Des milliers de jeunes femmes abusées sexuellement dans les cliniques de la RDA


Par Birgit Buerkner

C’est un chapitre de l’histoire de la RDA qui n’a jusqu’à présent reçu que peu d’attention. Des milliers de filles et de jeunes femmes non conformes à l’image socialiste ont été admises dans des cliniques contre leur gré.

Ils ont subi des humiliations et des violences sexuelles dans des services dits vénéréologiques. « Le traitement en est encore à ses balbutiements », déclare Christine Bergmann (83 ans), membre de la Commission indépendante pour le traitement des abus sexuels sur enfants. « Des filles dès l’âge de douze ans et des femmes ont été internées de force sous prétexte de suspicion de maladies sexuellement transmissibles. »

Vue d’un dortoir de l’hôpital de Prenzlauer Berg, qui a ensuite été utilisé pour accueillir des personnes atteintes de « HwG » (« rapports sexuels fréquemment alternés ») Photo : Société d’édition scientifique médicale

Le professeur Florian Steger (49 ans), directeur de l’Institut d’histoire, de théorie et d’éthique de la médecine de l’Université d’Ulm, qui étudie le sujet depuis dix ans, déclare : « C’étaient des jeunes femmes tout à fait ordinaires qui voulaient en direct. Peut-être n’étaient-ils pas aussi ancrés dans la structure socialiste souhaitée. » Après avoir interrogé une centaine de personnes concernées et parcouru 5 000 dossiers médicaux, il sait : « Il n’y avait aucun aspect de soins dans les services. Le travail consistait à discipliner les jeunes femmes impopulaires. » Seulement 20 à 30 % avaient en fait une MST.

Dans cette caserne de l'hôpital de Prenzlauer Berg, les patients étaient détenus dans des conditions quasi carcérales

Dans cette caserne de l’hôpital de Prenzlauer Berg, les patients étaient détenus dans des conditions quasi carcérales Photo : Société d’édition scientifique médicale

Des adolescentes qui auraient eu des « rapports sexuels fréquents » (abréviation RDA : « HwG ») ont été visitées par des employés du « Bureau central » ou emmenées avec la police. À partir de 1950, elle a d’abord été hébergée à l’hôpital de Prenzlauer Berg sur l’actuelle Fröbelstrasse. A partir de 1971, les admissions obligatoires courent sur le bureau du Dr. Günter Elste, médecin-chef de la Clinique Buch. Là, il a caserné les personnes touchées dans la maison 114.

Des examens gynécologiques ont été effectués quotidiennement, au cours desquels des échantillons de tissus ont été prélevés sur l’abdomen. Dans son livre « Traumatisation par la médecine politisée », Steger donne la parole aux personnes concernées : « Ensuite, c’est passé derrière le rideau l’un après l’autre et puis c’est devenu assez brutal, ces instruments gynécologiques qui ont un tel pli (…) ont ensuite été présentées et quand vous pleurnichiez, vous étiez insultée, ça ne fait pas de mal non plus d’être avec des hommes. » Des blessures et des saignements se produisaient souvent.

Les personnes concernées souffrent désormais de séquelles à long terme : agitation, troubles mentaux, problèmes de confiance.

La Commission appelle à l’aide et au soutien des victimes. Selon Steger, une compensation serait également souhaitable.



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