Dans les dessins du XVIIe siècle, vous avez appris à représenter habilement un « caca » ou une cigogne


Les dessins étaient la capitale du peintre du XVIIe siècle. Des pages élaborées, parfois colorées, pouvaient être vendues à des collectionneurs. Mais surtout un artiste se constitue un réservoir d’impressions, de figures, de motifs ou de paysages en réalisant des dessins. Ils étaient conservés en atelier pour être utilisés tôt ou tard dans des compositions peintes. Et les dessins, bien sûr, servaient aussi à apprendre et à pratiquer.

Les collections modernes de dessins reflètent souvent ces différentes fonctions. C’est certainement le cas de la collection de dessins hollandais et flamands que le couple américain Sheldon et Leena Peck a fait don en 2016 à l’Ackland Art Museum dans l’État américain de Caroline du Nord. La maison Rembrandt présente une belle sélection de plus de soixante-dix feuilles, dont des œuvres de Jacob van Ruisdael et Jan van Goyen et quatre de Rembrandt.

Les sections thématiques illustrent la variété des types et des genres. Les paysages comprennent des représentations d’arbres individuels, mais aussi des visages étudiés en détail dans des endroits reconnaissables. Esaias van de Velde a dessiné un paysage fluvial vallonné à l’encre brune, avec un berger et un petit homme accroupi au premier plan à gauche, conformément à une longue tradition de « kakkers » dans la gravure et le dessin hollandais. Une vue magistrale d’un plan d’eau avec deux bateaux, exécutée par Rembrandt à la plume de roseau, sur fond d’arbres et de bâtiments à l’horizon, à la fois flous et précis au pinceau.

Pour maîtriser l’anatomie humaine, les peintres ont réalisé des études de nu. Une telle feuille avec un modèle masculin en grande partie nu et debout de l’étudiant de Rembrandt Samuel van Hoogstraten conduit à des spéculations sur le lieu où le dessin a été réalisé (dans l’atelier de la maison de Rembrandt qui est maintenant le musée ?) et l’identité du jeune homme qui pose qui aurait pu être un camarade de classe (Barent Fabritius ?). Une scène originale et inattendue a été captée par Cornelis Saftleven, qui a pris de la hauteur pour dessiner un couple de pigeons sur une cheminée et, plus loin, un nid de cigognes sur le toit d’une église.

La signature de Jack

Présentés sans emphase, mais au moins aussi intéressants et décrits en détail par Robert Fucci dans le catalogue, sont des sujets qui thématisent l’art lui-même. Jan de Bisschop, par exemple, a dessiné un ancien guerrier sur un cheval cabré, avec des effets clairs-obscurs saisissants : le dessin a été réalisé d’après une statuette en bronze du sculpteur de la Renaissance Willem van Tetrode.

Jacques de Gheyn II (vers 1605-10), jeune homme écrivant à une table (fils de l’artiste).
La collection Peck / Maison de Rembrandt

Jacques de Gheyn II a fait le portrait de son fils qui s’appelait aussi Jacques et qui est également devenu artiste. Le garçon regarde pensivement sa feuille de dessin, qui est encore presque vide. Il est tentant de relier les propos tenus par Constantijn Huygens à propos du talentueux, mais « paresseux et gâté » Jacques junior au fait qu’il a déjà signé la feuille blanche.

Une tête d’homme vive coiffée d’un bonnet aux plumes élégantes a été placée paradoxalement par Jacob Matham sur le piédestal d’un buste. Le dessinateur semble vouloir démentir l’opinion du XVIIe siècle selon laquelle l’artiste qui étudie trop la sculpture antique a maîtrisé la raideur du marbre.



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