Depuis sa sortie, le 6 avril 1943, Le Petit Prince s’est vendu à 200 millions d’exemplaires


Pest-ce aussi Che Guevara avait lu Le petit Prince par Antoine de Saint-Exupéry. Le plus grand collectionneur de livres au monde en est convaincu, l’entrepreneur suisse JeanMarc Probst. Il a découvert des traces de cette prédilection dans un mémoire sur la légende de la révolution cubaine.

Avec l’ineffable cigare à la bouche Le Che s’est détendu en lisant le récit de la rencontre entre un aviateurcontraint par une panne à faire un atterrissage d’urgence dans le désert, et un enfant originaire de l’espace où il n’avait qu’une rose pour compagne – qui lui demande de lui dessiner un mouton.

Le Petit Prince pour toujours

On se demande, en effet, qui n’a pas encore lu ce long-seller. Dès l’année de sa parution, le 6 avril 1943, d’abord en anglais puis en français (le manuscrit original est conservé à la Morgan Library de New York), Le petit Prince continué à broyer copies après copies : on parle d’au moins 200 millions de textes vendus répartis dans plus de 470 langues et différents dialectes, dont le sanskrit, le vieux prussien et la version hiéroglyphique égyptienne, pour n’en nommer que quelques-uns.

Un succès planétaire – qui marque cette année le quatre-vingtième anniversaire de sa première publication – qui a généré, au fil du temps, une passion fébrile chez les collectionneurs, et une explosion sans fin d’expositions, de spectacles, de films, musées et produits de commercialisation dans le monde entier (de la moleskine aux baskets en passant par les crèmes pour le visage).

Le Petit Prince : les événements de 2023

Souvenir du Petit Prince

Quelques événements de 2023 : la comédie musicale homonyme dirigée par Stefano Genovese est partie de la Chapelle Sixtine et actuellement à Florence avant de continuer à Assago, Milan, le musée nouvellement ouvert en Corée du Sud, sur l’île de Jeju, qui compte déjà 12 millions de touristes, pour n’en citer que quelques-uns.

Et puis un grand exposition immersive en avril à Miami, une installation dans la librairie Lello à Porto (où Harry Potter est né) jusqu’en avril et, parmi d’innombrables initiatives, également la publication de une nouvelle édition en quatre-vingts langues par un éditeur allemand.

En Italie, à Alghero, la dernière ville qu’il a vue vivant l’écrivain aviateur avant sa disparition, il y a la Mase, Musée Antoine de Saint-Exupéry),

Une édition du Petit Prince en ukrainien

«Le petit Prince donne des réponses à tous grâce à son message universel et laïque de valeurs telles que l’amitié, l’amour, la compassion et l’altruisme» explique Jean-Marc Probst (qui possède 6 600 éditions dans plus de 300 langues et dialectes) qui répartit les lecteurs et « fans » en quatre catégories : « Il y a ceux qui trouvent une réponse aux grands thèmes existentiels, qui consolation après une perte, qui voit un manifeste à l’amitié et qui, finalement, l’achète pour sa profondeur littéraire propre à tout le monde».

Probst collectionne les copies depuis 1980, date à laquelle il a découvert un livre traduit dans la vitrine d’un magasin au Japon. Parmi ses « trésors » figurent aujourd’hui les deux premières éditions en anglais et en français de 1943 qu’il a tout récemment mises à disposition pour une exposition à Paris.

Souvenir du Petit Prince

Une collection de plus de 6 000 pièces

En 2013, il a voulu sécuriser cet héritage à travers la Fondation Jean-Marc Probst Petit Prince avec qui il fait aussi du bien : il « utilise » Le Petit Prince pour toucher les enfants défavorisés. Il a financé une traduction en somali pour les enfants du Somaliland.

Et, maintenant, avec Antonio Fragomeni, le plus grand collectionneur italien (envisage 2500 éditions dont une traduite en touareg), vient de donner vie à une édition ukraino-italienne en cadeau et aux réfugiés de Kiev de lire le texte dans une école de Naples.

