Samedi, des manifestants ont pris d’assaut la résidence du président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa, forçant le dirigeant assiégé à fuir alors que l’escalade des manifestations contre une crise économique profonde menaçait de pousser le gouvernement du pays au bord de l’effondrement.
Le Sri Lanka est aux prises avec l’une des pires catastrophes économiques de son histoire après avoir effectivement épuisé ses réserves de change, entraînant des pénuries paralysantes de carburant, de nourriture et de médicaments et une chute spectaculaire du niveau de vie.
L’île de 22 millions d’euros a fait défaut sur le remboursement de sa dette extérieure en mai, devenant ainsi le premier pays de la région Asie-Pacifique à le faire en deux décennies.
Des dizaines de milliers de manifestants ont envahi le centre de Colombo, la capitale, samedi, appelant Rajapaksa à démissionner. La foule a submergé les forces de sécurité, qui avaient déployé des gaz lacrymogènes et des canons à eau, et pris d’assaut la maison du président et le secrétariat présidentiel, son bureau.
Les médias locaux ont rapporté que Rajapaksa avait été évacué de la résidence vendredi en prévision des troubles. Son sort n’était pas clair. Des vidéos sur les réseaux sociaux montraient des manifestants nageant dans la piscine du président après avoir occupé le bâtiment.
La confrontation de samedi a été l’escalade la plus dramatique des manifestations depuis mai, lorsque des affrontements entre manifestants pro et antigouvernementaux ont poussé le Premier ministre Mahinda Rajapaksa, le frère de Gotabaya, à démissionner.
Gotabaya a défié les appels généralisés à se retirer, nommant un nouveau Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, et promettant de sortir le pays de la crise.
Mais les manifestations de samedi ont marqué un nouveau creux pour le président, un ancien chef militaire dont l’emprise sur le pouvoir est devenue de plus en plus précaire. Wickremesinghe a convoqué une réunion d’urgence des chefs de parti et a demandé au parlement de se réunir à nouveau en réponse à la crise.
Le Sri Lanka négocie un plan de sauvetage de plusieurs milliards de dollars avec le FMI et entame des négociations de restructuration de la dette avec ses créanciers, qui comprennent des détenteurs d’obligations privées et des pays comme la Chine, le Japon et l’Inde. Le Sri Lanka doit plus de 50 milliards de dollars de dette extérieure.
Une équipe du FMI s’est rendue à Colombo le mois dernier mais n’a pas encore convenu d’un plan de sauvetage.
La situation des Sri Lankais, qui jouissaient auparavant de l’un des niveaux de vie les plus élevés d’Asie du Sud, s’est détériorée précipitamment. Le mois dernier, le pays a interdit aux véhicules privés de faire le plein afin de conserver l’énergie pour les services essentiels.
Les entreprises ont du mal à fonctionner à cause des coupures de courant quotidiennes qui durent des heures d’affilée, tandis que les autorités ont fermé des écoles. Plusieurs gouvernements ont déconseillé à leurs citoyens de se rendre dans le pays, dévastant le tourisme, l’une des plus importantes sources de devises du Sri Lanka.
Rajapaksa, qui est originaire de l’une des dynasties politiques les plus puissantes du Sri Lanka, a été élu en 2019. Avec son frère Mahinda, qui a été président entre 2005 et 2015, Gotabaya a aidé à mettre fin à la guerre civile brutale de l’île en 2009 après avoir dirigé un campagne militaire pour écraser les rebelles des Tigres tamouls.