« Des taxes bancaires plus élevées pourraient nuire à la résilience du secteur bancaire »


La récente proposition de la Chambre des représentants d’augmenter la taxe bancaire pourrait avoir des conséquences négatives pour le secteur bancaire aux Pays-Bas. C’est ce qu’écrit la Banque centrale européenne dans un avis sur le projet de loi publié mardi. Le régulateur précise qu’avant d’introduire une taxe bancaire supplémentaire, il faut d’abord procéder à une « analyse approfondie des éventuelles conséquences négatives ». Selon la BCE, ce prélèvement pourrait « nuire à la résilience du secteur bancaire » et « provoquer une perturbation du marché ».

L’augmentation de la taxe bancaire a été proposée après la journée budgétaire par GroenLinks-PvdA, ChristenUnie et D66. La taxe bancaire, introduite en 2012 pour taxer le soutien implicite de l’État aux banques, génère désormais 470 millions d’euros par an. Après l’augmentation, cela devrait représenter 150 millions d’euros de plus. Avec cette augmentation, la Chambre veut taxer les « bénéfices excédentaires » des banques. Les recettes devraient couvrir une partie des coûts liés à l’augmentation du minimum social.

Dans ses conseils en tant que superviseur bancaire et décideur de politique monétaire, la BCE critique la conception de la taxe. Bien que le but de ce plan soit de lutter contre les « bénéfices excédentaires », le montant est calculé sur la base des bilans des banques et non sur la base de leur rentabilité.

Selon la BCE, cela pourrait signifier que les banques les plus faibles – qui ne sont pas du tout rentables ou qui enregistrent des pertes – sont moins en mesure d’absorber un éventuel ralentissement économique. La taxe bancaire ne prend pas en compte les éventuelles contributions financières plus élevées qu’une banque pourrait devoir absorber pour absorber les pertes sur prêts. « En conséquence, la taxe pourrait être disproportionnée par rapport à la rentabilité à long terme d’un établissement de crédit et à sa capacité à générer du capital », a indiqué la BCE dans sa lettre.

Dans ses critiques, la BCE partage les déclarations antérieures de l’organisation bancaire NVB ainsi que celles du président de la Nederlandsche Bank, Klaas Knot, qui est également membre du conseil d’administration de la BCE. Knot avait précédemment averti que la taxe pourrait rendre plus difficile pour les banques de reconstituer leurs réserves.

« Augmentation remarquable des bénéfices »

La BCE a écrit mardi dans une autre publication que la rentabilité des banques avait affiché une « augmentation remarquable » en 2023. Le rendement moyen des banques a atteint une moyenne supérieure à 10 pour cent au deuxième trimestre de l’année pour la première fois depuis le début de l’union bancaire en 2014 – lorsque la supervision est devenue européenne – écrit la BCE. dans son évaluation annuelle de la supervision bancaire SREP.

Cependant, la rentabilité accrue due à la hausse des taux d’intérêt est à nouveau sous pression, prévient en même temps la BCE. Les mêmes taux d’intérêt plus élevés qui ont entraîné des marges bénéficiaires plus élevées l’année dernière posent désormais divers « défis », selon le régulateur.

La BCE considère, entre autres, que des taux d’intérêt plus élevés signifient des coûts de capital plus élevés pour les banques : il leur coûte plus cher d’attirer de l’argent sur les marchés financiers et les banques doivent payer davantage d’intérêts d’épargne pour fidéliser leurs clients. Dans le même temps, la BCE elle-même supprime progressivement les prêts TLTRO, une source de financement bancaire. La BCE a accordé ces prêts depuis la crise de l’euro pour augmenter l’inflation, qui était alors très faible. Ce programme de soutien sera progressivement supprimé à partir de 2022, pour atteindre zéro en décembre de l’année prochaine.

La BCE voit également un danger pour la rentabilité des banques dans la mesure où la qualité des prêts des banques risque de diminuer si les tensions géopolitiques s’accentuent ou si les consommateurs et les entreprises sont moins en mesure de payer leurs frais d’intérêt en raison d’une inflation élevée et d’une hausse des taux d’intérêt.

La BCE s’attend à ce que la concurrence sur le marché de l’épargne s’accentue dans un avenir proche en raison de cette tension dans le financement bancaire. Le régulateur constate qu’une division se dessine déjà : les banques les plus faibles de la zone euro remboursent leurs prêts TLTRO auprès de la BCE plus tard que leurs concurrentes plus fortes. Les mêmes banques, plus faibles, proposent des taux d’intérêt plus élevés sur les dépôts d’épargne afin d’attirer davantage d’épargne.

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