hatice (80 ans) atteinte de démence (Photo : Ufuk Ucta)
Süleyman Arik (55 ans) prend soin de sa mère Hatice (80 ans) atteinte de démence (Photo : Ufuk Ucta)

BZ a suivi avec le propriétaire Deutsche Wohnen. « Un tel cas est bien sûr terrible et nous en sommes vraiment désolés. Mais l’eau est de retour maintenant », s’excuse l’association de logement. Lorsqu’on lui demande pourquoi les locataires semblent continuer à se retrouver dans de telles situations, Deutsche Wohnen évoque les 100 000 appartements au total, la « pénurie de travailleurs qualifiés » et les processus internes pour optimiser l’entreprise.

Pas une seule goutte – les habitants de Schloßstraße ont dû compter sur les dons d'eau pendant des jours (Photo : Ufuk Ucta)
Pas une seule goutte – les habitants de Schloßstraße ont dû compter sur les dons d’eau pendant des jours (Photo : Ufuk Ucta)

Que l’association de logement changera réellement quelque chose reste incertain. Une chose est sûre : l’eau de la Schloßstraße coule à nouveau depuis vendredi matin. Et bien que la semaine dernière ait causé beaucoup de souffrances aux riverains, elle a rassemblé les gens.

Car sur des mondes concrets anonymes, l’aide des voisins et de la famille a à peu près le même effet que les nombreuses images colorées qui tentent d’animer le couloir gris sur le sol de Gisela Fabianke.



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