De l’ours Bati à la bête Effenberg. Antognoni et sa Florence : "Ceux non à la Juve et à la Roma"

L’inconvénient d’être un homme gentil avec une forte histoire derrière lui est qu’ils vous maltraitent ensuite. Je l’abuse absolument, Giancarlo Antognoni. Je le cloue pendant une heure et demie avec des questions plausibles et absurdes, sachant pertinemment que la beauté sort souvent de l’absurde. « Il m’a gardé pendant une heure et demie, comme si j’étais Belen… » dit-il, à moitié épuisé et content, à ses amis, déjà prêts à attaquer sous n’importe quel prétexte pour le libérer des griffes du  » agresseur ». Il m’attend devant le café convenu, à deux pas de Coverciano, sa cachette florentine. Élégant dans son chameau Montgomery, le visage qui au fil du temps est devenu un fascinant cratère de rides, de sillons et de fossettes. Nous rencontrons Furio, le fils de Ferruccio Valcareggi et les autres amis du bar, des dizaines d’histoires et de visages que chaque histoire et chaque visage peut nous raconter une histoire de Jack London. Pour moi, Antognoni est meilleur que Belen, non seulement parce qu’il frappe le ballon à pleine tête et quand il frappe, il regarde les étoiles. Je comprends définitivement qu’il est meilleur que Belen quand je le vois courir après les deux grands-parents assis à la table voisine jusqu’à une minute plus tôt pour leur rapporter l’enveloppe qu’ils avaient oubliée. Bref, la classe humaine, au seuil de la soixantaine, n’a pas perdu de son éclat. Cela correspond à celui du footballeur de vingt ans. Sans oublier la disponibilité pour des questions, des photos, des autographes. Souriant et docile. Tout le monde l’appelle « Capitaine », lui à Florence comme Totti à Rome.



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