«Quand on me demande pourquoi je collectionne Le petit Prince Je réponds toujours que c’est une question d’émotions. Ses paroles créent des liens » souligne Fragomeni. « On ne voit bien qu’avec le cœur », dit le livre.

Le timbre-poste du Petit Prince

Une fin entourée de mystère

L’aspect incroyable de toute l’histoire c’est que son auteur n’a jamais tenu son œuvre entre ses mains. Saint-Exupéry y avait longuement travaillé, frénétiquement, depuis les années 1930, au milieu d’innombrables révisions, réécritures et annulations.

Mais lorsque le texte est publié il avait déjà quitté New York (où il vivait en exil avec sa femme) pour revenir combattre comme pilote en Francje. Le reste est connu. L’écrivain disparaît l’année suivante, le 31 juillet 1944, au terme d’une vie aventureuse. Il est abattu par un avion de la Luftwaffe allemande après avoir décollé en reconnaissance d’une base militaire en Corse pour Lyon.

Il avait 44 ans. Au fil des ans, diverses reconstructions se sont succédées sur son extrémité. Un bracelet et l’épave de l’avion ont été retrouvés au large de Marseille, mais il y a aussi ceux qui prétendent qu’en réalité il aurait été sauvé et réfugié aux Bermudes avant de mourir en 1994.

Un livre de l’auteur de romans policiers français Michel Bussi, Code 612 (éditions E/O), fusionne diverses hypothèses dans le Club 612, une association secrète qui regroupe des experts du Petit Prince.

Homme charmant et capricieux

Antoine De Saint Exupéry avec sa femme Consuelo à Paris. (Photo de Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

Qui était l’auteur du Petit Prince

« Saint-Exupéry c’est comme Elvis Presleyaussi du chanteur on dit qu’il n’est jamais mort» note Romana Petri, auteur du roman intense sur sa vie Voler la nuit (Mondadori), nominé pour le prix Strega.

Ça part de son enfance, du moment où sa mère l’a appelé « Roi Soleil » parce qu’il était capricieux, centralisateur, extravagant, il a infecté tout le monde avec ses poèmes, elle en premier lieu pour laquelle il aura toujours un attachement morbide.

Il parle de ses premières tentatives de vol, du moment où il reçoit un moteur à combustion interne en cadeau pour créer un « avion volant“. Travaille ensuite pour la compagnie aéropostale qui l’emmène régulièrement sur des vols de cinq mille kilomètres, de Toulouse à Dakar, pour transporter le courrier, « la parole des autres », comme il l’écrit à sa mère.

Le petit Prince.  Romain Pétri

Le Petit Prince est un livre hypnotique

De l’accident dans le désert où il est sauvé par un bédouin, de la fascination pour le vol de nuit alors cauchemar pour les pilotes. Jusqu’à ce qu’il rencontre l’amour de sa vie, l’écrivaine salvadorienne Consuelo Suncín-Sandoval Zeceña de Gómez, à qui il demandera en mariage au bout de quelques heures mais qu’il trompera avec des dizaines d’amants tout en écrivant ses cent pages de lettres d’amour. (d’eux il dira narcissiquement, « c’était comme des salles d’attente »).

« La vérité est qu’il aurait souhaité être un enfant pour toujours, n’a pas accepté le concept du temps, sa tragédie est qu’il l’a compris immédiatement en tant qu’enfant ; pourtant il était fascinant et visionnaire. Il parlait toujours d’étoiles et de fleurs ; s’il voulait faire un compliment il les utilisait comme comparaisons » poursuit Petri qui l’imagine dans les derniers instants de sa vie avec Lawrence d’Arabie.

« Le Petit Prince est un livre hypnotique, presque métaphysique, c’est un traité contre la violence, mais c’est aussi sa volonté. Cet enfant qui meurt piqué par un serpent a toujours fait penser à une annonce de suicide, la rose était sa femme Consuelo, l’astéroïde 612 était le résultat de ses études de numérologue. Bref, la somme de son existence » conclut Petri. Sa phrase d’ailleurs la plus vraie et la plus copiée : L’essentiel est invisible pour les yeux.

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