De sombres nuages ​​pèsent sur le secteur de la construction : « Nous nous attendons à une baisse du chiffre d’affaires d’environ 35 pour cent »

Des taux d’intérêt plus élevés, des matériaux de construction plus chers et l’incertitude sur le taux de TVA font hésiter les (re)constructeurs. Et c’est ce qu’ils ressentent dans le secteur de la construction.

Dieter De Cleene

«Nous envisageons une baisse du chiffre d’affaires d’environ 35 pour cent», déclare un entrepreneur spécialisé dans les nouvelles constructions qui ne veut pas que son nom soit publié dans le journal. « Les gens attendent, et cela se reflète dans le nombre de commandes. C’est une question de survie pour le moment.

Les prix nettement plus élevés de la construction et de la rénovation se font sentir dans le secteur de la construction. Selon Embuild, l’ancienne Confédération de la construction, le secteur est donc dans une situation désespérée. Une enquête menée auprès de plus de 420 entreprises de construction montre que plus de la moitié sont aux prises avec des carnets de commandes moins bien remplis. Plus de 60 pour cent des entreprises spécialisées dans la construction neuve s’attendent à ce que 2024 soit encore pire.

Les nuages ​​sombres au-dessus du secteur sont également visibles dans les chiffres des faillites : 1.605 entreprises de construction ont fait faillite au cours des neuf premiers mois de cette année. C’est 8,3 pour cent de plus qu’à la même période l’année dernière, selon les chiffres du bureau d’information commerciale GraydonCreditsafe. «Il est particulièrement problématique que la croissance nette des entreprises de construction soit en chute libre depuis deux ans», déclare Niko Demeester, PDG d’Embuild. « Au cours des six premiers mois de cette année, seules 819 entreprises de construction ont été ajoutées. C’est 1 000 de moins qu’au premier semestre 2022 et environ 3 500 de moins qu’au cours des six premiers mois de 2021. Cela montre clairement que la construction traverse une période difficile.»

Le Syndicat de la construction, qui regroupe principalement des petites et moyennes entreprises de construction, souligne que seuls 18 931 nouveaux logements ont obtenu une autorisation au cours des six premiers mois de 2023. « C’est moins de 20 000 pour la première fois depuis six ans », précise le directeur général Jean-Pierre Waeytens. « Nos membres signalent depuis un certain temps que la construction de maisons familiales est en baisse. La demande de rénovations totales est également en baisse. Nous sommes dans une spirale descendante qui semble difficile à briser. »

Avec le Baromètre de la Construction, la Bouwunie mesure quatre fois par an le climat dans le secteur de la construction. «La tendance est que les carnets de commandes sont moins remplis à long terme», explique Waeytens. « Certaines entreprises doivent déjà licencier parce qu’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde. »

Selon les secteurs, une combinaison de facteurs fait que les gens sont moins enclins à construire ou à rénover. Par exemple, le taux d’intérêt des prêts hypothécaires est actuellement d’environ 3,5 pour cent, alors qu’en 2021 il était encore de 1,25 pour cent. «Nous constatons que de nombreuses personnes ont des difficultés à obtenir un prêt en raison de la hausse des taux d’intérêt», déclare Isabel Lapeirre de Lapeirre Woningbouw. « Ce qui était réalisable auparavant ne l’est souvent plus aujourd’hui. »

Les chiffres de la Banque nationale montrent qu’environ 143 000 prêts hypothécaires ont été contractés au premier semestre 2023. Ce sont respectivement 39 et 52 % de moins qu’en 2022 et 2021. « En outre, le nombre de prêts demandés pour de nouveaux projets de construction et pour l’achat et la rénovation au premier semestre de cette année était inférieur de plus de moitié à celui de 2021.  » déclare John Romain d’Immotheker. « Un déclin dramatique. »

Même si Lapeirre constate peu à peu un changement. « Les gens qui étaient dissuadés par la hausse des taux d’intérêt se rendent compte qu’une baisse n’est pas imminente. » Une analyse que partage Romain : « Malheureusement, la hausse des taux ne semble pas encore terminée. Si vous voulez et pouvez acheter une maison, il vaut mieux le faire maintenant.

Taux de TVA réduit

Un deuxième facteur qui fait réfléchir les (re)constructeurs est la hausse des prix des matériaux de construction. «Ceux-ci sont en moyenne 20 à 30 pour cent plus élevés qu’avant la crise du coronavirus», explique l’entrepreneur général Patrick Bruggeman de Home Touch. « Les prix se sont désormais stabilisés, mais ne semblent pas susceptibles de baisser à nouveau immédiatement. Cela ronge le pouvoir d’achat. Normalement, notre carnet de commandes est complet jusqu’à huit mois à l’avance, maintenant il est de trois à quatre mois.

Enfin, l’incertitude sur le taux de TVA sur la démolition et la reconstruction suscite des doutes chez les candidats constructeurs. Début 2021, le gouvernement fédéral a réduit le taux de TVA pour la démolition et la reconstruction de 21 à 6 pour cent. Cette mesure temporaire expirera normalement à la fin de cette année, à l’exception de 32 villes où un taux de TVA inférieur s’appliquait auparavant. Les partis de Vivaldi ne sont pas encore parvenus à se mettre d’accord sur une prolongation de la mesure.

« Ceux qui envisagent maintenant de démolir et de reconstruire reportent la décision jusqu’à ce que le coût du projet soit plus clair », explique Lapeirre. « On remarque que l’incertitude pèse sur les gens. »

Pour relancer les activités, le secteur réclame une baisse permanente du taux de TVA sur les démolition et reconstruction. «Nous demandons que ces mesures soient définitivement ancrées lors des discussions sur le budget fédéral», déclare Demeester. « Ce n’est pas seulement bon pour le secteur, cela nous aide également à atteindre les objectifs climatiques. »

Le secteur a connu des années exceptionnellement bonnes. Les choses s’annoncent également plutôt roses à long terme, puisque toutes nos maisons doivent atteindre la classe énergétique A d’ici 2050, alors qu’actuellement moins de 5 % répondent à cette norme. Dans quelle mesure le déclin actuel est-il dramatique ? «La crise du coronavirus a fait le jeu du secteur et l’avenir s’annonce également prometteur», déclare Demeester. « Mais à court terme, un cocktail explosif menace de paralyser le secteur. »



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