Des femmes occupées à se battre, sans armes, mais hors des anciens rôles, aux côtés des hommes. Ne les oublions pas…


Barbara Stefanelli (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

G.les hommes du front, même les garçons d’à peine dix-huit ans, obligés d’apprendre à tirer et à tuer. Des femmes en cavale, avec des enfants et des personnes âgées, ou cachées dans des caves, dans des stations de métro, au sous-sol de maisons de campagne.

Ces mois de guerre en Ukraine nous ont laissé face à une division du travail pour la survie que l’on croyait archivée avec le XXe siècle.

Bien sûr, il y a les combattants de l’armée jaune et bleue de la Résistance. Le conte dominant, cependant, prédit une séparation ancienne. Ce qui nous fait rouvrir des albums de famille et des livres sur la Seconde Guerre mondiale.

Comme, comment Pain noiren réimpression pour les essais Bur – Rizzoli, par Miriam Mafaï. Où l’on retrouve le discours de Benito Mussolini du 10 juin 1940 (« Prenons le terrain contre les démocraties ploutocratiques et réactionnaires d’Occident ») et les cinq années infinies qui suivirent, d’abord traversées par des cortèges qui chantaient « S’il nous manque un peu de land / we will take England », puis ponctuée de sirènes annonçant le bombardement des villes, enfin marquée par les rafles nazies, par les listes de disparus le long du front russe ou aux portes des camps de concentration.

« Pane Nero » de Miriam Mafai (Bur – Rizzoli).

Et il y a des femmes qui deviennent « le pilier de cette vie de famille, choqué par rapport au passé, qu’il faut désormais organiser au-delà des règles habituelles. A eux de trouver de la nourriture pour les personnes âgées, les enfants, les hommes qui ne sont pas encore partis mais qui partiront. C’est à eux d’organiser la migration vers les refuges ».

L’une des dizaines de voix que Mafai rassemble, les exhumant dans la mémoire d’un paysage national qui s’effaçait, nous dit : « Il n’y avait pas de lendemain, tu savais déjà que tu devais encore entendre l’alarmeles explosions, la terre qui tremblait dans une répétition continue qui affaiblissait la volonté ».

Mais c’est entre les lignes quotidiennes de cette terrible époque que les Italiens prennent de nouveaux espaces. Ils se retrouvent chefs de famille, comblent les vides dans les usines, conduisent les tramstrès jeunes s’offrent comme relais partisans, inventent les groupes de défense des femmes.

« Je cherchais des femmes qui filaient la laine et fabriquaient des chaussettes et des vêtements que nous envoyions dans les montagnes. Nous nous procurions de la nourriture et des médicaments, soignions les blessés dans les fermes. Puis il y a eu la presse à diffuser… La guérilla, je l’ai fait, sans armes« .

C’est notre Histoire, si semblable aux chroniques de Marioupol, Kiev, Bucha. Si fort, dans un autre millénaire, pour percer toute tentative de lever un bouclier d’extranéité, entre nous et eux, sur la carte de l’Europe elle-même.

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