Le monde aurait besoin d’un peu plus d’empathie – la nouvelle performance de Club Guy & Roni arrive à point nommé. Dans Îles d’empathieune partie de leur série L’Odyssée humaine, les chorégraphes Guy Weizman et Roni Haver recherchent l’empathie dans une société axée sur l’individualisme et l’autonomie. Un monde où ce ne sont pas nos proches, mais des livres d’aide personnelle et des lignes d’assistance téléphonique, qui devraient offrir une issue au chaos de la vie quotidienne.
Weizman et Haver ont demandé conseil aux « griots » sénégalais, ces conteurs avisés qui constituent un facteur unificateur dans la société à travers leurs histoires sur l’histoire, les traditions et la philosophie Ubuntu axée sur la communauté.
Un bon point de départ, mais l’exécution de la performance est faible et peu originale. L’une des rares lignes claires dans Îles d’empathie par exemple, est formé par les scènes jouées dans lesquelles Katarina (danseuse Sofiko Nachkebiya) a des conversations téléphoniques avec l’opérateur Alex (danseur Adam Peterson) de l’Empathy Hotline.
Lorsqu’elle le retrouve après plusieurs tentatives de « rester en ligne », ses petits problèmes – un manque de riz, un poisson mort, un mari indifférent – semblent cacher des sentiments de désespoir, d’incapacité et de solitude. Pendant ce temps, le cri d’un bébé se tait ; il est suggéré que Katarina ait secoué son enfant à mort. Nachkebiya et Peterson agissent bien, mais les conversations téléphoniques comme les appels à l’aide dans la société individualiste ne sont certainement plus originales.
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Un autre élément récurrent sont les brefs éclats de danse Sabar de la danseuse sénégalaise Awa Seck sur les rythmes rapides du Sabar des percussionnistes Pape Seck et Niels Meliefste (Slagwerk Den Haag).
Ils servent de literie et la fonction dans son ensemble est mince : les sept danseurs du Club Guy & Roni tentent d’apprendre et d’imiter son langage de danse dans une danse de groupe synchrone par voie de connexion et d’empathie. Presque toutes les danses de groupe sont synchrones ; belle chorégraphie avec des virages sauvages et des membres agités, parfois une sorte de version tordue de la musique classique.
Les créateurs sont bien conscients qu’il est difficile d’incorporer dans la danse quelque chose de pertinent concernant l’empathie. Par exemple, la danseuse Angela Herenda donne une description quelque peu pompeuse de l’empathie qu’il est impossible de capturer exactement dans le mouvement. En revanche : la main parfois posée sur une épaule est plus éloquente que les longs discours, tout comme la manière dont un danseur se laisse parfois émouvoir par les autres.
Les percussions de Pape Seck sur djembé et tambours gourdes viennent parfois rehausser la performance. Mais en général, il manque une ligne claire, un concept unificateur et convaincant, ce qui rend le spectacle fragmenté. Le développement manque et un certain hasard s’installe. Les plus puissants sont les costumes jaune vif de Tania Ballve, l’excellente conception des lumières de Maarten van Rossem et surtout les contributions des percussionnistes Seck et Meliefste.