D’Artemisia Gentileschi à Alma Mahler en passant par les filles iraniennes, voici les figures féminines qui ont inspiré Serena Dandini. Dans la vie et pour un livre


ETvoici une flopée de dames qui se sont retrouvées dans le rôle de muses. Certains chevauchaient le tigre avec une aisance habile, d’autres en furent détruits. Serena Dandini dans son livre La revanche des muses (HarperCollins) rend hommage aux femmes de différentes époquesconsciemment ou inconsciemment, a assumé le rôle autrefois réservé aux déesses, mais souvent oublié.

Kurt Cobain aurait 50 ans : la dernière représentation en Italie était celle de Serena Dandini

Des talents parfois étouffés, parfois brillants, la plupart du temps trop en avance sur leur temps. Qu’elles soient exaltées ou dénigrées, les muses terrestres ont toujours eu affaire à leurs contemporaines, notamment masculines, prêtes à les reléguer dans des rôles subalternes ou à s’approprier leurs idées. En arrière-plan, même s’il n’apparaît pas dans le volume, Virginia Woolf plane en divinité tutélairequi nous a appris à toujours compter uniquement sur nos capacités.

Serena Dandini et ses muses trop souvent oubliées

Comment est née l’idée de ce livre ?
«Je voulais mettre en lumière les histoires de femmes qui ont accompli des choses extraordinaires dans des temps plus difficiles que les nôtres».

Comment avez-vous choisi vos muses ?
« Choix difficile. J’ai inclus ceux qui ont eu de la valeur pour moi et qui peuvent également avoir de la valeur pour le lecteur. Des muses qui peuvent nous surprendre. Y compris les mauvais professeurs. Tout ce qui brille n’est pas or. Marianne Faithfull, par exemple, a payé un prix très élevé. Pour moi, adolescente, elle était un phare, en plus d’être la petite amie de Mick Jagger. C’est une histoire de résurrection. »

A-t-il toujours le bouton de rose lancé aux fans par Mick Jagger ?
«Je l’ai gardé dans mon journal vieux de douze ans pendant des décennies. Peut-être qu’après avoir entendu parler de Marianne, je l’ai mélangé. »

Muses tragiques et muses magistrales.
« Qui d’entre nous n’est pas tombé dans une histoire toxique ? Deux exemples : le sculpteur Camille Claudel, élève et amante d’Auguste Rodin, et la photographe Dora Maar avec Picasso. D’autres, comme Alma Mahler (plus tard Werfel et bien d’autres), épouse du grand compositeur, ou Gala, compagne de Salvador Dalí, ont su être de véritables maîtres du « musisme », équilibrant sans scrupules et ambition. Les muses nous apprennent à aller à l’encontre des règles, à nous libérer de la culpabilité. Ils nous montrent les chemins à suivre et ceux à éviter. »

L’autonomie qui éteint la violence

«Oui, avec Artemisia Gentileschi. Artiste capable d’une révolution folle : devenir sa propre entrepreneure à une époque où les femmes étaient à peine autorisées à peindre. Elle a atteint ce que j’appelle le « Saint Graal » du vrai féminisme. Soutenez-vous et soyez reconnu comme faisant autorité.

Les photos attisent votre curiosité ?
«J’ai été attiré par la photo d’Eve Babitz, prise par Julian Wasser en 1963, jouant nue aux échecs avec Marcel Duchamp. «J’étais en surpoids, je me trouvais moche, mais j’étais quand même belle», raconte Eve, 20 ans. Un circuit court pour nous, les dix-huit ans, qui ne nous sentions jamais à la hauteur. »

Selon Eve, les femmes d’aujourd’hui sont moins libres qu’à son époque.
« Oui. L’insouciance, l’audace, la liberté de ne pas se soucier du jugement des autres ont été perdues. Le professeur en la matière était l’écrivaine Colette, à l’opposé du politiquement correct, inégalée pour briser les tabous. Chez Chéri même celui de l’amour entre une femme mûre et un jeune homme. »

Une muse inattendue ?
« Catherine Dior, sœur et muse de Christian Dior, qui lui a dédié le parfum Miss Dior, riche de toutes les essences florales. Je le considérais comme un parfum bourgeois. En tant que fille, je préférais le patchouli et je voulais aller en Inde. Mais l’histoire de Catherine est tout sauf bourgeoise. »

Marianne Faithfull, chanteuse et actrice, ancienne petite amie de Mick Jagger, était pour Dandini un phare, un symbole de résurrection.

Des femmes scientifiques privées de leurs découvertes

Les dames de la science ne pouvaient pas manquer.
«Un monde de protagonistes indomptables, souvent privés de la « maternité » de leurs découvertes. Comme Sophie Germain – muse involontaire, mais véritable mythe – mathématicienne française du XVIIIe siècle, découvreuse des nombres premiers. Ada Lovelace, fille du poète Lord Byron, le premier programmeur informatique. Ou Nettie Stevens, généticienne et microbiologiste, qui identifie les chromosomes masculins XY et féminins XX. Et qu’en est-il de Hedy Lamarr, la plus belle star et brillante inventrice d’Hollywood ? De nos jours, contre tous les stéréotypes, la voix d’Amalia Ercoli-Finzi, ingénieure aérospatiale, surnommée la « Dame des Comètes », s’élève. Elle est la muse qui brille par son engagement en faveur de l’autonomisation des femmes.

Les femmes et la liberté.
«C’est l’image de Marianne qui, dans le tableau d’Eugène Delacroix, galope les seins au vent contre le tyran. Une image qui suscite des jugements cinglants et sexistes. Et puis Anita Garibaldi, la partisane Francesca Del Rio, jusqu’aux filles et femmes iraniennes, dont je voulais me souvenir. »

Nous pouvons les considérer comme les mères de la patrie.
« Mères de la Patrie » est le thème de son Festival du patrimoine des femmes, qui vient de se terminer. À commencer par Anne-Marie-Louise de Médicis, qui avait légué à Florence l’ensemble des collections Médicis, empêchant ainsi leur dispersion. Pendant le festival nous avons rappelé les 21 députés (sur 556 députés) qui ont participé à l’élaboration de notre Constitution et nous avons fait une revue des lois existantes qui concernent les femmes, jusqu’à celles qui n’existent pas encore. Avec un déluge d’événements et d’invités. »

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