Les entreprises de crypto-monnaie qui ont besoin de leurs états financiers audités devront probablement payer plus pour cela, et elles doivent remercier Sam Bankman-Fried.
L’effondrement de l’empire cryptographique de Bankman-Fried et la mise en lumière qu’il a mise sur les auditeurs qui ont signé ses livres ont incité les petits cabinets d’audit à réexaminer leur travail pour les entreprises de l’industrie naissante.
Plusieurs entreprises américaines ont déclaré au Financial Times qu’elles avaient élevé certains ou tous leurs clients liés à la cryptographie au statut de « risque élevé », déclenchant un audit plus approfondi qui prendra plus de temps et entraînera des factures plus élevées. Certains clients pourraient finalement être complètement abandonnés.
Le réexamen intervient quelques semaines seulement avant la fin de l’exercice aux États-Unis, où les auditeurs ont du mal à appliquer les règles comptables pour les actifs numériques qui ne sont encore qu’à moitié formés et les régulateurs surveillent de près les dérapages.
« Vos antennes doivent être en place à ce stade », a déclaré Jeffrey Weiner, directeur général de Marcum, dont les clients d’audit comprennent des mineurs de bitcoins et des groupes d’investissement dans des actifs numériques. La société a désigné les clients cryptographiques à tous les niveaux comme à haut risque à la suite de l’effondrement de FTX et des retombées sur les marchés des crypto-monnaies.
« Lorsqu’un client présente un risque élevé, vous élargissez considérablement la portée de l’audit, ce qui se traduit par un besoin de plus de ressources et de plus de temps », a ajouté Weiner. Un travail supplémentaire sera nécessaire pour vérifier les « systèmes, les contrôles, l’existence d’actifs, la séparation des fonds et, bien sûr, compte tenu de FTX, il y aura un examen supplémentaire des transactions entre parties liées ».
Les dépôts de bilan de FTX décrivaient une opération chaotique où l’échange de crypto était profondément lié aux activités commerciales personnelles de Bankman-Fried, et des milliards de dollars d’argent de clients sont portés disparus. John Ray III, l’expert en insolvabilité nouvellement nommé directeur général, a déclaré qu’il n’avait jamais vu « un échec aussi complet des contrôles d’entreprise et une absence aussi totale d’informations financières fiables ».
Les dépôts ont soulevé la question de savoir comment Prager Metis – une entreprise américaine avec seulement 139 millions de dollars de revenus annuels – a pu émettre une opinion d’audit sans réserve pour les états financiers 2021 des opérations internationales tentaculaires de FTX. Les normes de l’industrie exigent que les auditeurs comprennent les contrôles internes d’une entreprise privée et conçoivent un audit en conséquence, même s’ils ne sont pas tenus d’attester que les contrôles sont solides.
Armanino, une société basée en Californie avec un chiffre d’affaires annuel de 458 millions de dollars, a émis une opinion similaire sans réserve pour les états financiers des activités d’échange américaines de FTX.
Les deux cabinets ont publié des déclarations confirmant leur travail pour FTX, qui, selon les deux, ne s’est pas poursuivi au-delà de l’audit de l’année dernière.
Compte tenu de l’étendue des entreprises exposées au FTX et de l’effondrement des marchés des actifs numériques, « nous vérifions avec nos clients et nous avons eu certains cas où nous avons dû ajuster les cotes de risque », a déclaré un partenaire d’une autre entreprise qui audite les entreprises de cryptographie. « Nous approchons de la fin de l’année, donc si nous voulons continuer et terminer l’audit, nous devons nous demander si nous avons toutes les procédures dont nous avons besoin, ou de nouvelles ressources que nous devons mettre à contribution. »
Le partenaire a ajouté que les petits cabinets d’audit sont susceptibles de devenir plus difficiles à accepter des clients cryptographiques. « Nous ne travaillons pas pour des personnes susceptibles d’échouer. Quand une entreprise fait faillite, il y a beaucoup de travail : vous allez être cité à comparaître, déposé, les gens vont vouloir regarder vos papiers de travail pour voir si vous avez manqué quelque chose. C’est impliqué.
Deux semaines avant l’effondrement de FTX, le cabinet d’audit Big Four EY s’est séparé de Core Scientific, un mineur de bitcoins du Texas qui a averti qu’il pourrait manquer d’argent d’ici la fin de cette année. EY a déclaré avoir constaté une tenue de registres insuffisante et des contrôles internes médiocres, selon un dossier réglementaire. Core Scientific a déclaré qu’il utiliserait plutôt Marcum comme auditeur.
Les Big Four – PwC, Deloitte et KPMG, ainsi que EY – affirment qu’ils peuvent apporter plus de ressources au travail des clients crypto que les petits auditeurs. Les grands auditeurs facturent généralement plus que les petites entreprises.
Le Public Company Accounting Oversight Board, qui réglemente les audits des entreprises publiques américaines, a publié un bulletin en août indiquant aux entreprises qu’elles devraient vérifier si leurs auditeurs avaient les bonnes compétences.
« Quelle est la compréhension de l’auditeur des implications de l’information financière des activités de l’entreprise liées aux actifs numériques ? » il a demandé. « Quelles politiques et procédures le cabinet d’audit a-t-il concernant la conduite et le suivi des missions d’audit impliquant des actifs numériques, y compris la prise en compte des risques associés à la réalisation de tels audits ? »
Répondre à la première question n’est pas chose aisée, disent les auditeurs, car les innovations dans les actifs numériques sont arrivées plus vite que les normes comptables ne peuvent être établies. L’AICPA, un organisme professionnel qui établit les normes d’audit des entreprises privées, n’a rédigé que quelques chapitres d’un guide des pratiques d’audit, et d’autres sont encore en préparation.
« Nos conseils sont toujours informés par les événements actuels et les scénarios du monde réel et tout risque potentiel supplémentaire qu’ils peuvent survenir », a déclaré Susan Coffey, directrice générale de l’expertise comptable de l’AICPA.
Armanino, l’auditeur de FTX US, a déclaré qu’il avait « investi beaucoup de temps et de capital intellectuel en tant que participant actif dans plusieurs groupes de l’industrie comptable » pour aider à développer des normes.
D’autres cabinets d’audit sont simplement ravis de ne pas avoir été impliqués dans la cryptographie.
« Comme j’espère que chaque cabinet d’audit, après l’effondrement de FTX, nous sommes retournés examiner notre portefeuille de clients », a déclaré Charly Weinstein, directeur général d’EisnerAmper. Pour ceux qui ont des actifs numériques ou une exposition à la crypto-monnaie, cela ne représentait qu’une petite fraction de l’activité, a-t-il ajouté.
« Nous n’avons pas fait [audit] travailler autour de la crypto-monnaie. Par excès de prudence.