Dans ‘Querrel’ l’irritation est portée à la tête


Tout commence si agréablement. Au milieu de la grande salle de la Verkadefabriek se trouve une scène tournante divisée en trois parties égales, séparées par un mur et une porte. Nous ne voyons pas encore les joueurs, mais nous les entendons discuter de leur enthousiasme à l’idée de jouer la performance plus tard et de leur chance les uns avec les autres. La politesse dure si longtemps qu’on réfléchit un instant : hé, cette performance s’appelle dispute? Le réalisateur Jetse Batelaan aurait-il pu délibérément créer une performance sans conflit – uniquement pour tromper son public ?

S’il y a bien un créateur de théâtre capable de faire ça, ce serait Batelaan. Le réalisateur excelle à élever le banal au rang d’art. Il fait durer les situations quotidiennes si longtemps que vous commencez à les regarder avec des yeux différents. Le début de la représentation Comment les gens formidables sont partis et ce qui s’est passé ensuite offrait auparavant quarante-cinq minutes d’ennui mortel, de sorte qu’en tant que public, vous éprouvez réellement de l’euphorie lorsque ces adultes sont finalement écorchés. Le titre de sa Spectacle dans lequel, espérons-le, rien ne se passe parle pour lui-même.

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Longue série d’irritations

C’est précisément pourquoi il fait une performance avec le titre dispute de sa main immédiatement curieux. Après l’ouverture sympathique, les choses déraillent immédiatement lorsque les acteurs deviennent visibles : l’un d’eux s’avère avoir en fait acheté les « muffins maison » qu’il avait apportés pour les autres, ce qui provoque l’indignation des autres. C’est le début d’une série d’irritations et d’affrontements, qui continuent de s’envenimer et de s’aggraver.

Le décor tournant de Marloes van der Hoek et Wikke van Houwelingen joue un rôle important. Au fur et à mesure que les disputes s’aggravent, de plus en plus de meubles apparaissent dans les pièces comme l’équivalent physique de l’agitation mentale des personnages. Dans une scène brillante, ils s’affrontent sur la façon d’accrocher les robes de l’autre, et chaque joueur crie à travers la porte à l’un des autres, formant un cercle d’irritation relayée. Plus tard, les murs se déplacent, rendant les espaces inégaux, ce qui renforce encore l’idée que se disputer, c’est en fait toujours se battre pour l’espace (physique, émotionnel ou social).

Finalement, les joueurs regrettent et essaient de se racheter, mais cela aussi se passe en cercle : chacun s’excuse auprès de l’un, mais aussi le rejette de l’autre. Lorsqu’il s’avère qu’ils ne peuvent plus se joindre, tout le plateau s’effondre, belle représentation des ruines d’une société déchirée par la polarisation.

Ce n’est qu’en perçant littéralement un trou dans le mur que la querelle peut être résolue. Mais le monde que les joueurs laissent derrière eux reste dévasté.

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