De Croo entre dans la campagne électorale à l’opposé de la N-VA : le Premier ministre se présente dans un livre comme un homme politique optimiste et pro-belge


Le Premier ministre De Croo devrait être reconnaissant envers Theo Francken (N-VA). Les critiques sévères, en partie fondées sur des contrevérités, à l’égard de la visite de De Croo en Israël, avec lesquelles le député N-VA s’est adressé aux médias israéliens, ont donné au Premier ministre une excellente occasion de faire valoir son point de vue sur la politique de destruction contre laquelle il était également opposé. … son nouveau livre. « C’est sûrement le dernier moment pour s’engager dans une politique intérieure plate », a déclaré De Croo lors du lancement de son livre. « Les gens ne se reconnaissent pas dans ce spectacle. » Il a dénoncé le « débat politique pour le gain électoral sur le dos de dizaines de milliers de victimes ».

Mais l’émeute a été utile, juste au moment où De Croo a un message à vendre qui va dans le même sens. Dans Pourquoi le meilleur reste à venir il s’oppose au « flux constant d’apitoiement négatif sur soi ». De Croo ne mentionne pas nommément le président de la N-VA, Bart De Wever, mais il est clair que son analyse sévère de l’échec actuel de la Belgique vise à dénigrer le pays. Le nationalisme est mal perçu dans le livre de De Croos. Cela provoque du « désordre ». Comme le montre le Brexit au Royaume-Uni, mais le Premier ministre mentionne également la Catalogne, où des milliers d’entreprises sont sorties de l’incertitude après « l’expérience séparatiste ». Conclusion : « Les nationalistes romantiques, avec leurs illusions conservatrices, menacent de nous appauvrir. »

Il est clair qu’avec cette position, De Croo tente de se repositionner et de se lancer, lui et son parti, dans la campagne électorale. Le Premier ministre tente de se présenter dans la bataille électorale aux antipodes de la N-VA (et aussi du VB), avec une histoire résolument pro-belge. À la « prospérité flamande » de De Wever s’oppose la prospérité belge et européenne, moins limitée par les frontières. Une série d’histoires de récents succès innovants belges devraient souligner ce message : « La Belgique fonctionne particulièrement bien dans de nombreux domaines ».

Le Premier ministre a également raconté cette histoire lors d’une tournée dans les grandes et moyennes entreprises du pays. Il n’est pas aveugle aux défauts du pays ou de son propre gouvernement, même s’il est beaucoup plus dur sur la réforme réticente du marché du travail (aux mains du PS) que sur la politique budgétaire (sous la direction d’Open Vld). Le ton est toujours que tout ira bien. À moins que de longues négociations sur une nouvelle réforme de l’État après 2024 ne s’y opposent. L’immobilisme dû à de tels blocages a déjà coûté des milliards au pays, estime De Croo. Il oublie de mentionner que, sous ses traits de jeune chef de parti, il a plongé le pays dans le chaos politique en mettant fin au gouvernement Leterme en 2010.

Alexander De Croo revient néanmoins sur la stratégie de la crise du coronavirus, à laquelle le livre accorde une place prépondérante. Il s’agit d’un retour communicatif à « l’équipe des 11 millions ». Le chef du gouvernement a été ridiculisé à cette époque, mais c’est aussi la période au cours de laquelle le Premier ministre a mené les sondages de popularité. Il n’est pas surprenant que, en tant que capitaine de fait, il dirige désormais le bateau libéral dans une direction qui était encore électoralement prometteuse il y a quelques années. Reste à savoir si ce sera le cas. La prochaine présidence de l’UE offre au Premier ministre une visibilité et des opportunités pour montrer que la Belgique peut travailler.

Avec Mark Rutte et Georges-Louis Bouchez.Image Photo Actualités

De Croo relie également certaines propositions institutionnelles à sa perspective belge. Son plaidoyer en faveur d’une re-fédéralisation de la politique industrielle est certainement remarquable. Selon le raisonnement, les décideurs internationaux ne peuvent pas comprendre la politique budgétaire et socio-économique belge fragmentée, ce qui ralentit les investissements. Le Premier ministre soutient également l’idée d’une circonscription électorale fédérale pour les plus hauts responsables politiques de chaque parti et même d’une élection directe du Premier ministre. Surtout, c’est un bon exemple de la façon dont les hommes politiques tentent toujours de contourner les règles électorales à leur propre avantage.

La présentation du livre, en présence de « l’ami » Mark Rutte, dont le VVD vient d’être coupé aux Pays-Bas, a réussi à dissiper l’atmosphère de crise qui régnait à Open Vld lui-même. Ce livre marque le véritable début de la campagne électorale du parti, comme en témoigne la présence de tous les libéraux qui ont encore quelque chose à apporter. Dans le livre, De Croo revient brièvement sur l’été 2023 (avec le départ du président Egbert Lachaert après la démission de la secrétaire d’État Eva De Bleeker). Ce fut « personnellement la période la plus difficile que j’ai traversée en tant que politicien », écrit-il. Il ne se reconnaît pas dans l’image machiavélique qu’on donne de lui, dit le Premier ministre. Ce passage humain rapproche involontairement Alexander De Croo de Theo Francken. Le fait qu’ils ne soient qu’humains après tout est leur défense unanime de ce qui n’a pas fonctionné auparavant.

Pourquoi le meilleur reste à venirAlexander De Croo, Pelckmans, 237 p., 22 euros.



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