« Des risques sanitaires énormes pour les travailleurs migrants »


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Les travailleurs migrants courent d’énormes risques pour leur santé en raison des conditions dans lesquelles ils doivent travailler aux Pays-Bas. Les longues journées de travail, la forte pression de production, les faibles revenus, les conditions de vie précaires et le travail physiquement exigeant entraînent des problèmes de santé physique et mentale. C’est ce que conclut le centre national d’expertise des différences sanitaires Pharos dans un rapport qui sera publié lundi. Les chercheurs ont basé leurs conclusions sur une enquête menée auprès de 260 travailleurs migrants et se sont entretenus intensivement avec dix d’entre eux. Ils se sont également entretenus avec dix-huit professionnels du domaine soignant et social.

Les travailleurs d’Europe de l’Est arrivent souvent aux Pays-Bas en bonne santé, concluent les chercheurs. Mais les conditions dans lesquelles ils doivent travailler et vivre aux Pays-Bas entraînent des problèmes majeurs. « Nous soupçonnions à l’avance qu’il y avait des abus, mais nous ne savions pas que l’impact sur la santé était si grand et si grave », explique la chercheuse Inge Goorts de Pharos. « Les gens se débrouillent. »

La recherche montre que les longues journées de travail épuisent les travailleurs migrants et qu’il n’y a pas de temps pour les contacts sociaux et la détente après le travail. Ils n’ont pas le temps de faire de l’exercice et gagnent trop peu pour acheter des produits sains. Lorsqu’ils tombent malades, ils continuent souvent à travailler de peur de perdre leur emploi ou de subir des pressions de la part de leur employeur pour qu’ils continuent à travailler. De nombreux travailleurs migrants sont également assurés par l’intermédiaire d’une agence pour l’emploi, qui deviendra caduque s’ils perdent leur emploi. Pour cette raison, s’ils sont au chômage, ils vont rarement chez un médecin généraliste, un dentiste ou un hygiéniste dentaire, ce qui aggrave d’éventuels problèmes de santé.

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Et, disent les chercheurs, les travailleurs migrants sont souvent mal informés. Ils ne parlent pas néerlandais, mais parfois ils ne parlent pas anglais non plus. Par exemple, la connaissance de ce qui est remboursé par l’assurance est insuffisante, de sorte qu’ils retardent la recherche d’aide par crainte de coûts élevés. Il y a aussi peu de connaissances sur les options d’aide pour les problèmes mentaux, et la honte signifie que les travailleurs migrants sont beaucoup moins susceptibles de demander une aide psychologique que les Néerlandais.

Roemer ne va pas assez loin

L’ancien leader du PS Emile Roemer a publié un rapport en 2020 avec cinquante recommandations pour améliorer la situation des travailleurs migrants. Mais ceux-ci ne vont pas assez loin pour annuler les risques pour la santé, concluent les chercheurs. Les soins de santé au travail dans les agences pour l’emploi doivent être mieux réglementés, les travailleurs migrants doivent être informés dans le domaine de la santé et les prestataires de soins doivent être mieux informés des règles concernant les personnes non assurées. De plus, selon les chercheurs, il faudrait davantage recourir aux interprètes.



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