De tous les labels musicaux entendus au fil des années, chillwave est celui qui a toujours été le plus embarrassant à prononcer à voix haute. La dérive artistique de ses principaux représentants n’a pas beaucoup aidé. C’était une sorte de pop rétro, avec un caractère chill et estival marqué, qui remplissait d’ailleurs plus de blogs que de vrais bars de plage vers 2010. Depuis la pandémie, il y a un certain type de musique qui semble ne plus avoir de sens : les gens ont montré plus d’envie. pour la réalité et l’immédiateté, plutôt que pour la fantaisie et l’abstraction.

Dans l’ensemble, « Within and Without » est un album dont tout indépendant trentenaire se souviendra avec une certaine estime, et Washed Out est toujours actif. Cet été – quand d’autre fois –, il a sorti un nouvel opus intitulé « Notes from a Quiet Life ».

Fidèle à son titre et à lui-même, l’album offre une réalité parallèle calme dans laquelle, avec tout le calme du monde, Ernest Greene se prépare littéralement à « se réveiller » ou à « dire au revoir » avec des paroles aussi directes que simples. « Ouvrez les yeux et laissez-le entrer / parce que la vie passe si vite », dit « Wondrous Life ».

En 2021, Washed Out décide de quitter Atlanta pour retourner dans la campagne qu’il a connue étant enfant. Il a appelé l’ancienne ferme équestre dans laquelle il a déménagé à « Endymion » et à partir de là, il a créé cette œuvre, qu’il a pour la première fois décidé d’auto-produire entièrement seul. Ainsi, ces 10 chansons se déroulent aussi familières que quelque peu monotones, avec quelques petites surprises, comme la référence au « Sorry » de Justin Bieber (ou à White Hinterland) de « Got Your Back ».

Parmi les morceaux qui sortent un peu du ton général, les voix façon UK Garage de ‘Wait On You’ et surtout les synthétiseurs enjoués du single ‘The Hardest Part’. De la douleur de ne pouvoir retrouver quelqu’un que l’on a perdu (« Je t’ai vu avec lui hier soir / tu es passé par là, bras dessus bras dessous »), Washed Out compose en fait une chanson qui ne sonne pas très jalouse et possessive, mais plutôt conforme et même brillant. Comme s’il utilisait la musique pour traverser les mauvais moments.

Moins réussi dans le drame intense de ‘Second Sight’, une approche du son de Bon Iver quand il est le plus à l’aise lorsqu’il imite Beck, ‘Notes from a Quiet Life’ dit au revoir avec une jolie fin semi-épique, celle de ‘Letting Aller’. Suffisant pour que cet album nous accompagne pour le reste de l’été ? Ou plutôt une métaphore d’un style qu’il faut « lâcher prise » ?



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