Des fonds américains pressent la France d’augmenter le prix de rachat d’EDF de 10 milliards d’euros


Plusieurs fonds américains poussent l’État français à relever son offre de rachat de 10 milliards d’euros aux actionnaires minoritaires d’EDF et demandent au régulateur du marché français de recommander une hausse des prix, ajoutant à la pression des investisseurs mécontents des conditions de la nationalisation.

Le gouvernement français s’apprête à racheter les 16% qu’il ne détient pas déjà dans EDF, alors que le groupe est aux prises avec des arrêts de production dans ses réacteurs nucléaires français et la flambée des prix de gros de l’électricité en Europe, et se prépare à construire de nouvelles centrales coûteuses.

Le processus inverse une privatisation de 2005 et la chute subséquente du cours de l’action de la compagnie d’électricité puisqu’elle était cotée à 32 € par action, ce qui a conduit à l’opposition au prix de rachat de 12 € par action de la part de certains investisseurs à long terme, tels que les actionnaires salariés.

Des fonds américains détenant plusieurs centaines de millions d’euros d’actions EDF, dont le fonds spéculatif TIG Advisors, ont maintenant demandé à l’Autorité des marchés financiers (AMF) de contester le prix de l’offre et de recommander son augmentation à 15,80 euros par action, selon un Lettre du 3 novembre envoyée par l’avocate Sophie Vermeille et vue par le Financial Times.

Les fonds ont fait valoir que les informations sur l’impact des décisions gouvernementales de ces dernières années sur les finances d’EDF étaient insuffisantes et n’ont pas été prises en compte par un cabinet de conseil indépendant engagé par le service public pour examiner l’offre. Ils ont également demandé des modifications aux conditions de l’appel d’offres et à la manière dont les offres sont collectées.

« En ne permettant pas aux actionnaires minoritaires de bénéficier d’un juste prix ou de l’information nécessaire pour se forger une opinion éclairée sur les conditions financières, [the AMF] enverrait un signal extrêmement négatif sur Paris en tant que place financière », a écrit Vermeille.

L’AMF devrait approuver ou élever des objections à l’offre, dans une décision qui pourrait être rendue publique mardi en fonction des dépôts d’offre publique. L’AMF, EDF et le ministère français de l’Economie se sont refusés à tout commentaire.

Une fois l’offre lancée, le gouvernement doit atteindre un seuil d’acceptation de 90% de sa participation de 84% avant de pouvoir évincer le reste des actionnaires minoritaires. L’action EDF se situe juste en dessous du niveau du prix de l’offre de 12 €, après avoir chuté près de son plus bas historique à 5,8 € en mars.

L’offre de rachat de 9,7 milliards d’euros de l’État comprend une offre sur les obligations convertibles d’EDF. L’offre représentait une prime de 53% par rapport au cours de clôture de la société avant l’annonce de la nationalisation en juillet.

EDF, qui a réduit la semaine dernière ses prévisions de production pour la quatrième fois cette année en raison d’arrêts de réacteurs et de programmes de maintenance, a également été touché en janvier lorsque le gouvernement français lui a fait absorber le coût de sa tentative de plafonner la hausse des factures d’électricité des consommateurs à 4 % en 2022.

Vermeille a déclaré au FT que les fonds ne cherchaient pas à faire dérailler la nationalisation, mais à faire pression pour plus de transparence autour du processus.

Certains autres actionnaires demandent également une augmentation du prix à au moins 15 euros par action, comme les salariés qui ont investi dans les actions et détiennent collectivement environ 1,5 % du capital d’EDF.

« Les actionnaires minoritaires sont contraints de vendre au pire moment de l’histoire d’EDF », a déclaré Martine Faure, représentante du syndicat CFE-CGC et présidente de deux fonds d’actionnariat salarié.

L’actionnaire activiste français CIAM, qui détient moins de 1% d’EDF, a également critiqué le processus.

« Il est clair que le prix n’est pas adéquat quand on voit comment l’Etat est intervenu et a fait chuter le cours de l’action », a déclaré Catherine Berjal, co-fondatrice du CIAM. C’est l’AMF qui devrait désigner un expert indépendant pour examiner l’offre, et non EDF, a ajouté Berjal.

L’AMF dispose d’options parmi lesquelles choisir de prendre plus de temps pour examiner l’offre publique. Le gouvernement a cherché à aller de l’avant le plus rapidement possible alors que les divers problèmes de production d’EDF déchiraient son bénéfice de base.



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